Au plus profond de la jungle cambodgienne, un Mr. Moto en mission archeologique pour son musee, voit son emploi du temps quelque peu perturbe par l’atterissage forcee d’une jeune femme qui voulait faire le tour du monde en avion, ainsi que par une equipe de cameramen du dimanche qui s’attirent rapidement les foudres du pretre local…
Quatrieme aventure de Mr. Moto, et troisieme collaboration entre Peter Lorre devant et Norman Foster (de retour sur la serie après l’interlude de James Tinling) derriere la camera, ce volet divergera assez des deux episodes precedents, car tenant plus du film d’aventures exotiques, facon Tarzan (1932)—sorti quelques annees auparavant et ayant definitivement popularise l’aventure dans la jungle, notamment par ses nombreuses suites (Tarzan and his Mate (1934), Tarzan Escapes (1936), Tarzan finds a Son! (1939) ).
Le niveau des personnages en presence, aussi force la mefiance. En effet, tant le personnage de pilote en jupons—avatar d’Amelia Earhart (une pilote d’avion et aventuriere, disparue, en 1937!), que les deux aventuriers-explorateurs-cineastes paraissent—literalement—parachutes pour grossir le casting et de permettre l’inclusion dans le recit de quelques blancs(!), ainsi que de quelques gags (au final, pas si droles que ca), et de rajouter une dose de “romance”, au final pas vraiment “bienvenue”…
Au niveau de l’exotisme (dont la mise en avant se trouve nettement renforcee dans ce volet!), l’on notera que l’histoire se deroule au Cambodge, mais meme si la domination francaise est correctement evoquee, l’idee qu’un rajah (concept et terme hindou) ne figure en bonne place dans le casting parait neanmoins “douteuse” (cependant voir le deux paragraphes plus loin).
Il faudrait egalement fermer les yeux sur l’usage—qui etait beaucoup moins prononce dans les episodes precedents—de l’anglais par les autochtones, ou le fait egalement incongrue, qu’en plein milieu de la jungle nos deux aventuriers-reporters se presentent a une une fete du roi local soudainement vetu d’impeccables complet-vestons…
Selon certaines sources, Norman Foster, jusqu’a present realisateur “attitre” de la serie des Mr. Moto aurait vecu / travaille / voyage en Asie, et aurait utilise son experience de l’Asie pour ajouter une certaine touche de realisme a ses films. Ce qui transparaissait déjà par moment dans le passé, se confirme ainsi dans des details pointus (le terme hindou “guruji” emprunte pour designer le pretre, ainsi que les ideogrammes japonais employe par Moto / Lorre, qui meme s’ils sont assez “laids” (car sans doute recopies visuellement), n’en sont pas moins corrects!.
Quelque part, le spectateur semble etre regale de petits details des plus interessants, mais fesant figure de “decoration” au milieu d’un exotisme de pacotille…
L’intrigue en apparence compacte, devient tres vite “touffue” et se rapproche de l’aspect diffus des serials encore produits a l’epoque. Le spectateur finit par se retrouver dans un premier temps un peu etonne du chemin emprunte par la serie, qui est, quand meme une serie a enigmes, impliquant generalement un ou plusieurs meurtres.
Les retournements de situation se demultiplieront donc dans cet episode, et l’ont peut ainsi noter, que justement quelques “twists” en moins, n’auraient pas nuit a la credibilite de l’entreprise—loin de la.
La performance de Lorre est comme au deuxieme et troisieme volet, simplement parfaite, nuancant le personnage au fur et a mesure des imperatifs de sa mission et des deroulements (aleatoires?) de l’intrigue.
Les autres acteurs (J Edward Bromberg en rajah et Rochelle Hudson en aviatrice) parviennent a tirer leur epingle du jeu, leur jeu prenant tout leur sens au fur et a mesure des revelations (tres nombreuses!) qui parsement le recit. Les mecreants de cette aventure; George Regas en tete; parfait en pretre rafle la mise après Lorre.
A noter que Regas, qui decedera en 1940 et dont les annees 30s representeront la partie la plus active de sa carriere, semble avoir vu celle-ci limitee a des petits roles ou roles de faire-valoir, ce qui est a la vision de ce film un peu dommage, car campant tres bien son role de felon-en-titre!
Film un tantinet bancal a l’arrivee, MMtaC se laisse suivre sans ennuis certes, mais pas forcemment pour les bonnes raisons(!). D’ailleurs la Fox n’a sorti le film qu’en quatrieme entrée dans la serie, alors qu’il fut realise…en second…
Ceci dit, il permet d’autant apprecier les volets precedents (surtout le deuxieme!) qui semble(nt) definitivement avoir trouve la “formule” de l’equilibre entre “exotisme” et “enigmes”.
A voir, mais plus comme un serial (concentre) mettant en vedette le sagace enqueteur nippon, que comme une aventure-type de ce dernier.
Mr. Moto takes a Chance : 3.5 / 5
Mr. Moto takes a Chance (1938) – Norman Foster
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Mr. Moto takes a Chance (1938) – Norman Foster
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