
Betty, une jeune actrice venant des confins de l'Oregon, s'installe à Los Angeles dans l'appartement de sa tante pour tenter sa chance à Hollywood. Elle découvre qu'une amnésique, qui prétend s'appeler Rita, s'est réfugiée dans l'appartement.
"Mullholand Drive" est un film créé dans la douleur par David Lynch. Il s'agit dans un premier temps d'un pilote de série TV commandée à par ABC, puis refusé par cette chaîne. Lynch en conçoit une vive déception, mais accepte de bricoler une fin au métrage, permettant de donner un tout (à peu près) cohérent, grâce à de l'argent fourni par studiocanal et le producteur français Alain Sarde. Le film n'a pas vraiment été un grand succès commercial, mais a certainement été une très grande réussite critique, valant une nomination aux Oscars en tant que meilleur réalisateur à David Lynch.
Malgré une génèse compliquée, Lynch retombe bien sur ses pattes, avec son film qui se présente un peu comme un Twin Peaks urbain, mélangeant les passages drôles (la concierge incarnée par Ann Miller), inquiétants (les frères Castigliani), ou les deux à la fois, dans une succession de moments lynchiens inspirés et réussis : la dégustation de l'expresso par Angelo Badalamenti, le réalisateur rentrant chez lui et découvrant sa femme au lit avec le nettoyeur de piscine, les auditions... Si certains moments sentent un peu la redondance (le club Silencio), l'exécution est toujours aussi méticuleuse et inventive. Certains moments ou répliques rentrent immédiatement dans l'imaginaire du cinéma insolite ("This is the girl !")
Le coeur du métrage est évidemment ses deux personnages principaux, incarnées par Naomi Watts (dont la carrière a été singulièrement accélérée par ce métrage) et Laura Harring. Deux femmes superbes se croisant au gré d'intrigues amoureuses donnant lieu à des scènes d'une sensualité mémorable, pour le moins...


L'épilogue (après l'ouverture de la boîte) bascule dans un bizarre marchant sur les traces de "Lost Highway" : la chronologie s'embrouille, on revient dans le passé, mais pas vraiment, des personnages en deviennent d'autres, tout en restant les mêmes... Des séquences réussies, pleine d'inventions. Je regrette juste la toute fin, avec les deux petits vieux, pas très heureuse à mon sens. Mais "Mulholland Drive" reste un très bon film, la dernière réussite de Lynch... avant sa retraite anticipée !
Vu sur le dvd studiocanal français (l'édition simple, qui se contente de reprendre le DVD1 de l'édition 2 DVD). "Mulholland Drive" n'a jamais été très bien noté pour sa qualité d'image, que ce soit en dvd ou en hddvd, et on a souvent accusé les éditeurs à ce sujet.

Il est clair que les contrastes ne sont pas toujours les plus impressionnants, la définition de la copie 1.85 (16/9) n'est pas la plus frappante, il y a un grain parfois un peu grossier. De mon côté, je soupçonne surtout que cela ait un rapport avec le fait que la très grande majorité du métrage a été tourné pour la télévision, avec les contraintes techniques et matérielles que cela implique (lumière poussée, contrastes modérés, budget modique, tournage rapide). Le résultat d'ensemble reste très correct, conforme à mes souvenirs de la vision en salle à l'époque. Bande son Dolby Digital 5.1 très travaillée comme toujours chez David Lynch, bien qu'avec des voies arrières quasi-muettes, là aussi conformément aux intentions du metteur en scène. VF DD 5.1 et STF.
En HD, "Mullholand Drive" n'est sorti qu'en HDDVD pour le moment (chez studiocanal en France), mais un bluray est annoncé chez le même éditeur pour septembre si l'on en croit dvdfr :
