Il Merlo maschio - Pasquale Festa campanile (1971)

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manuma
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Il Merlo maschio - Pasquale Festa campanile (1971)

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Niccolo Vivaldi, violoncelliste las d'une existence confiné dans un anonymat étouffant découvre que l'admiration suscitée par la beauté de sa femme, la prude Constanza, rejaillit sur lui. Il décide de l'exhiber en public dans l’espoir d’être enfin reconnu.

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Pierre angulaire de l’œuvre de Pasquale Festa Campanile, Il Merlo maschio (Ma femme est un violon en VF) permet au scénariste-réalisateur italien de retrouver pour la seconde fois l’acteur sicilien Lando Buzzanca (les deux tourneront 5 films ensemble entre 1970 et 1972). Bien plus qu’une simple sexy comédie, cette farce psychanalyto-sexuelle est avant tout une réflexion acide sur le tout puissant machisme (italien et autre) alliant humour provocateur et érotisme un rien perturbant.

Le film bénéficie en premier lieu de 2 personnages principaux particulièrement bien dessinés, avec d’un côté Niccolo, l’artiste raté cultivant un fort complexe d’infériorité, qui pense trouver dans l’exposition de la nudité de sa femme une reconnaissance sociale et professionnelle, et s’enfonce progressivement dans une folie douce sans retour possible (malgré l’aide peu efficace d’un psychanalyste qui à défaut de réussir à soigner Niccolo finira par écrire un bouquin sur son cas). Et de l’autre sa femme Constanza, issue d’un milieu paysan, un peu cruche mais dévouée, représentant la voie du bon sens face à l’irrationalité comportementale de son mari. Sous la légèreté de la plupart des situations, la fable est donc grinçante, jusqu’au boutiste dans sa conclusion, et l’Homme n’en sort évidemment pas grandi, sorte d’animal replié sur ses désirs et obsessions, utilisant la Femme comme un miroir de sa réussite sociale. Une réflexion que Festa Campanile poursuivra quelques années plus tard dans Il Corpo della ragazza, avec cette fois l'histoire d'un grand professeur à la retraite (Enrico Maria Salerno) cherchant à assouvir ses pulsions libidineuses sous couvert de transformer une paysanne inculte (Lili Carati) en demoiselle du grand monde.

A la richesse du contenu fait écho une interprétation savoureuse de Lando Buzzanca, spécialiste des rôles un peu ingrats comme celui-ci, et Laura Antonelli, certes sexy en diable dans un rôle très déshabillé, mais qui sait donner une véritable épaisseur à son personnage. L’une de ces prestations qui nous rappellent qu’elle était clairement bien plus qu’une sexy starlette. La réalisation de Pasquale Festa Campanile est de son côté un petit cran en dessous du reste, manquant un peu d’allant, de folie pour se hisser totalement au niveau de son sujet. Mais cela reste tout de même du travail honnête, avec quelques idées amusantes (ne serait-ce que dans le gros travail qu'effectue Festa-Campanile pour éviter les plans de nudité féminine frontale) et une belle mise en avant du vieux centre-ville et des arènes de Verona.

Revu sur mon enregistrement télé d’Arte d’il y a plusieurs années. Le film est sorti en DVD chez nous l’an passé, avec une jaquette aux couleurs hideuses et une Laura Antonelli qui a enfilé un soutien-gorge pour l’occasion (alors qu’on la voit pourtant de dos sur l’affiche !).
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