
Suzanne, une adolescente, se refuse au garçon qu'elle aime, mais commence à coucher avec des garçons pour le plaisir. Son père quitte le foyer conjugal à la même période...
En 1983, Pialat est déjà un réalisateur respecté et admiré par la critique, même s'il n'a jamais été vraiment gâté niveau récompense.
De manière étonnante, quand on pense à son statut dans le cinéma français d'auteur de sa période - l'après nouvelle vague - et la considération qu'il recueille à l'étranger, il n'a jamais été couvert de césars ou de prix cannois, le seul grand prix international qui lui a été remis, la palme d'or de "Sous le soleil de Satan", l'ayant été sur fond de polémique intense. "A nos amours" est quant à lui son seul film à avoir été gâté aux Césars, avec celui du meilleur film et de la meilleure révélation féminine.
Sorti trois ans après "La boum", "A nos amours" en est le contre-pied total. La première expérience amoureuse est un échec, le sexe est très présent, les expériences parfois glauques s'accumulent pour Suzanne - elle se fait dépuceler sans entrain sur une plage par un inconnu. Elle se bourre la gueule à l'occasion, et, loin de la soutenir, sa famille fait de sa vie un véritable enfer dont elle ne cherche qu'à s'échapper.
Le ton est juste, les dialogues et les situations sonnent vraies, les personnages ne sont pas forcément sympathiques, mais ils existent fortement à l'écran, avec beaucoup de relief et d'énergie. Pialat ne fait de cadeaux ni au public, ni aux personnages, ni à lui-même d'ailleurs en se mettant en scène dans le rôle d'un père de famille démoralisé et un peu paumé.
"A nos amours" n'est pas mon Pialat préféré, je le trouve un peu trop heurté et inégal dans son déroulement, ce n'est pas une expérience aussi homogène et forte que "La gueule ouverte" ou "L'enfance nue". Le personnage de Suzanne n'est pas forcément "aimable" et nous tient un peu à distance. Mais c'est tout de même un bon film fort, une bonne claque dans la gueule des traitements classiques et mièvres des premières amours adolescentes au cinéma...

Vu sur le dvd anglais Eureka de la fameuse collection "Masters of Cinema", dans une copie 1.66 16/9 de bonne qualité, bien qu'elle soit quand même le reflet d'une photo naturaliste assez dure, sans chichi, avec gros grains et contrastes assez variables. Bande son mono d'origine. Il y a des STA optionnels.
Il est dispo en France en dvd chez Gaumont.
