Les canons de Navarone - 1961 - Jack Lee Thompson

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Manolito
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Les canons de Navarone - 1961 - Jack Lee Thompson

Message par Manolito »

Titre GB : The Guns Of Navarone

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Durant la seconde guerre mondiale, un commando britannique est envoyé dans une île grecque occupée par les nazis afin de détruire une énorme batterie d'artillerie, au rôle stratégique crucial.

Les années 60, ou l'âge d'or du cinéma anglais...

Columbia, qui vient de connaître un triomphe avec "Le pont de la rivière Kwai" s'associe au producteur Carl Foreman pour élaborer un film d'aventures à la formule assez proche. Un scénario inspiré d'un roman, un réalisateur anglais, tourné dans un site exotique et spectaculaire (ainsi que dans des grands studios anglais en l'espèce), avec un casting mêlant stars hollywoodiennes (Gregory Peck et Anthony Quinn), vedettes du cinéma britannique (Richard Harris, Stanley Baker, David Niven) et locales (Irene Papas). On rajoute là-dessus des gros moyens, une musique de Dimitri Tiomkin, et on sert bien chaud.

Bon, j'avoue avoir été un peu déçu par ces "Canons de Navarone". C'est certes un grand spectacle assez rythmé, avec son lot de décors spectaculaires, avec de l'action, des acteurs plutôt en forme, des explosions, des rafales de pistolets mitrailleurs, des maquettes, des mate painting réussis...

Mais c'est aussi un film long (2h30) et assez froid, qui manque un peu de coeur dans la narration de son histoire. Entre SS sadique et quasi-albinos, soldats allemands aboyant des "Schnell" et des "Los" à tout bout de champs, tueur qui doute, baroudeur vétéran peu bavard, histoire de résistance et de trahison, chef confronté à des dilemmes cornéliens... On ne peut pas dire qu'on va de surprise en surprise. Seul la scène de la dénonciation de la trahison parvient à trouver un peu de l'intensité humaine qui, je trouve, fait défaut à ce film techniquement propre, mais un brin mécanique.

Cela reste un grand spectacle divertissant, qui fait passer une soirée agréable (et lancera tout un courant de films de commandos à l'anglaise, cf. les Andrew V. McLaglen), mais pas un grand classique mémorable pour moi.

Vu sur le dvd français suivant :

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Il s'agit en fait de l'édition dvd simple de Sony sortie dès 2000 en France.

Copie 2.35 16/9 correcte, bien qu'assez inégale. Certains passages sont très bons (la fête dans le village), d'autres semblent venir d'une source moins fraîche. Par exemple, la scène de l'interrogatoire chez les allemands commence très proprement, puis vers la fin, on passe manifestement à une autre copie plus brute. Le film regorge de plus de trucages optiques : non seulement les classiques fondus enchainés, texte incrusté, etc. mais aussi des fonds bleus primitifs et autres trucages qui accentue encore une certaine inégalité. On repère des petites saletés, un peu de edge enhancement, mais rien de très grave pour ce dvd qui a quand même dix ans d'âge.

Bref, un résultat globalement correct, mais on se dit qu'une restauration plus récente ferait sans doute du bien aux "Canons de Navarone". Bande son anglaise 5.1 légitime (le film a été exploité avec des mixages multipistes à l'époque, en 35mm et en 70mm) et très correcte.

Le film est ressorti en 2007 dans une édition deux dvd, avec manifestement la même copie.

Sony avait annoncé vaguement une sortie en bluray au début du format, mais l'idée semble s'être perdue depuis :

http://www.dvdfr.com/dvd/f150037-canons ... arone.html
mallox
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Re: Les canons de Navarone - 1961 - Jack Lee Thompson

Message par mallox »

Suis resté devant il y a peu de temps lors d'un passage télé et je dois dire que je partage entièrement l'avis de manolito sur ces "Canons de Navarone". C'est solide, bien mené, mais pourtant les personnages ne déclenchent pas plus d'empathie que cela ; certaines situations sont tirées par les cheveux (Quinn qui fait son cinéma de vieux grec avec les allemands qui débarquent, ça passe moyen niveau crédibilité). Il manque incontestablement un quelque chose en plus, un peu comme tout le cinéma de Jack Lee Thompson serais-je tenté de dire, pour avoir revu également très récemment "Taras Boulba" puis "Les rois du soleil", l'ancêtre d'Apocalypto, avec Yul Brynner et George Chakiris.
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Superwonderscope
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Re: Les canons de Navarone - 1961 - Jack Lee Thompson

Message par Superwonderscope »

Vu sur le Blu Ray Sony français. La copie est vraiment très chouette, surtout pour permettre de visionner le film dans les conditions pour lesquelles il a été tourné. Ceci est confirmé dans l'un des bonus (qui sont légion!) sur la remastérisation du film. Comme la scène d'ouverture que presque chacun connait comme se déroulant de jour... en fait non, elle se déroule en pénombre et ce sont les copies tirées qui ont dénaturé les couleurs et les contrastes. Ce bonus est par ailleurs passionnant sur comment un tel film au succès planétaire a été "perdu" par son producteur, en terme de conservation des originaux. Les 4 pistes stéréophoniques originels étaient là aussi perdues, et n'ont été récupérées que via des copies 35 protées par des collectionneurs! Ce qui en dit long de ce fait sur les effets stéréo d'origine (en gros pour la scène du bateau et de la tempête, les explosions finales...), ce que le remixage 5.1 a amplifié mais aussi dénaturé. Le travail de reconstitution fut énorme, et tout cela se voit à l'écran.

J'ai donc vu le film "pour la première fois" j'ai envie de dire, car la vision du BD a changé ma perception du film. Ce que je prenais pour un nième film de guerre, vu et revu aux soirées "le cinéma du dimanche soir" sur TF1 dans ma jeunesse, apparait tout autre ici.

Je suis assez raccord sur certains commentaires ci-dessus (Quinn et sa scène de maladie forcée, qui intègre moyennement), mais j'ai totalement accroché à la progression dramatique du film et ne me pas ennuyé un seul instant! (NB : j'ai vu la version "roadshow", plus longue de ce fait, puisque le bd offre la possibilité de voir les 2)
Peck est parfait dans son rôle de major anglais coincé par son devoir (dont il il ne veut pas vraiment), générant à la force respect et animosité. Niven, sortant de l'affreux et ennuyeux (pou le coup, sa revoyure en grand écranavait été une immense déception pour moi) Pont de la Rivière Kwai, se voit offrir un autre rôle plus détaché : il y est juste nickel ici. En fait, on voit qu'il s'agit plus d'un film de serriste qu'autre chose, du fait de la profusion de seconds rôles, tous animés par une certaine robustesse et richesse de liens. Curieux de voir une star de l'époque comme Stanley Baker dans un rôle moindre. il est indiqué dans les bonus qu'il demanda à participer au film, du fait de son rôle anti-militariste. Ce que le film est dans une certaine mesure.

Le choix de Jack Lee Thompson s'avère aussi judicieux. je ne m'en cache pas, j'aime beaucoup l'oeuvre de ce cinéaste injustement cantonné à un rôle de "bon technicien" dans le meilleurs des commentaires. Qu'il s'agisse des scènes d'exposition ou d'action, il sait dynamiser ce qui se passe à l'écran : disposition des acteurs dans le cadre, gestion des regards... l'une des featurettes explique justement sa manière de travailler, c'est plutôt éclairant. Il reste par ailleurs le seul cinéaste à avoir s exploiter le peu de capacité d'acteur de Charles bronson pour lui faire exprimer quelque chose à l'écran. Il reitère ici l'exploit en réussissant à faire jouer l'idole teenager chanteur/acteur à la Frankie Avalon (James Darren) : quand on voit son jeu dans Gidget et ici, il y a un monde. L' expertise technique de J.L Thompson est criante ici, créant une retenue dans les sentiments générés : un flegme britannique à l'inverse des films 100% US plus penchés sur la bravade et les débordements virils. J'apprécie cette distance humaine, qui à mon sens colle parfaitement au sujet et au film. Dans les bonus, on sent justement un énorme respect pour le bonhomme de la part des principaux protagonistes.

La partie SFX (un oscar de gagné en l'occurrence pour cela) passe plutôt bien les années. Si certains plans (les attaques des avions dans le canyon) font un peu mal aux yeux, le reste est juste spectaculaire. La naufrage du bateau est just wow :shock: , l'ascension de la falaise prenante et bien sur toute la dernière partie de manque pas de grandiloquence. On n'est pas dans les cames qualitatives d'un travail d'Eugène Lourié ou de Derek Meddings, mais pas très loin.

Bref, un "classique" comme on ne refera jamais, avec des personnages réellement attachants (j'aime beaucoup Irène Papas, avec un rare sourire complice dans une scène avec Quinn, qui fait justement évoluer le personnage en l'espace d'1/2 seconde), la profusion de détails, l'utilisation judicieuse des décors naturels de Rhodes, le sens de l'aventure.

Conquis, je suis :)
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arioch
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Re: Les canons de Navarone - 1961 - Jack Lee Thompson

Message par arioch »

Superwonderscope a écrit :Niven, sortant de l'affreux et ennuyeux (pou le coup, sa revoyure en grand écranavait été une immense déception pour moi) Pont de la Rivière Kwai,
?
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