Six destins - Julien Duvivier - 1942

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Manolito
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Six destins - Julien Duvivier - 1942

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Titre US : Tales of Manhattan

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Un manteau à queue de pie va circuler chez divers habitants de Manhattan et influer sur leurs destins.

Avec l'arrivée de la seconde guerre mondiale, le réalisateur français Julien Duvivier (La belle équipe) fait partie de ces personnalités du cinéma qui, plutôt que de travailler avec les allemands, choisit l'exil à Hollywood. Il y est bien reçu. N'est-il pas le réalisateur de "Pépé le moko" dont "Casbah", le remake américain avec Charles Boyer, a été un gros succès en 1938 ?

Avec "Six destins", il tourne pour la 20th Century Fox un film à sketch réunissant un casting éblouissant.

Un acteur (Charles Boyer) rejoint sa maîtresse (Rita Hayworth). Ils sont démasqués par le mari de cette dernière, collectionneur d'armes à feu.

Le jour de son mariage, une jeune femme trouve dans la poche de son futur mari une lettre d'amour dont elle n'est pas l'auteur. Un ami (Henry Fonda) du fiancé cavaleur tente de faire croire à la jeune promise que la lettre était destiné à lui, et non au futur époux...

Un compositeur fauché (Charles Laughton) est découvert par un chef d'orchestre célèbre qui lui offre la possibilité de faire des grands concerts. La femme du compositeur pauvre (Elsa Lanchester) lui offre pour cette occasion une redingote.

Un avocat déchu (Edward G Robinson), devenu clochard et alcoolique, est invité par des amis (parmi lesquels George Sanders) avec lesquels il a fait ses études pour une soirée de commémoration. Ils ne l'ont pas vu depuis plus de 20 ans et ignorent tout de sa déchéance...

Un poivrot (WC Fields) se fait passer auprès de la bonne société pour un expert en lutte contre l'alcoolisme.

Des voleurs larguent par accident un magot au-dessus du village d'une communauté Noire et pauvre. Le pasteur du village va devoir décider quoi faire de cet argent...

Comme on le voit, une distribution qui calme un grand coup, au service de laquelle se met une mise en scène excellente de Duvivier, soignée et pleine d'esprit, avec des décors magnifiques, des qualités de production superbes.

Film à sketchs oblige, certains moments marchent mieux que d'autres. Les deux premières histoires m'ont paru un peu longuette, mais le film trouve vraiment son tempo avec l'histoire de Charles Laughton et culmine avec celle de Robinson, superbe.

Le passage avec WC Fields, féroce et coquasse, avait été coupé à l'époque mais est insérée dans les copies circulant actuellement. La qualité d'image est un peu moindre et cela entraîne un petit souci de continuité narrative avec le reste du film.

Globalement, un bon, solide film à sketchs, intelligent, malin et classieux, rappelant un peu "La ronde" quelque part. "Six destins" délivre un délicieux fumet d'Hollywood prestigieux, adulte, divertissant et nostalgique.

Bien qu'il ait été question à un moment que "Six destins" sortent en dvd aux USA, cela ne s'est jamais fait, et il n'a jamais été distribué en dvd nulle part.

Il y a eu une vhs Fox aux USA, mais apparemment pas en France.

Je l'ai vu sur ciné cinéma classic où il est passé il y a peu. Copie 1.33 4/3 noir et blanc d'origine, correcte, mais avec des dégradés de gris pas toujours très naturels, une image un peu lissée, des petites saletés, des contrastes un peu trop mous. Pour un film inédit en DVD, c'est tout de même très acceptable.

A noter que si vous regardez le film en progressif, la séquence avec WC Fields pose un problème car elle est "décalée" par rapport au reste du métrage (c'est à dire que les "demi images" ne se combinent pas correctement, ce qui entraine de nombreuses zébrures vite insupportables). Il faut donc mieux visionner le film en mode "video" qu'en mode "film" sous peine de subir cette inconvénient. On perd toutefois légèrement en définition.

Cela prouve en tous cas que ce master vidéo n'est pas de première jeunesse.
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