Au XVIIIème siècle, l'impératrice Catherine I de Russie fait venir à la cour une petite noble germanique afin que celle-ci épouse son neveu Pierre et qu'ils aient un héritier destiné à régner. La jeune femme, rebaptisée Catherine dès son arrivée, découvre avec horreur que Pierre est un taré hideux...
En 1930, le réalisateur autrichien Josef Von Sternberg révèle avec "L'ange bleu" Marlène Dietrich. C'est un triomphe mondiale, et le tandem part à Hollywood, alors au tout début du parlant, pour y tourner des films Paramount qui achèvent de faire de Marlene un monument mondial de la féminité au cinéma, de "Coeurs Brulés" à "Blonde Vénus".
En 1934, ils signent ainsi "L'impératrice Rouge", qui relate l'arrivée au pouvoir, dans des circonstances troubles, de Catherine II de Russie, une des monarques les plus célèbres et puissantes de son siècle.
Cela dit, avec Sternberg, peu importe l'histoire et vive le fantasme. "L'impératrice rouge" est un écrin baroque et fou pour mettre en valeur l'érotisme de Marlene Dietrich sous toutes ses formes : ingénue minaudant, femme de pouvoir assoiffée de virilité, prenant pour amants les plus braves de ces soldats. Pour survivre dans une cour grouillant d'intrigues et d'assassinats, elle se mettra ainsi à sa botte - et dans son lit - les forces vives de la nation, compensant un mari grotesque et vicieux (Sam Jaffe, en émule de "L'homme qui rit", beaucoup moins sympathique toutefois !) dont on ne sait pas trop si elle lui refuse sa couche ou si il est impuissant.
La mise en image est d'une richesse et d'un faste absolument grandiloquent, tout n'est que débauche de fresques murales, de sculptures grotesques, de joyaux, de fourrures somptueuses dans un délire décoratif à la hauteur de sa réputation ! La mise en scène est excellente, pleine de trouvailles et d'audaces aujourd'hui encore vivace .
Nous nageons alors entre érotisme des situations (l'impératrice venant aguicher tout un régiment dans son baraquement pour préparer son coup d'état !) et franc sadisme (les flash back sur l'histoire de la Russie, avec de tyran jubilant en décapitant à la chaîne trois hommes, ou encore utilisant un homme comme battant d'une gigantesque cloche !). Nous sommes dans la continuité du cinéma de Von Stroheim, en plus frivole.
Pas de place pour les grands sentiments et la bonne morale ici, nous ne sommes pas chez Ford ou Borzage, c'est le règne de l'immoralité et de la violence, où l'accession finale au pouvoir est vécue littéralement comme un orgasme !
Toutefois, "L'impératrice rouge" sera un peu le début de la fin pour le tandem Von Sternberg/Dietrich, avec notamment l'application du code Hays de plus en plus pesante. Le cycle se terminera l'année suivante avec "La femme et le pantin"...
Vu sur TCM où il passe en ce moment, très bonne copie 1.33 4/3 noir et blanc, VOSTF. Dommage pour le logo TCM dans l'image...
Le dvd est disponible dans une édition de bonne qualité chez Universal France. On le trouve même en ce moment chez cdiscount à moins de 1 €...
Il les vaut très, très largement...