Après la première guerre mondiale, une jeune aristocrate anglaise, mariée à un homme revenue paraplégique du front, s'éprend d'un de ses garde-chasses avec lequel elle va entretenir une passion très physique...
Après le (catastrophique) "Âge des possibles" en 1995, Pascale Ferran s'écarte longuement de la mise en scène, pour y revenir en 2006 avec cette adaptation ambitieuse de "Lady Chatterley et l'homme des bois", conçu dans deux montages : une pour le cinéma de 170 minutes et une pour la télévision de 220 minutes. Un projet difficile donc, sans acteur connu à l'exception de Hippolyte Girardot, qui allait pourtant connaît une honnête carrière sur le long terme grâce au bouche à oreille. Finalement, le film reçut de nombreux Césars, ce qui couronna ce succès inattendu...
Très français dans son style de cinéma, "Lady Chatterley" évoque ici un peu Rohmer et Bresson, et beaucoup le Truffaut romanesque des "Deux anglaises et le continent". Décors réels, lumière et son naturels, usage économique de la musique, voix off précise et littéraire... Le propos est une vision un idéaliste d'un épanouissement sexuel d'une jeune femme, étape par étape. Cet épanouissement va mener à la découverte d'elle-même, à s'ouvrir sur le monde, à mieux le comprendre, à s'affranchir de l'ordre imposé par les hommes et les classes sociales pour réaliser ses aspirations de femmes.
La fusion avec la nature est aussi un thème visuellement très fortement exploité, ce qui donne lieu à de jolies et joyeux, voire coquasses, moments de galipettes champêtres. Le film est assez explicite visuellement (enfin, surtout un petit plan !), tout en restant dans les limites d'un naturel et d'un goût corrects. Ce qui a sans doute permis au film d'éviter toute interdiction ou avertissement en France...
Le trio d'acteurs principal est excellent, et une fois qu'on est pris dans le métrage, on oublie sa facture un peu amateur pour se laisser porter. Certes, le film ne semble pas toujours très équilibré (dans sa version cinéma que j'ai vu), certaines scènes paraissent de trop longues digressions (la petite voiture du mari embourbé). Et le film aurait peut-être gagné à avoir un peu plus de nerf dans son tempo ?
Néanmoins, sur un sujet a priori un peu bateau, Pascale Ferran signe un film réussi, personnel, à l'écart des banalités et des conventions cinématographiques ressassées.
Vu sur ciné cinéma émotion (il passe en boucle sur à peu près toutes les chaines de ce bouquet), dans une copie 1.66 de qualité assez moyenne (grosse compression très sensible, définition très basse), avec VF stéréo.