Il ...Belpaese - Luciano Salce (1977)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Il ...Belpaese - Luciano Salce (1977)

Message par manuma »

Après plusieurs années passées sur une plate-forme pétrolière, Guido Belardinelli rentre en Italie, à Milan, où il espère réaliser enfin son rêve : ouvrir une bijouterie-horlogerie. Mais le pays a bien changé depuis son départ …

Image


Il ...Belpaese est le vingt-huitième film de l’acteur-réalisateur Luciano Salce, dont l’œuvre post-sixties, principalement tournée vers la farce / comédie populaire très italienne, demeure encore relativement obscure chez nous. Des 13 films signés par Salce sur la période 70, il me semble d’ailleurs que seul Le Canard à l’orange, avec Monica Vitti et Ugo Tognazzi, a bénéficié d’une diffusion en salles de ce côté-ci des Alpes. Il s’agit en outre de la quatrième collaboration (sur 7) entre le cinéaste et l’acteur Paolo Villaggio, précédemment vedette de Fantozzi, l’un des plus gros succès du cinéaste italien et point de départ d’une franchise de 10 films tournés entre 1976 et 1999. Signalons enfin, à ce sujet, que l’on retrouve dans Il ...Belpaese une partie des seconds rôles présents dans 2 premiers Fantozzi (Gigi Reder, Anna Mazzamauro, Ugo Bologna).

Il ...Belpaese rappelle lointainement l’Hibernatus de Molinaro dans le concept, avec son personnage ayant vécu, à sa façon, isolé du reste du monde pendant un petit bout de temps et se retrouvant totalement déconnecté de son époque de retour à la maison. Une situation initiale, des péripéties et un personnage central hautement fantaisistes, plaçant clairement le film sur le terrain de la parodie débridée (on pense presque à du ZAZ par moment). Mais une parodie baignant dans une réalité sociale on ne peut plus sombre et, pour le spectateur de l’époque, palpable : celle de la monté de la criminalité et du terrorisme dans l’Italie des années de plomb. Il fallait oser en rire, Salce et son duo de scénaristes, Castellano & Pipolo, ont tenté le coup en choisissant de forcer le trait. Le film est donc outrageusement caricatural, mais il fonctionne et, avec une matière aussi dense à exploiter, n’a guère de mal à maintenir un rythme de comédie de plus soutenu sur les 107 minutes que dure la plaisanterie. Ainsi, il les lui arrive presque toutes à ce pauvre Guido Belardinelli qui, à peine arrivé sur le sol italien, manque de se faire assassiner par un commando terroriste arabe. La suite n’est qu’attaques à main armée et enlèvements à chaque coin de rue, corruption généralisée, racket mafieux, mouvements contestataires étudiants ou féministes saccageant tout sur leurs passages, etc, etc … Le film regorgent d’idées et de situations amusantes (la famille de Guido qui, à chaque détonation sous sa fenêtre, débat de la marque de l’arme à feu ou ne sort qu’en guenilles et gilet pare-balle pour se prémunir des braquage et fusillades, le journal télé se résume à l’annonce de données statistiques, ville par ville, sur les hold-ups, rapts et meurtres), raillant un peu à leur façon les polizieschi de l’époque et tout un cinéma de genre exploitant la dramatique situation politco-sociale de l’Italie d’alors.

Bon, ce n'est pas non plus un chef-d'oeuvre. La satire ne fait pas mouche à chaque fois, la réalisation ne déborde pas d'invention et globalement l’ensemble manque sans doute trop de subtilité et d’acidité (avec une conclusion timidement ironique qui déçoit un peu) pour se hisser au niveau des grandes comédies à l’italienne de sa décennie, mais dans son créneau – celui de la farce poil à gratter - Il ...Belpaese demeure une joli petite réussite.
Répondre