Voilà des années que Manny cumule les aller / retour en taule mais cette fois-ci, tout laisse à penser qu'il va y rester un bout de temps... Sauf qu'à peine arrivé, il a déjà un plan d'évasion en tête. Sa notoriété le précède et Buck, un jeune détenu, le suit dans son escapade. Les deux hommes rejoignent péniblement une gare ferroviaire, montent à bord d'un train vide mais au démarrage, le vieux conducteur meurt d'une attaque et la machine s'emballe. Les deux taulards vont tout mettre en oeuvre pour stopper le monstre alors qu'au poste d'aiguillage, on tente avant tout de limiter la casse en dirigeant le train fou vers une voix sans issue...
Je ne sais pas dans quelle mesure c'est une réalité mais il s'agirait à l'origine d'un scénario de Kurosawa. Pourquoi pas. Car contrairement au Unstoppable de Scott, l'idée n'est pas ici de livrer une action survoltée mais la vision de deux hommes face à l'adversité. Et c'est là que Runaway Train est terriblement brillant. Il nous montre une évasion qui tourne au drame et deux visions d'un même évènement. La mort qui s'annonce est-elle, comme semble le penser Manny, l'aboutissement logique et éclatant d'une vie dédiée à l'évasion et à la liberté ? Ou bien est-ce, comme l'envisage le jeune Buck, une fatalité injuste, constat d'un échec ?
Mais pour en arriver à cet affrontement de deux logiques, Konchalovsky va prendre grand soin de développer deux personnages bien différents, incroyablement interprétés par Jon Voight et Eric Roberts, ici dans l'un de ses plus grands rôles. Peut être le plus grand. Les deux acteurs sont splendides et l'on voit, on comprend la méprise qui sépare les deux hommes. Le vécu n'est pas le même, l'âge n'est pas le même, les ambitions divergent. Le spectateur est partagé entre la soif et vie et, peut être, sur la fin, l'incroyable puissance de la liberté enfin offerte.
Le film est beau, émouvant, extrêmement réussi dans les émotions qu'il explore. C'est juste énorme de voir un film porté ainsi par deux acteurs, et ce même si quelques seconds rôles apportent leur pierre à l'édifice. C'est le cas par exemple du directeur de Prison, allant jusqu'à jouer sa vie pour s'assurer que Manny n'aura pas ce à quoi il aspire. C'est le cas aussi d'une jeune femme, incarnée par Rebecca De Mornay, également prisonnière du train et stimulant davantage encore Buck dans sa soif d'espoir et de vie.
A Mon sens, Runaway Train est un très beau film, menée de main de maitre jusqu'à un final... puissant ! Must have.
Reste un mystère : Comment peut-on être à la fois réalisateur de Runaway Train et de Tango & Cash ?
