
Il s'agit d'un documentaire amateur, qui a été aidé ensuite par l'état d Pennsylvanie et le Sundance Channel.
Les réalisateurs avaient en tête de faire un docu-journal à propos du jeune CJ et ce qu'ils découvrent en fait va faire changer le film de direction. Toujours centré sur le combat d'une mère pour son fils (qu'elle finira par retirer de l'école suite aux menaces de mort), contre un système éducatif local qui, sans le dire, supporte les vues des appels à la haine d'une représentante locale de l'AFA. Qui possède une émission de radio locale, plutot écoutée par les habitants de ce coin de la Rust Belt américaine.
Joe Wilson découvre qu'après 25 ans avoir quitté le pays, rien n'a changé - et cela a même plutôt empiré. Quelles que soient les minorités, comme il est dit à un moment "si tu n'es pas un homme blanc qui pratique la position du missionnaire, tu n'as aucune chance". Au gré des rencontres : une jeune femme d'origine arabe battue, un couple de lesbiennes harcelée par la fameuse présidente de l'AFA car elle souhaite réouvrir le théatre local, un pasteur homophobe et sa femme qui finalement s'ouvrent au dialogue avec le réal.... ce dernier réalise que combattre l'AFA de manière directe en sert pas à grand chose, mais qu'il faut s'adresser au dialogue et à l'entraide citoyenne, puis les moyens légaux à disposition pour tenter de faire reculer l'incompréhension générale.
Le ton est étrangement posé, calme, peu rentre-dedans. Une sorte d'anti Michael Moore, car le regard posé sur les intervenants est toujours généreux, même dans le cas des extremistes traditionnels ou Joe Wilson cherche avant tout le dialogue et de comprendre d'où viennent ces messages d'intolérance. Aucun jugement n'est posé sur celles et ceux qui ne l'acceptent pas. Il a d'ailleurs une assez belle phrase lors d'une discussion avec le pasteur : "j'accepte vos croyances religieuses, mais je ne peux en accepter leurs préceptes si ceux-ci excluent des personnes de la vie citoyenne à laquelle nous avons droit".
Le plus édifiant reste les scènes du conseil du lycée où le conseil administratif rit devant le discours de la mère indiquant que les menaces verbales et les attaques physiques sur son fils mènent à son exclusion (en gros, c'est de la faute du fils) et vont jusqu'à des menaces de mort; Ils quittent la salle, pas du tout concernés , même lorsque le jeune homme raconte que lors d'un tabassage, les profs détournent la tête et laissent faire

Pas de pathos, pas de manipulation d'image, mais une histoire d'amour et de haine à la petite semaine dans une petite ville moribonde américaine. C'est une belle leçon d'humanisme et de courage, tout en laissant soigneusement le soin de dire que le changement aura lieu, mais que celles et ceux qui subissent cette intolérance ne le verront, et que cela sera pour la génération suivante.
Vu sur le DVD américain de chez Qwaves. 55mn, 1.78:1. dolby 2.0 version anglaise sans ST;
Vu qu'il s'agit d'un documentaire "amateur", la prise de son directe n'aide pas à la compréhension de certains dialogues, noyés dans la bruit de la ville ou des lieux. Mais le transfert est malgré tout plutôt pas mal vu l'origine du produit et le budget riquiqui.