Laura, 18 ans, simple étudiante en première année d'université, veut réussir ses études, à tout prix. Malgré un job alimentaire, elle n'arrive pas à payer ses charges et tombe dans une précarité financière telle qu'un soir de désespoir, à court de solutions, elle s'aventure à répondre à une annonce sur Internet : "Joe, 50 ans, recherche étudiante pour moments tendres". Cent euros de l'heure. Une fois, pas plus, se promet-elle. Trois jours plus tard, Laura est dans une chambre d'hôtel avec Joe. Et c'est le début de l'engrenage. L'exaltation d'un argent si "facilement" gagné. Oublier les sensations détestables et ne se rappeler que l'enveloppe remplie d'argent. Dès le deuxième client, Laura, jeune étudiante meurtrie dans sa chair, mais déjà prostituée, veut arrêter. Y parviendra-t-elle ?

Tiré du livre éponyme de Mademoiselle Laura D. paru en 2008, Mes Chères études fait parti d’une une série de fictions produites par Canal + abordant des sujets à caractères politiques et/ou sociétaux. Il me semble d'ailleurs que le très réussi SAC : des hommes dans l’ombre de Thomas Vincent, réalisé en 2005, appartenait déjà à cette collection.
Coup de poing est le qualificatif qui revient le plus fréquemment dans tout ce que j’ai lu et entendu sur ce quatrième long-métrage d'Emmanuelle Bercot, et c’est effectivement l'expression que l’on a de suite envie d’employer au sortir de ce récit d’une l’histoire vraie, miroir d’un effrayant phénomène de société. Dès les toutes premières images, qui nous montrent le personnage de Laura se "préparer" pour son premier rendez-vous, Mes Chères études frappe le spectateur en pleine poire en n'esquivant rien du sordide et l'ambigüité de son histoire. Ici aucun jugement moral sur les actes des uns et des autres, mais des faits bruts devant lesquels on se sent impuissant. Comme pour faire abstraction avec Laura de ce qui l'entoure dans les épreuves les plus dégradantes, la mise en scène fiévreuse d'Emmanuelle Bercot colle au plus près de son sujet et vous file bien la rage, les dialogues et situations ne sentent que trop le vécu et, au centre de cette grosse claque, Déborah François livre une prestation bluffante. Et là, franchement, je lui tire mon chapeau parce que c’était quand même un rôle difficile et qu’elle est à la fois totalement crédible et terriblement attachante dedans.
Bref, en dehors d’un court prologue et d’un épilogue que je trouve légèrement redondant – l’histoire en elle-même et sa mise en image sont suffisant éloquents – une totale réussite, un drame social cru et percutant qui tranche avec les téléfilms mollement dénonciateurs que nous pond habituellement la télé française.
Enfin, cerise sur le gâteau, il y a même Marc Chapiteau là-dedans, dans un petit rôle de photographe amateur.