American History X - 1998 - Tony Kaye

[Manolito]

A Los Angeles, un jeune skinhead rend à son professeur, par provocation, un devoir présentant Hitler comme un défenseur des droits civiques. Son enseignant le force alors à écrire un devoir sur son grand frère, lui aussi skinhead, qui purge de la prison pour avoir tué de façon brutale des noirs qui tentaient de voler sa voiture...

"American History X" est un film traitant du mouvement skinhead et "white supremacy" aux Etats Unis, au travers d'un fait divers ayant eu lieu en Californie. Le film fut un échec public et son réalisateur s'en désolidarisa, tentant, en vain, de faire remplacer son nom par un pseudo du genre Alan Smithee. New Line remania en effet le montage contre son avis.

"American History X" est un film assez curieux, ayant la main terriblement lourde sur le sensationnalisme visuel. Son esthétique est souvent léchée et publicitaire, lorgnant quasiment vers Riefenstahl lorsqu'il s'agit de mettre en valeur les corps tatoués et imberbes de ses néo-nazis, à grand coup de ralentis sirupeux. L'action progresse plus par le coup de force (scènes très violentes) que par une évolution logique des personnages. Certains changements de personnalité (par exemple celui de Furlong à la fin) se font trop facilement pour être crédibles. D'une part, on est donc dans une restitution complaisante de l'univers skin, d'autre part, on est aussi dans une caricature super chargée, avec ce leader charismatique dont le bureau est couvert de portraits de Hitler - on se croirait plus chez les méchants des Blues Brothers qu'autre chose ! Outre certains passages violents "chocs", le film n'hésite pas à recourir à des procédés hollywoodiens bien lourds, à coup de musique mélo appuyées et de familles enfin réunies s'embrassant chaleureusement. Bref, on ne nage pas dans la crédibilité et la vraisemblance !

Pourtant, dans sa gratuité racoleuse, "American History X" touche parfois juste : la réthorique endoctrinée de Derek, sa manière de gérer une discussion par l'insulte et la force ; le racisme banal du Père aussi, bien plus pernicieux et dangereux, en fait, que celui grand-guignolesque des néo-nazis du film...

Mais bon, un film sur lequel je reste très partagé, trop hollywoodien, trop manipulateur, bien qu'ayant le courage d'aborder un sujet pas évident...

[Robert Zdar]

Assez d'accord avec l'avis ci dessus. Le summum étant le changement de personnalité du grand frère en taule qui devient copain comme cochon avec le black en 5 minutes chrono (je sais j'exagère un peu). Par curiosité, je me demande à quoi ressemblait le montage original, peut être il y avait moins de raccourcis voyants ?

[DPG]

J'ai revu le film il y a peu. Je m'en rappelais relativement bien, mais je n'avais pas du le revoir depuis un bail, mes années lycée disons, et je craignais un peu de tomber de haut avec cette revision. Bilan mitigé au final. Je rejoins pas mal l'avis de Manolito sur plusieurs points. C'est clair que le film est assez bancal, où le très bon côtoie le plus discutable, où certains raccourcis sont un peu gênants, mais aussi où certaines scènes fonctionnent toujours aussi bien malgré les années qui passent. Reste en tout cas un très joli N&B, des acteurs plutôt très bons (même si effectivement, certains des nazis sont un peu too much) et un sujet intéressant, qu'on a plus l'habitude de voir dans des petites prods underground qu'un (relativement) gros film comme ça.

Et du coup, vu que les soucis de montage ont été brièvement évoqués, je me demandais si certains d'entre vous auraient une idée plus précise de ce qui a viré en cours de route ? Une fin différente pt être ? Des scènes qui aideraient à la cohérence de l'ensemble ? Je serais vraiment curieux d'en savoir plus en tout cas...