Contraint de séjourner dans une petite ville minière australienne, un jeune instituteur découvre les loisirs bien particuliers des habitants du cru en compagnie d'un shérif débonnaire et un médecin alcoolique.

Celui-là, cela fait un bout de temps que je cherchais à le voir, vu qu’il s’agissait apparemment de l’un des opus majeurs du souvent bien inspiré Ted Kotcheff. Et effectivement on ne me l’avait pas survendu. Wake in fright est clairement un morceau cinématographique de choix, qui surpasse tout ce que j’avais vu de Kotcheff jusqu’à présent.
Wake in fright se rattache autant à cette vague de films coup de poing du début des années 70 analysant chacun à leur façon la part de bestialité présente chez l’homme moderne (Les Chiens de paille, Deliverance) qu’à la veine écolo fantastique du cinéma australien de la fin de cette même décennie (La Dernière vague, Long Week-end). On retrouve en outre quelques thèmes et figures de style (les flash-backs electro-choc) propres au cinéma de Kotcheff qui, comme dans les subséquents Billy two hats et First Blood, accorde une place prépondérante à l’environnement semi-sauvage dans lequel évoluent ses personnages principaux. Il est par ailleurs intéressant de noter que l’intrigue fonctionne un peu comme un calque inversé de celle de First Blood, puisqu’il est ici question d’un étranger « confronté » à une ville non plus hostile mais par trop accueillante, communauté dont il cherchera vainement, tout comme John Rambo plus tard, à s’extirper. En ce sens, le film rappelle également le plus récent U-Turn d’Oliver Stone, en beaucoup moins chichiteux dans la forme et avec l’avantage de proposer un commentaire social extrêmement fort sur le désœuvrement des populations blanches vivant au cœur de l’Australie, que l’on sent quelques part totalement inadaptées à l’environnement dans lequel elles se sont installées.

Sans concession dans son message, d’une grande efficacité, pour ne pas dire brutalité, dans sa mise en image, Wake in fright bouscule donc méchamment son spectateur. Et nul doute que le stupéfiant épisode de la beuverie dantesque / partie de chasse aux kangourous (massacre serait un terme plus approprié), en tétanisera plus d’un. Un passage si impressionnant d’ailleurs, que l’intérêt du film ne peut ensuite que sensiblement retomber, son dernier tiers étant à mon avis un tout petit peu trop expédié,
Bref, pas exactement le film qui vous donnera envie de passer vos fêtes de fin d’année en Australie (l’intrigue se déroule sur cette période), mais une œuvre dense et forte, disponible depuis peu dans une version restaurée par le National Film and Sound Archive of Australia (c’est t’y pas la classe, ça).
