L'amiral - 2008 - Andrey Kravchuk

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Manolito
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L'amiral - 2008 - Andrey Kravchuk

Message par Manolito »

Titre russe : Admiral

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Durant la seconde guerre mondiale, un officier de la marine, Koltchack, gravit rapidement les échelons jusqu'à devenir amiral. Lors de la révolution d'octobre en 1917, il refuse de se mettre au service de l'armée rouge et organise une armée contre-révolutionnaire avec l'aide des alliés américains et français...

"L'amiral" est une grosse production russe, qui participe à la réhabilitation de l'amiral Kolchack, chef de l'armée blanche lors de la guerre civile ayant suivi la révolution d'octobre. Ce film à grand budget louche fortement vers les souvenirs d'autres grandes fresques célèbres, comme "Docteur Jivago" (qui se déroule à la même période), le "Guerre et paix" soviétique des années 60 est mentionné un peu indirectement (le prologue et l'épilogue se déroule sur un tournage dont on devine qu'il est celui de ce film), et on évoque même un peu "Titanic" avec cette vieille dame qui se remémore ses souvenirs !

Nous avons souvent vu la révolution d'octobre au cinéma à travers des films sympathisants de la révolution, pour ne pas dire de franche propagande comme "Le cuirassé Potemkine", "Octobre", dans une certaine mesure le "Reds" de Warren Beatty ou, plus neutre, "Docteur Jivago".

Ici, nous nous trouvons face à un film de propagande des années Poutine, qui va dans le sens totalement opposé de ceux des Eisenstein, à savoir que les officiers sont pour la plupart braves, beaux et valeureux, que tout ce qui ressemble à un révolutionnaire est ici invariablement un gueux brutal aux manières grossières. Les officiers vivent dans des palais superbes, organisent des bals et des soirées exquises, mais jamais les raisons de la Révolution, la vie des simples soldats ou du peuple à cette époque est évoquée. Par contre, on a le droit à force génuflexions devant des icônes et des popes charismatiques. Voici un film entièrement dédié à la gloire de l'armée et de l'église donc, qui n'offre aucun contrepoint, peu de subtilité dans la peinture de l'Histoire.

Cela est regrettable, car il est certainement intéressant d'évoquer la guerre civile du côté blanc en sortant de certaines caricatures. "L'amiral" ne fait qu'inverser la caricature et trace un portrait excessivement hagiographique, au message au fond réactionnaire, de Koltchack, tant et si bien qu'il passe à côté d'une belle opportunité. Ce qui est regrettable.

D'un point de vue cinématographique, "L'amiral" souffre indéniablement d'une réalisation peu personnelle, misant avant tout sur les décors d'époque, les beaux costumes et une musique hollywoodienne pour assembler le tout. L'histoire d'amour entre le maréchal et sa jeune infirmière est édifiante et un brin passe-partout.

La première partie (avant la révolution) est heurtée et beaucoup trop précipitée, les scènes de bataille misent sur des images de synthèse qui, sans être ratées, sont voyantes.

A partir de la révolution, le film devient plus spectaculaire et plus réussi, plus intéressant aussi. Les trahisons, les défaites s'accumulent et Koltchack se retrouve de plus en plus isolé, dans une fuite sans espoir.

A noter que ce front impliquait la présence des alliés français aux côtés de Koltchack et ses Blancs (cf. la fin de "Capitaine Conan"), ici représentés par Richard Bohringer dans le rôle d'un général français !

Bref, une fresque ambitieuse, partant d'un sujet a priori tout à fait passionnant, mais ce film financé par le ministère de la culture russe est traité de manière très unilatérale, avec un style cinématographique sans relief, tant et si bien que, s'il a un certain intérêt pour les amateurs de cinéma historique, il ne restera pas spécialement dans les mémoires.

Je pense que ce métrage (de deux heures) et peut-être aussi un peu trop court, il semble être mené au pas de course, avec des transitions trop heurtées.

Vu sur le bluray france télévisions.

Encore un bluray à éviter puisqu'il n'est pas fullhd. En effet, il ne propose qu'un transfert 1080i/50hz en lieu et place du 1080p/24p qui devrait être proposé pour un film de cinéma... :?

La copie 2.35 est correcte, avec une propreté irréprochable, même s'il y a quelques soucis d'étalonnage (surtout durant la première heure, il me semble), avec des noirs bouchés et quelques blancs brûlés. Par la suite, cela s'arrange, même si l'image n'atteint jamais des sommets en terme de définition. Les plans les plus agités tendent à manquer légèrement de netteté... Bande son dts master russe réussie, avec vf dts master et stf.
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