Lorsque le chef de projet Simulacron meurt dans d’etranges circonstances dans l’enceinte de l’Institut de Cybernetique et de Recherches Futuristes (IKZ), son successeur commence a remarquer d’etranges phenomenes,…Ce pourrait-il que tout cela ait quelque chose a voir affaire avec le projet Simulacron, projet-phare de l'institut…?
Dans les annees 70s, l’Allemagne etait une terre assez riche en matiere de fantastique a la television. Des productions locales sous formes de telefilms telles Die Delegation / La Delegation (1970) Will Tobler und der Untergang der 6. Flotte / Will Tobler et la Debacle de la 6eme Flotte (1972), Die Welt am Draht / Le Monde "cable" (1974), Operation Ganymed (1977), Fleisch / Viande (1979), ou des series TV telles Das Blaue Palais / Le Palais Bleu (1974) pullulaient.
Le phenomene durera jusque dans le debut des annees 80s avec Kamikaze 1989 (1982) ou encore Der Andro-Jaeger / Le Chasseur d’Androides (1982).
Les annees 70s et 80s connaitront aussi un regain d’interet pour les series fantastiques destinees a un jeune public qui furent majoritairement d’origines tcheques telles Pan Tau (1970), Arabela (1979), ou encore Návstevníci / The Visitors (1983).
A ce titre, DWaD est une des productions tv les plus connues et reconnues (en Allemagne, en tous cas!), meme si elle a disparu des ecrans et des mediatheques pendant presque 30 annees.
Ce qui impressionne le plus, est que le telefilm, base sur un roman de l’americain Daniel F. Galouye, pre-figure avec de une a trois decades d’avances les thematiques de films tels Tron (1982), Urusei Yatsura : Beautiful Dreamer / Lamu le Film 2: Beautiful Dreamer, The Lawnmover Man (1992), Wild Palms (1993), Johnny Mnemonic (1995), Kokaku Kidotai / Ghost in the Shell (1995), The Thirteenth Floor (1999)—une deuxieme adaptation du meme recit de Galouye, ou encore la trilogie Matrix (1999) a (2003).
Les differences dans le traitement des sujets sont cependant flagrantes. DWaD parle de realite, realite virtuelle, identite, identite virtuelle, pertes de reperes, nouvelle humanite et complot corporatiste a une epoque ou techniquement la representation de tout cela est…tres virtuelle!
En fait, DWaD est plus l’heritier d’Alphaville – Une Etrangre Aventure de Lemmy Caution (1965) qu’autre chose.
Pour remettre DWaD dans son contexte historique d’un point de vue informatique, il faut se rappeller que ce fut en 1972 que les premieres connexions internationales furent etablies avec l’Arpanet, precurseur de l’internet. 1972 fut egalement l’annee ou fut smise en vente la premiere calculatrice scientifique. En 1973 l’Ethernet fut cree, menant a la creation de reseaux LAN permettant la connection d’ordinateurs entre-eux, ou avec des imprimantes. En 1974, le premier ordinateur, le MCM/70, premier ordinateur personel fut mis sur le marche, et restera virtuellement inconnu et oublie(!) du public.
Tout cela equivaut a dire, que meme si des ecrivains et scenaristes se penchaient déjà sur le monde de l’informatique et du virtuel, leurs visions seront encore tres difficiles a mettre en images ou a suggerer des images pertinentes dans l’esprit des lecteurs.
Ceci est en fait l’un des deux grands “defauts” du telefilm. L’on sent une volonte de mettre des images etranges / sur-realistes en scenes pour accentuer un “decallage” qui s’expliquera par la suite au fur et a mesure de l’intrigue, cependant la technique—pertinente—pour l’epoque aura tendance a paraitre un tantinet “ringard” a des spectateurs du 21eme siècle. L’on pourrait penser que la lecture du Voyage dans la Lune de Vernes produira un effet similaire; sympatique, interessant, decalle, mais aussi plutot “a cote de la plaque” dans la forme, meme si tres pertinente quant au fond.
Un autre grand defaut est le rythme du metrage (205 minutes en deux parties, quand meme!) qui est TRES lent et souvent traite de facon un peu trop decallee l’action ou la violence qui de-ci, de-la egrene le recit. La lenteur tend a accentuer un cote “euro-artsy” tendence “pretentieux” (les couleurs froides, les clubs “tendances” et ”designs”, les couloirs froids qui menent a des bureaux ou sont exhibes des objets “moderno-bizarroides”) qui en rebuterait plus d’un, alors que le metrage pose avec intelligence les jalons de ce qui allait devenir non seulement un genre du cinema fantastique, mais aussi…notre quotidian…
Le casting est essentiellement en diapason avec le rythme decalle orchestre par RWF. Klaus Loewitsch dans le role principal est un personnage de television allemande tres connu entre series TV et films et qui aura figure au generique de quelques productions etrangeres: The Odessa File (1974) The Cross of Iron (1977) ou encore Firefox (1982). Ulli Lommel, un habitué des films de Fassbinder, passera aux productions US plus vite et y perseverera (Boogeyman II (1983), Zombie Nation (2004), BTK Killer (2005)

A voir pour l’intelligence et la precocite du propos, ainsi que la retenue (forcee—epoque oblige), mais il serait peut-etre judicieux de s’y attaquer “a son rythme” pour eviter un certain ennui qui a tendance a poindre de temps a autre, ainsi que pour resister au cote visuel “vieillot” de l’entreprise.
Die Welt am Draht: 3 / 5 (pour la mise en oeuvre visuelle, par moment tres dure a supporter) et 4.25 / 5 pour l'accuite du propos.
P.S. World on a Wire est sorti recemment en version anglaise en dvd, suite a la re-sortie du film en VO en Allemagne. Avis aux amateurs de Rainer, donc.