
Un garçon, une fille et un inventeur improvisent comme elles leur viennent des histoires merveilleuses, à l'aide d'une étrange machine à digérer les idées...
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il existe en France un réalisateur, Michel Ocelot, qui oeuvre dans le cinéma fantastique exclusivement depuis 30 ans, qui est largement apprécié aussi bien par le grand public que par la critique, admiré dans son pays et à l'étranger, conciliant succès commercial et artistique. Et pourtant, ce réalisateur n'a jamais fait de réelles concessions dans son art. Sa personnalité est 100 pour 100 européenne, pratiquement imperméable à un siècle de cinéma hollywoodien...
On n'en parlera pourtant bien peu sur un forum de "fans" de cinéma fantastique comme devildead, où l'on préfèrera se lamenter sur des pages et des pages d'un "Martyrs" ou d'un "Humains". Est-ce à dire que le "fan de fantastique", toujours prompt à reprocher à qui ne partage pas ses gouts d'être borné, généralement convaincu d'être persécuté par la Terre entière, est-ce à dire donc que ce martyr en puissance serait en fait un spectateur lui-même fort étroit d'esprit et dénué de curiosité ?? Nous n'irons pas jusque là, bien sûr...


Sorti un an après "Kirikou et la sorcière", "Princes et princesses" est un film un peu moins ambitieux. Cette anthologie de 6 petits contes dure à peine une heure et est constitué de toute évidence pour un public très jeune (quelle horreur !), comme le prouve son petit entracte en son milieu où les spectateurs sont invités à discuter entre eux des trois histoires qu'ils viennent de voir.
Même si nous n'en sommes pas encore au perfectionnisme et à la richesse visuelle inouïe des deux derniers longs métrages d'Ocelot, "Princes et princesses" enchante néanmoins par son visuel et son animation en ombres chinoises, charmants, dans la tradition revendiquée des films de Lotte Reiniger. Les histoires sont parfois drôles (le Japon), parfois touchantes (les fourmis), parfois un peu longuettes aussi (l'Egypte). Certains passages semblent surtout des prétextes à des prouesses visuelles (en particulier le Japon ou l'épisode des métamorphoses). Et quelles prouesses visuelles ! Il est en effet difficile de ne pas tomber sur le charme des trouvailles poétiques et coquasses de cet univers.
Si les contes d'Ocelot sont moraux, ils sont aussi parfois - souvent - ironiques, n'hésitant pas à tourner en dérision les conventions et la mièvrerie des contes de fées classiques. Comme le prouve le dernier sketch et son final insolent...
Vu sur ciné cinéma famiz, où il passe en ce moment (et très régulièrement). Copie 1.66 plutôt bien pour du câble et pour un film réalisé dans des conditions plutôt artisanales... VF Dolby stéréo d'origine.