une exécution ordinaire - Marc Dugain, 2009

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Duncan Idaho
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une exécution ordinaire - Marc Dugain, 2009

Message par Duncan Idaho »

comme il n'y a que moi pour aller voir ce genre de cinéma, forcément il n'y a que moi pour en parler après.

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Union Soviétique, 1953, en pleine Terreur. Alors qu'il sait qu'il n'en a plus pour longtemps, Staline fait venir dans le plus grand secret Anna, une urologue mais également magnétiseur, donc théoriquement considérée par l'Etat comme ennemie du Peuple, pour soigner ses douleurs. Le marché est simple : elle le soigne mais personne ne doit jamais en avoir connaissance, ni ses supérieurs, ni sa famille, ni même son mari qu'elle aime profondément mais qu'elle est sommée de quitter pour le bien-être du Peuple mais aussi leur sécurité.

Malgré le titre il n'est pas question dans ce film de dépeindre la Russie Stalinienne dans son horreur. On assiste plutôt à un huis-clos entre une femme, élément aisément sacrifiable, et le Maître tout-puissant, lequel en peu de mots lui fait découvrir l'autre côté du décor. A elle de décider de son sort et de toute sa famille, même si elle sait que les dés sont pipés dès le départ : Staline obéit à une logique qui lui est propre et qui échappe au sens commun. De ce fait, lui obéir aveuglément n'est absolument pas un gage de survie, au contraire. De fait, pendant la durée du film on assistera à toutes sortes de revirements et de volte-faces des deux protagonistes, le tout dans l'atmosphère feutrée du bureau du Dictateur, de sa datcha ou du modeste appartement de l'infirmière.

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Le film est plutôt court, un peu plus d'une heure et demi, peu de personnages, les seconds-rôles n'ont pas beaucoup de relief même si le concierge (Denis Podalydès) apporte un rien d'humour, tout est monopolisé par ce tête-à-tête en face-à-face. Dussollier grimé en Staline fait bonne figure, Marina Hands fait bien passer l'émotion, et Edouard Baer est un monument de sobriété, ce qui lui est assez rare. Beaux paysages extérieurs, tournés a Moscou et en Roumanie, mais les scènes en intérieur auraient gagné à être plus claires. On baigne dans la pénombre, à la fin ça lasse. Et avec ça, l'image manque de stabilité, comme si le caméraman portait sa caméra à l'épaule.

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Bref, pas un monument du cinéma français, mais vous ne perdrez pas votre temps à aller le voir. En plus de ça, ça fait longtemps qu'Arte n'a pas fait de soirée thématique consacrée au Camarade, et moi j'dis ça manque.
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