Après la fascinante barbarie non simulée de Pig, un petit repos pour ce diablotin d'Eric avec une diablerie justement:
En ce milieu d'années 70, deux thèmes sont alors fréquents dans le monde de l'horreur: celui des exorcismes suite au soporifique film de Friedkin et celui des bébés monstrueux après celui de Larry Cohen. L'anglais Peter Sasdy les regroupa et accoucha de I don't want to be born plus connu sous nos cieux sous le titre Evil baby.
Lucy vient d'accoucher. Très vite, elle s'aperçoit que son bébé particulièrement enclin à mordre grandit plus vite que la normale. Plus inquiètant est la brutalité dont il fait preuve à quiconque l'approche, ceux ci étant tous très vite tués par l'innocente main. C'est alors que en vient à penser que son chérubin est possédé par le Mal, une malédiction que lui aurait jeté le nain dont elle a refusé les avances pour mieux se donner à un coureur de jupons puis se marier à un bel italien...
Beau scénario sur papier mais qui à l'écran devient non seulement ridicule mais surtout fort ennuyant. De Sasdy il ne fallait guère attendre de miracle mais ici il gâche litteralement un joli scénario qui en fin de compte aurait pu être un réel petit bijou du film de possession aux limites parfois du malsain.
Filmé sans aucune imagination, le film distille un ennui qui n'a d'égal que l'absurdité des situations et l'incohérence de l'ensemble. Si on nous présente le bébé comme monstrueusement grand, on ne voit pourtant à l'écran qu'un simple bébé des plus normaux. On a donc du mal à croire que cet ange puisse sortir de son berceau, briser une vitre et partir tuer, armé d'une pelle ou de tout autre arme blanche.
Si à aucun moment Sasdy ne montre son chérubin en pleine action, choisissant de préference la camera suggestive, cela devient bien vite frustrant d'autant plus qu'il ne se passe pas grand chose. C'est alors la douce somnolence qui s'empare du spectateur.
Ce total manque de suspens et surtout de peur est à lui seul une épreuve mais c'est sans compter les dialogues ridicules et la transparence des personnages dont on se moque éperdumment.
Il y avait pourtant de quoi faire ne serait ce que d'exploiter cette base de scénario qu'était la relation triolique de cette ex-strip-teaseuse de cabaret, de ce nain lubrique apparemment fervent adepte de sorcellerie et du directeur du cabaret coureur de jupons. Mais Sasdy ne prend pas même la peine de developper la séquence où le nain maudit envoute notre strip-teaseuse, laissant de coté tout le potentiel d'une telle trame à l'état d'embryon.
On oubliera la niaiserie des seconds roles dont celui de Donald Pleasance en pauvre docteur débitant quelques aneries mais la palme du ridicule revient à la Munro qui trouve là son rôle le plus hilarant et.. surtout inutile, celui de la meilleure amie de l'heroine, sorte de potiche godiche dont on se demande encore aujourd'hui le pourquoi de la présence... la VF l'ayant en outre affublé de la pire voix de cruche qu'on puisse imaginer!!
Si toutes les scènes de soi-disante terreur tombent totalement à l'eau, on retiendra uniquement le final, qui se veut "effroyablement" onirique, l'heroine se voyant poursuivie par son bébé qui a pris l'apparence du nain, découvrant tous les cadavres que ce dernier a amassé derrière lui avant qu'elle ne soit réellement assassinée par cette entité. Un rien psychédélique, on a l'espace d'un instant l'impression de voir enfin un film d'horreur un peu comme si Sasdy s'était économisé pour ces deux minutes auxquelles s'ajoute la décapitation assez réussie de Pleasance..
Subsiste aussi l'exorcisme final du bébé par une nonne, belle-soeur de notre héroine qui ne fera peur à aucun diablotin, quelques secousses de berceau, quelques prières et tremblement entre deux cris du bébé auquel se melent les images du nain agonisant sur scène, perdant toutes ses hypothétiques pouvoirs et tout rentrera dans l'ordre. On retiendra tout de même cette trés furtive image du bébé projeté hors du lit.. Un régal de barbarie enfantine qu'on aurait tant désiré plus explicite.. mais on est très loin de la jouissive séquence de Nero Veneziano où le bébé était projeté telle une balle contre un mur et cloué avec moultes détails excitant.
Plutot assez laid dans sa photographie, I don't want to be born risque donc de fortement décevoir l'amateur de film de possession mais il donnera l'occasion de revoir aux cotés de la Munro et Donald Pleasance, notre Joan Collins chérie, alors jeune starlette qui écumait les petites séries B anglaises et américaines, jouant sans conviction cette mère affolée mais certains apprécieront le plan fugitif de Joan nue.
Ralph Bates a bien du mal à nous convaincre qu'il est italien mais Ralph a toujours eu du mal à nous convaincre de façon générale et ce n'est pas son rôle de mari crédule qui changera la donne. On notera l'apparition de John Steiner dans la peau du coureur de jupons, toujours aussi cynique.
Reste le meilleur comédien du film, le bébé et ses yeux noirs charbon qui à aucun moment ne sourit ou gazouille mais passe tout le film à fusiller du regard tous ceux qui le regardent. Un exploit! Peut être exprimait t'il là son mecontement d'apparaitre dans un tel monument d'ennui!
Le corbeau qui deteste les bébés!
