La Cena per farli conoscere - Pupi Avati (2007)

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manuma
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La Cena per farli conoscere - Pupi Avati (2007)

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Sandro Lanza est un acteur au crépuscule de sa carrière, ancienne vedette du cinéma populaire italien des années 60-70. Il a trois filles de mères différentes, Ines, journaliste à Paris, Clara, pédiatre à Madrid et Betty, épouse malheureuse qui vit à Rome, toutes 3 abandonnées pour se consacrer à une profession-passion qui le rejette aujourd’hui. Suite à une opération de chirurgie esthétique manquée et une fausse tentative de suicide destinée à le remettre sur le devant de la scène, Sandro renoue avec ses filles, le temps d’un repas à la veille de Noël.

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S’exprimant à travers des genres aussi différents que la farce all’italiana, le biopic, le film historique, la chronique adolescente ou le film d’épouvante, Pupi Avati est l’un des derniers cinéastes–auteurs italiens ayant connu (la fin de) l’âge d‘or du cinéma transalpin à travailler encore à l’heure actuelle avec une belle régularité. Et, au regard de ce Cena per farli conoscere, du délicat Un Cœur ailleurs (2004) ou encore de son très bon film « de poker », La Rivincita di Natale (2004), il est vraiment dommage que son œuvre soit autant négligée de ce côté-ci de la chaîne Alpines.

Relevant en apparence de la classique chronique familiale bourgeoise tragi-comique (à la Danielle Thompson ... enfin, n'ayez pas peur ! ça se limite au cadre social), La Cena per farli conoscere aborde le thème des opportunités – petites et grandes – manquées tout en rendant en parallèle un bel hommage au cinéma italien de la grande époque à travers son personnage central d’acteur de cinéma bis déchu reconverti dans le sitcoms télé – à la Gianni Garko / Ray Lovelock – qu’interprète Diego Abatantuono. Le fictif Sandro Lanza ne cesse ainsi d’évoquer sa rencontre avec le grand Pietro Germi, qui, s’il l’avait fait tourner, aurait pu donner une autre toute autre direction à sa carrière. Et Avati d’évoquer par le même biais aussi bien Dino Risi que Sergio Corbucci et, à travers lui, ce cinéma d’exploitation pas toujours bien apprécié en son temps au sein duquel Avati lui-même a œuvré avec succès.

Les références ne manquent donc pas, mais sans que l’on tombe pour autant dans le pensum amer. Car Avati est un sage, un délicat, un pudique qui sait éviter les grands effets dramatiques. Ainsi la scène-pivot du film, celle du repas dans cette froide et impressionnante demeure toute en baies vitrées, que l’on jurerait avoir déjà visité au détour d’un giallo d’Argento ou d’Ercoli, est-elle bâtie autour de discussions à priori anodines, dont l’importance au sein du récit ne n’affiche pas ouvertement. L’hommage est feutré, évidemment teinté d’une certaine nostalgie pour une époque révolue ainsi que d’une pointe d’ironie mordante envers l’Italie actuelle, mais sans jamais faire preuve d’aigreur, en abordant les choses plutôt sereinement.

Un très beau film de plus à mettre au compte d’Avati … du moins est-ce l’impression sur laquelle il m’a laissé, accompagné d’une petite frustration de n’avoir pu le découvrir avec sous-titres.

A noter que le film s’achève sur l’amusante filmographie défilante de Sandro Lanza, contenant des titres tels que Walter e i suoi fratelli (1963), Colpogrosso al servizio della regina (1967), Un colpo dolce da uccidere (1969) Squadra antiraket (1976) The Last Zombie Holocaust (1979) La Liceale e l’amica di papà (1980) ou encore Inchiesta al Blue-Gay (1984).
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