Ce qui frappe les plus dans cette nouvelle mouture du recit du Dr. Jeckyl and Mr. Hyde qui ne donne pas son nom--car changeant le nom de tous les protagonistes du recit(!), est sans nul doute l’interpretation du personnage-titre par Christopher Lee. Jovial, souriant, sans retenue morale ou sociale, prenant ce qui lui plait sans en avoir conscience ou sans sentiment de responsabilite. Le contraste est d’autant plus frappant au regard des scenes prenant place dans l’alcove sociale qu’est le (tres rigide) club de “gentlemen” dans lequel il se rend.
Les scenes se passant dans le club montrent ainsi des gens devisant dans aucun sentiment, mais avec une retenue somme toute « british » (en tous cas, comme l’imagine les non-britanniques

Point interessant egalement, le manque de maquillage lors des scenes de « transformation », les changements se remarquent dans l‘attitude. Celle-ci change, le personnage et l’interpretation qu’en fait le public (et la societe) change du tout au tout. Ici, le « monstre » prend les allures d’un homme” emmeche”, “insouciant”, “irresponsible” ou au pire; (quand meme) “schizophrene”.
Plus que le « monstre » attendu, hideux et grotesque, bref ; le mal a l’etat « pur », celui que l’on rencontre, est celui en nous, celui dont nous n’avons pas conscience, mais qui rode dans cette partie d’ombre qui existe en chacun d’entre nous.
Sans etre familier de l’oeuvre originale, l’on ne peut que considerer toutes les transformations inherentes au version filmees de Jekyl / Hyde que comme un « gimmick », permettant au spectateur d’echapper au plus inquietant, d’affronter de face, l’effet de « seduction » que represente le mal sur nous.
Lee, dans le role du docteur qui se laisse seduire par sa part d’ombre et se laisse ensuite aller a sa debauche, livre egalement une bonne composition.
La realisation du peu profilique Weeks, purement fonctionnelle, laisse ainsi carte blanche a l’abattage de son acteur principal, tres a son aise dans son double role-titre.
A voir, pour apprecier une certaine vision plus « sociale » de l’etrange cas du bon docteur Jeckyll et de son sinistre “jumeau”.
I, Monster : 3.5 / 5