Le preneur de vies / The lifetaker- 1975- M. Papas

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eric draven
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Le preneur de vies / The lifetaker- 1975- M. Papas

Message par eric draven »

Prenez trois personnes plus odieuses les unes que les autres, un homme, son épouse et son jeune amant, mettez les au sein d'une vaste demeure perdue au milieu de la campagne afin que le mari cocufié puisse assouvir sa vengeance et vous obtenez le point de départ de The Lifetaker, petit film anglais méconnu voire totalement oublié.
Le scénario n'est guère original mais son traitement l'est beaucoup plus et c'est de là que provient l'interet du film.

Pas de préambule ici tout va très vite. D'entrée Papas introduit ces personnages comme sortis de nulle part. Il y a tout d'abord Lisa, jeune femme mariée à un homme d'affaires actuellement en déplacement à Londres et Richard, adolescent angélique qui plonge dans la piscine de la vaste propriété. Qui est il, d'où vient il peu importe il est là, frétillant dans l'eau à demi nu sous l'oeil étonné mais ravi de Lisa qui l'invite sans plus tarder à passer la soirée chez elle.

Bien peu crédible vu sous cet angle mais Papas est aussi rusé que ses personnages et ce qui peut sembler bien peu cohérent le devient dans ce contexte particulier. Lisa est seule et sous son apparence d'épouse modèle cache une femme frustrée qui voit en cet adolescent un moyen de vivre une relation fougueuse et passionnellement sexuelle, sorte de providence venue du ciel. Et Richard, ange blond gracile et gracieux, ne semble t'il pas sortir tout droit des limbes du Paradis.

Tout aurait été simple si James, le mari désormais cocufié n'était pas rentré en pleine nuit, à l'improviste, et n'avait pas surpris sa femme dans le lit conjugual avec l'éphèbe, gémissant sous ses caresses. Ivre de haine, refoulant des larmes de colère et d'humiliation, il repart discrétement et fera mine de rentrer le lendemain en ayant bien pris soin de planifier une vengeance aussi subtile que cruelle.

Toute la première partie du film est consacrée à la torride relation entre Lisa et l'adolescent jusqu'à l'arrivée du mari. En quelques 45 minutes, Papas dresse le portrait de trois personnages particulièrement antipathiques sous le vernis de leur apparente gentillesse. Lisa est la parfaite épouse docile et soumise dévouée à son mari qui sous airs de jeune femme modèle cache un être frustrée qui ne demande qu'à assouvir ses appetits sexuels réfrénés par un mariage routinier avec un homme vertueux plus vieux qu'elle.

Richard malgré son jeune âge est un adolescent qui derrière ses airs angéliques cache un être rusé, malin, plein de surprises, arrogant et perfide et bien peu respectueux. James, le mari, est un homme maniaque, plein de principes, austère, un homme passionné d'arts martiaux japonais qui cache un passé secret. Durant la guerre, il a été un tortonnaire sans pitié tuant pour le plaisir. L'adultère de sa femme fera resurgir le guerrier et bourreau qui sommeille en lui.

Du thriller érotique The lifetaker passe dans sa seconde partie à un huis clos plutot impressionnant, un terrible jeu de chat et de la souris ou chacun des adversaires s'avère plus rusés l'un que l'autre. Richard va tenter d'amadouer le jeune homme que sa femme lui présente comme un invité de passage, le cerner pour mieux le cercler, jouer avec lui pour mieux l'avoir à sa merci. Richard, rusé, esquisse les pièges que lui tend son ennemi pour mieux à son tour le pièger.
Tout l'interet vient de la façon dont Papas présente ce jeu dont est témoin la jeune femme. Il laisse en effet sans cesse l'ombre du doute quant aux limites de ce jeu si jamais il s'agit d'un jeu. On reste dans un flou, une ambiguité d'où le film tire une grande partie de sa force jusqu'au final explosif cruel et sanglant.

James redevient ce tortionnaire qu'il fut abattant froidement cette épouse indigne lors d'une séquence qui longtemps encore fera frissonner tant elle prouve que cet homme est un être impassible, dénué de tout sentiment et remord. Le long calvaire de Richard est tout aussi impressionnant, le lion ne fait qu'une bouchée de sa proie, jouant de son agonie, à la fois lente et euphorique, executant son plan machiavélique avec une assurance stupéfiante.

Il faut pourtant se méfier de la souris qui parfois peut vaincre un éléphant lors d'un retournement de situation étonnant, le petit grain de sable qui fait s'effondrer l'édifice et conduira à l'affrontement sanglant lors du final.

Outre cette ambiguité et l'antipathie des personnages, leur machiavélisme, The lifetaker distille une aura par instant fantastique, une ombre d'irréalité. L'apparition de Richard dés le départ avait quelque chose d'étrange, une impression qui se poursuivra tout au long du film. La vaste demeure prend des airs inquiétants à la nuit tombée, les protagonistes se tapissent dans l'ombre de la nuit quand le jeune homme n'est pas emporté dans un tourbillon de cauchemars sous l'effet de l'alcool où il se voit au milieu d'une guerre témoin des horreurs de James avant d'être englouti par un charnier.
Papas use et abuse alors de zooms et autre grand angle, noyé dans une sorte de musique tribale entêtante.

L'érotisme est ici très important. Lisa et Richard se laissent aller à leurs ébats charnels que Papas filme avec beaucoup de sensualité. Les corps se mèlent, s'enlacent, s'embrassent faisant naitre non seulement le désir mais aussi l'excitation. Il joue de la nudité de ses protagonistes, les déshabille dés qu'il le peut mais jamais gratuitement. La nudité fait partie intégrante du scénario.

Une magnifique photographie sublime non seulement les corps mais également le superbe décor, cette maison et son immense parc renforçant l'aspect fantastique de l'ensemble.
L'interprétation est à la hauteur du film. Lea Brodin est une Lisa sensuelle, fragile et superbe. Le jeune Peter Duncan, jeune éphèbe blond, possède tout l'angélisme de son personnage, magnifiquement détestable tout comme Terence Morgan, implacable, qui lui possède le physique de son rôle, austère et froid.

The lifetaker, thriller érotique peu banal, est une curiosité à (re)découvrir qui en 35 ans n'a rien perdu de son pouvoir de séduction, ni de son ambiguité.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

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eric draven
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Re: Le preneur de vies / The lifetaker- 1975- M. Papas

Message par eric draven »

Comment découvrir cette perle de culture oubliée? Point evident puisqu'il n'existe aucun DVD de ce joyau.. On se ravattra donc soit sur la VHS US ou l'édition francaise éditée jadis chez Mercury avec une jaquette inoubliable qui a du en faire rever plus d'un.

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Edition qui semble quelque peu tronquée puisque des quelques 103 mn du métrage original on ne garde ici que quelque 85mn environ.

Hormis un TVfilm, ce fut quasiment le seul travail de Papas.

La Brodie a par la suite connu une petite carrière TV. Ceux qui ont l'oeil la reconnaitront dans Les 7 cités d'atlantis.

Terence Morgan, vétéran du cinéma british, acteur, comédien débuta dans les années 40. On citera parmi ses films les plus connus: Curse of the mummy's tomb, Surcouf tigre des 7 mers, la vengeance de Surcouf et la serie The adventures of Francis Drake dont il fut le héros.

Et O eblouissement, le jeune Peter Duncan, tout juste 20ans, qui fit l'essentiel de sa carrière à la TV anglaise dans moultes séries jusqu'en 2006.. dont Cosmos 1999 2eme saison pour l'episode d'ouverture.
Au cinéma on put admirer l'ange dans le tres beau Stardust et dans Flash gordon.. Peter qui dans Lifetaker exhibe sa nudité impudique, dévoilant toute son intimité.. Un bonheur!! 8))
Peter est aujourd'hui le président de la ligue des scouts anglais.. le scoutisme ayant toujours été pour lui une sorte de dévotion!! Coquin!!

Peter hier..

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Peter aujourd'hui en scout.. Nous rions! :mrgreen:

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Re: Le preneur de vies / The lifetaker- 1975- M. Papas

Message par eric draven »

J'ai trouvé cette tres belle jaquette VHS tirée d'une édition néerlandaise..

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