...Et puis enfin, la censure est un sujet qui a toujours fait de l’audimat sur les forums!

La nouvelle flottait déjà depuis plusieurs semaines dans les medias japonais, pour finalement tomber aujourd’hui; a partir du 2 juin 2009, les jeux videos de genres “humiliation” (pas sur que ce soit le meilleur terme) seront interdits a la vente, mais aussi a la "creation" au Japon.
Il faut savoir qu’en plus de regner en maitre sur l’industrie mondiale des jeux videos, le Japon propose aussi une palette de genres et concepts des plus larges, dont des volets entiers ne sont pas destines aux marches exterieurs car trop types, trop specialises ou carrements “trop”….
Ainsi on trouve bien sur des jeux types culturellement tels les jeux de go et shogi (les echecs japonais), des jeux plus en ligne avec les habitudes japonaises tels les simulateurs de conduite de trains(!) ou de bus(!), des jeux plus en adequation avec les phantasmes locaux, tels pour les uns etre le directeur d’un college de jeunes filles (en tout bien tout honneur) et pour les autres etre la directrice d’un college de jeunes garcons (en tout bien, tout honneur).
En partant de phantasmes, il y a aussi la partie sombre des jeux videos japonais, dont fait notament partie l’univers des jeux pornographiques.
Initialement un marche-“niche”, le filon est tres largement exploite par une plethore de petites et moyennes compagnies, joint-ventures ou start-ups, dont pour certaines, l’activite est entierement consacree au genre et dont la survie depend en consequence…
Le genre meme ratisse large; si dans certains jeux il s’agit de simuler des relations humaines avec plusieurs protagonistes (du sexe faible—dont une cousine!






C’est en fait apparemment la derniere categorie qui est visee par le legislateur japonais qui s’est pour l’occasion fendu d’une loi en la matiere.
Si l’on se penche sur le pourquoi de l’existence de ces jeux, il faut se pencher sur la culture et l’histoire du Japon.
D’un point de vue religieux, la religion d’etat est le Shintoisme (de l’animisme en fait) qui est le ciment de l’ame japonaise. Il est a son tour, teinte de bouddhisme dont les regles et ceremonies parsement la vie des japonais (au meme titre que celles des asiatiques en general, je pense).
A ces deux composantes, viennent s’ajouter d’autres elements generalement “exterieurs”. Ainsi, christianisme et religion musulmane sont tres (TRES) rares, mais pas incompatibles. Cependant, les japonais se tournent generalement vers des croyances regionales, dont notamment le confusianisme qui a encore de nos jours une preponderence dans la societe japonaise.
Le confusianisme (sans etre un specialiste), base la cellule familiale sur le pere (patriarchat), laissant a la femme generalement le quadruple role de l’epouse, l’amante, la mere (de ses enfants) et la maitresse de maison.
Il est egalement bon de noter que la revolution sexuelle qui a enfin donne la liberte de leur corps aux femmes n’a jamais eu lieue au Japon!
Tout cela pour dire, que le Japon est un pays d’hommes, fait par les hommes, pour les hommes ou la femme n’est qu’une citoyenne de deuxieme categorie. Bref, une societe de

A l’arrivee, le role de la femme dans les medias est plus que limite, allant de la “cruche” de plateau-tele, passant par la ravissante idiote (dont on aimerait qu’elle la ferme) dans les emissions de varietes, a la bombe sexuelle—“exploitee”, mais pas “liberee”. Nuance importante.
Dans la section “exploitation” des medias, industrie pornographique et ses derives cinematographiques, videos, jeux, anime et mangas c’est TRES flagrant.
Initialement des segments “niches” de leurs industries respectives, ces marches ont cependant exploses grace a notamment, l’absence de (l’irritante) la morale judeo-chretienne.
Au Japon, grosso-modo, “tant que le voisinage n’en patit pas, entre tes quatres murs, fais ce que voudras” pourrait etre le leitmotiv.
De la a ce que les activite intra-muros ne finissent en K7 video, DVD, anime, manga ou film il n’y avait qu’un pas, tres vite franchi par ces vicieux et venals producteurs (toujours eux).
Si la societe japonaise, tres en retard en matiere d’egalite des sexes, parvient a “sauver” les apparences dans les situations de tous les jours, la pornographie japonaise ne connait pas les memes inhibitions et est ainsi teinte d’une non-negligeable violence (notamment sexuelle) envers les femmes. Violence qui se retrouve ainsi aussi dans certaines categories de mangas, anime et jeux videos.
A ce niveau-la, cette nouvelle loi—qui en sa base ne vise (apparemment??) que les jeux videos(!), est un coup d’epee dans l’eau, tout en laissant peser une epee de Damocles au-dessus de differentes industries alimentant un pays qui jusqu’a ce jour ne connaissait a peu de chose pres, aucune limitation a la consomation de ses gouts, quels qu’ils fussent.
Coup dans l’eau, car ne remettant en rien en cause le sexisme latent de la societe. Coup dans l’eau, car preferant s’attaquer aux dangereux pixels obscenes, plutot qu’aux films “lives”(!) qui vont quand meme assez loin, et qui soit-dit en passant, sont frequemment lies a la mafia locales (les celebres “yakuzas”) que l’on decide donc de laisser en paix…
Mais egalement epee de Damocles au-dessus de societes trop petites pour encaisser le coup(!). A une epoque ou justement les industries tournent au ralenti, l’on attaque justement l’une des rares (la pornographie) qui a le vent en poupe(!), en tout cas ici.
Epee de Damocles au-dessus d’une certaine animation (pas encore visee, en tout cas officiellement). Epee de Damocles au-dessus meme des mangas (a nouveau, pas vises officiellement). Et dans le fond, epee de Damocles au-dessus d’une certaine liberte dans l’entertainment “vil”, mais inoffensif (les pixels, cellulos et pages dessinees).
Le plus etonnant est encore a venir; toute l’histoire a commencer suite aux plaintes repetees de “Equality Now”, une NGO americaine(!) suite a la mise en vente d’un jeu video de viols (en japonais) sur le site d’Amazon au Japon! Plaintes qui ont fini en debat au parlement anglais(!!) avant d’etre debatues dans la chambre des representants au Japon…
Meme si l’idee de reprocher au pays son attitude envers le beau sexe est plus que louable, l’on s’attaque de nouveau plus aux symptomes qu’aux causes et ne fait qu’appliquer qu’un sparadraph sur une jambe de bois. Neanmoins, trouver un meilleur exemple d’ingerence culturelle paraitrait difficile. A quand l’Allemagne demandant a la France d’elever ses interdictions au -12ans a -16ans car ceci se pratique ainsi Outre-Rhin?
Le plus etonnant reste cependant la reponse prompte des authorites japonaises qui ont acquiese(!!!). A moins, que comme sur d'autres issues, la loi ne sera pas mise en oeuvre...?

Alors que le Premier Ministre japonais se vante d’etre fan de mangas et anime, et alors que le gouvernement coreen, lui soutien activement ces deux industries, il semblerait qu’on commence a entamer l’edifice au Japon.
Une affaire a suivre, car pouvant a moyen/long terme signifier une attaque contre la pop-culture locale, voir a un niveau global, creer un dangereux precedent en matiere d’ingerence culturelle…
Sans doute a venir dans les magazines de reportages “bien informes”; une bonne dose de “Japan-bashing” a cause de ces "nauseaux et pernicieux jeux videos", qui permettront de rebondir sur les animes, mangas et films japonais



Me sentant des ailes de "corbeau" sur cette affaires (et meme en n’etant pas gamers pour deux sous), je n’en ai pas moins PAS la banane sur ce coup-la…
