Benjamin Hoffman, un homme d'affaires, a soif d'amour. Ayant appris que l'ami de l'une des secrétaires qui travaille dans le pool des sténographes de son entreprise est mêlé à des affaires douteuses, il décide d'exercer un petit chantage sur la jeune femme. Sous la menace de tout compromettre définitivement l'avenir du jeune homme, il contraint Janet Smith à passer toute une semaine dans son appartement.

Davantage une curiosité qu’une réussite, mais une curiosité qui mérite le détour. Signé du canadien Alvin Rakoff, dont à postériori le principal – et unique – titre de gloire semble être son efficace Bateau de la mort, Hoffman se présente plus ou moins comme une version romantique du Collector de William Wyler. Un concept pas banal donc, qui suscite d’emblée l’intérêt du spectateur (et plus encore lorsqu’on attaque le film sans rien savoir de son intrigue), avec un personnage central sortant de l’ordinaire, célibataire divorcé outrancièrement misogyne et tout de même un rien sadique, que le jeu par moment curieusement décalé de Peter Sellers rend encore plus étrange.
Dire du film qu’il fonctionne parfaitement serait mensonger. On ne cerne finalement jamais vraiment ce Monsieur Hoffman, certaines réactions du personnage interprété par la ravissante Sinead Cusack (future madame Jeremy Irons à la ville il me semble) sont également un peu dures à avaler comme plus généralement le glissement progressif du film vers une sorte de psychodrame romantique par moment trop littéraire pour ne pas paraître un rien prétentieux. Quant à la conclusion, elle laisse plutôt sceptique et s’avère pour le moins étonnamment éloignée des revendications féministes de son temps. Une curieuse et omniprésente misogynie imprègne d’ailleurs l’ensemble, à travers bien évidemment ses situations les plus embarrassantes et répliques les plus crues (le perso de Sellers en ayant 2, 3 bien corsées à l’égard de la gente féminine). Mais aussi jusque dans certaines de ses images, comme sur ce plan insistant de Sinead Cusack prenant presque la pose sous des quartiers de viande dans un supermarché.
Un film étonnant donc, au message et intentions ambigües, mais qui vaut indubitablement le coup d’œil, d’autant qu’à côté de son drôle de sujet il bénéficie également du capital séduction instantané que possèdent tous ces films tournés à Londres vers la fin des années 60. Avec en prime ici un excellent score de Ron Grainer incluant même une chanson de Matt Monroe sur le générique de début. La classe, quoi … Le film est diffusé en ce moment en VOST sur TCM, qui semble avoir fait main basse sur tout un stock de films anglais de cette période.