
Spécialiste de la comédie dramatique acide, à l'humour souvent décapant, Campanile signait là un des films les plus originaux d'alors devenu depuis un classique du cinéma transalpin cachant derrière son titre aussi curieux que racoleur une vision sarcastique des rapports entre l'homme et la femme dans notre société, vision qu'il livre sous forme d'une de ses comedies à l'italienne dont il a le secret.
Ce thème Campanile l'aborda souvent dans sa carrière mais c'est de façon fort originale qu'il le faisait cette fois en nous renvoyant aux sources originelles de la Création, à l'aube des temps puisque nos héros ne sont autre qu'une tribu d'hommes préhistoriques qu'on pourra voir comme des Adams face à une Eve bien esseulée.
Le tribu d'Ulli vit paisiblement au fil du temps, insouciants, au gré de leurs chamailleries et de leurs jeux tous plus idiots les uns que les autres, découvrant les secrets de la vie au quotidien dans un environnement enchanteurs fait de bord de mer, palmeraies et autres déserts baignant de soleil.
Un jour, ils découvrent une étrange créature: une femelle



C'est alors qu'Ulli découvre qu'elle peut non seilement parler mais qu'elle est en tout point semblable à l'homme. Mieux, Filli, tel est le nom de la cette femelle, lui apprend les joies du sexe et le plaisirs de sentiments

Désirant la garder pour lui seul, Ulli garde le secret jusqu'au jour où ses compagnons le surprennent. Filli deviendra dès lors un animal de jeu pour toute la tribu, tous frétillants de s'adonner aux plaisirs du sexe. Jalousie, discorde, haine, violence, vont éclater menant au drame: Filli sera cuite et dévorée, sa queue comme unique souvenir, servant de chasse-mouches...

Le message est clair. Sans la femme, l'Homme serait paisible. Elle n'est que source de tension et de discorde, d'ennui et de mésentante. La femelle n'est là que pour assouvir les envies de l'Homme dominant, un animal de compagnie et de jeux dont on se sert puis oublie une fois satisfaction donnée. C'est la suprêmatie de l'Homme sur la femme et ce depuis l'aube des temps, poussé ici à son plus extrême comique. Cette queue qui frétille et se raidit

Quand Filli se met à parler, prouvant ainsi son intelligence puis se rebelle revendiquant son droit d'être traitée comme un homme, c'est l'eternel combat de l'égalité des sexes que Campanile aborde ici, combat bien improbable.
Mais c'est aussi une autre facette de l'être humain qui voit le jour, la naissance des sentiments et de la tendresse entre deux êtres, la découverte de l'amour aussi et de la douleur, des premières larmes lors de la perte d'un être cher, ici lorsque Filli est supposée avoir été dévorée. Plus de femme, plus d'ennui!

C'est l'apprentissage de la séduction et de son jeu particulièrement drôle cette fois, Campanile assimilant nos héros hirsutes à des paons faisant la roue afin que Filli succombe à l'un d'eux mais à l'artifice c'est le naturel que preferera la jeune femme, plus attirée par la simplicité et les muscles que les fanfaronneries de nos camarades.
Si tout se terminera bien, le renversement de situation final nous plonge dans le plus total des cynismes. Si Filli, débarrassée de sa queue donc libre et libérée, coulera des jours heureux avec Ulli, le reste de la tribu sera fait prisonnier par une horde de harpies, hirsutes et obéses, bourreletées et déchainées, qui se serviront de nos hommes comme compagnons de sexe et de jeux.. ce qui en fait n'est point fait pour leur déplaire. Bien au contraire! Le mâle dans toute sa splendeur.


Jamais vulgaire ni grasse ou lourde, Quand les femmes avaient une queue est d'une légèreté étonnante, aussi onctueuse et délicieuse qu'une mousse, l'ensemble habilement maitrisé. Il aurait été simple de vite tomber dans le gag facile et la lourdeur mais Campanile a su avec finesse éviter ce type d'écueil. Le film est toujours drôle sans être pesant même dans le cynisme ici moteur du film.
Ses personnages sont même attachants voire attendrissants même dans dans leurs facéties grâce notamment à la perfection de leur jeu dans le registre comique. De jolis décors naturels et une BO entrainante signée Ennio Morricone parachèvent le plaisir pris à la vision de cette comédie préhistorique.
On retrouvera dans les rôles principaux Giuliano Gemma et ses dents tellement blanches dans la peau de bête de Ulli, Frank Wolff, Renzo Montagnani, Lino Toffulo, Lando Buzzanca et Francesco Mulè.
Quant à notre femelle, c'est l'autrichienne Senta Berger qui porte ici la queue, la Berger qui eut une belle carrière en Italie dans les 70s avant de retourner dans son Autriche natale.
Une suite sera tournée deux ans plus tard, Quand les femmes perdirent leur queue, titre qui prend alors tout son sens... et c'est ici:
viewtopic.php?f=1&t=22271&p=301564&hili ... ue#p301564
Le corbeau dominateur qui en queue y connait un rayon mais n'a pas encore perdu la sienne!
