Un photo-journaliste voyageant a travers le pays en voiture se retrouve tres mal inspire en prenant en auto-stop un petit garcon pour ramener ce dernier chez lui. Celui-ci tenant a lui presenter sa “famille”, le journaliste est loin de se douter qu’un piege—peut-etre mortel—est en train de se refermer sur lui…
Realise pour la chaine ABC, AtkS est un exemple parmi d’autres d’un excellent (tele)film realise pour la television ou le manque de moyens (compare au cinema) est tres largement compense par une tres belle maitrise du recit, de sa mise en image, le tout complete par une excellente performance du casting, casting (comme souvent a la television) limite—mais majoritairement compose d’enfants(!) dans ce cas-ci.
Face au postulat interessant—et ose (pour l’epoque), l’amateur “moderne” retrouvera tres facilement ses “marques”, ainsi que celles du recit et reussira ainsi a tracer des liens avec d’autres productions (cinematographiques celles-la) mettant en presence des enfants attendrissants, mais plutot “inquietants”, voire franchement dangeureux (?Quien puede matar a un Nino? (1976), ou l’un des sketches de From a Whisper to a Scream (1987) ). Notons neanmoins que ces deux films jouent dans une categorie nettment plus “extreme”, et que le telefilm les devance de plusieurs annees.
Dans une categorie plus “dramatique” (le cas de ce telefilm en fait), l’on pense plus a The Turn of the Screw / The Innocents (1961), le surnaturel en moins et une toute aussi excellente gestion du suspense—grace a notamment un fascinant jeu du chat de la souris, le tout matine d’un malaise qu’il est difficile de reprimer face a une situation ou les etres “sans defenses” se revelent etre les “maitres du jeu”. Une autre comparaison pourrait etre faite avec Lord of the Flies (1963), la "recherche" de l'ordre remplacant la "perte" de celui-ci...
La, ou le malaise prend en fait toute sa dimension, est que les “maitres du jeu” en question, sont eux-memes trompes quant a certaines “regles” ou “aboutissants” du jeu auquelles ils se sont soumis, et sont donc manipules a leur tour, mais dans leur propre “interet”.
De ”maitres du jeu” ou des “pions”, des “gardiens” ou des “prisonniers”, ce sera donc a qui parviendra a le mieux jouer ses cartes, tromper son adversaire et—pour les premiers; retourner la situation a leur avantage ou pour les deuxieme a garder le controle de la situation.
En plus d’une realisation qui doit a tout prix eviter la surenchere pour eviter de tomber dans les “extremes” (en l’occurrence, l’horreur, qui, desservirait le recit) l’interpretation se doit d’etre toute en retenue pour etre credible…
En vedette, l’on reconnaitra facilement Stacy Keach (The New Centurion (1972), Gray Lady Down (1978), Mike Hammer TV (1984) ) en personnage qui n’a pas l’intention de s’en laisser compter, mais qui devra jouer de la tete pour se sortir (vivant) de ce mauvais pas. Il sera efficacement seconde par Samantha Eggar (Doctor Doolittle (1967), The Light at the Edge of the World (1971), The Brood (1979) ), dans le role d’une “victime” resignee, mais qui se graduellement se dechire entre l’espoir (incarne par Keach) et la fatalite (car sachant ou l’echec d’une tentative d’”evasion” pourrait mener)
Face a eux, un groupe d’”innocents”, d’ou emerge John Savage (The Deer Hunter (1979), The Onion Field (1979), The Godfather III (1990) ) en leader dedie a sa “famille”, et qui fait bien passer l’etrange statut conflictuel du double-role assume de “maitre du jeu” et de membre de la “famille”. Etonnament, les autres acteurs du groupe ne persevereront pas ou prou et tous raccrocherent (certains memes apres cette seule experience…).
A la realisation, et pourtant tres loin de ses westerns “cheris”, l’on retrouve Burt Kennedy (The War Wagon (1967), The Rhineman Exchange TV (1977), The Wild Wild West revisited TV (1979) ), dont la realisation parvient a parfaitement exploiter son décor, décor loin de toute “civilisation”, donnant a cette etrange aventure un cachet intemporel et difficile a situer geographiquement.
Kennedy apporte egalement certaines “touches” imperceptibles, mais permettant de creer un climat semi-fantastique, moins dirige vers le spectateur, que vers (le spectateur le devine)…les protagonistes (l’arrivee du personnage principal dans la propriete apres s’etre literalement perdu—ou avoir ete perdu—en route, les apparitions des chiens, les “legendes” et ”on-dits” entourant le sort reserves aux “autres”, la raison pour laquelle il a ete amene en ces lieux).
Par instant, le recit semble toucher au “conte”, pas forcement un “conte de fees”, mais un “conte pour enfants”, tendre dans son fond, mais sinistre dans sa forme, ou la morale de l’histoire, serait que des enfants, et quelque soit le “pouvoir” qui soit a leur disposition, ne resteront toujours…que des enfants, et que la volonte de batir un monde aussi “parfait” et “pur” soit-il, ne peut etre possible si on le base sur la coercition, la violence et la mort…
Un telefilm qui fonctionne donc a tous les niveaux qu’il s’est fixe; fantastique, conte, moral, suspense, realisation et interpretation et qui est donc chaudement recommande.
All the kind Strangers: 4.25 / 5
All the kind Strangers TV (1974) – Burt Kennedy
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
-
- Messages : 5044
- Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
- Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!
All the kind Strangers TV (1974) – Burt Kennedy
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Re: All the kind Strangers TV (1974) – Burt Kennedy
Sorti chez nous en VHS sous le titre Les Inconnus du désert et diffusé sur La 5 au cours de l’été 1988. J’en garde un excellent souvenir. Histoire originale, troublante ambiance rurale fantastico-horrifique, bonnes prestations de Stacy Keach et Samantha Eggar. Probablement ce que j’ai vu de mieux en provenance de chez Burt Kennedy réalisateur, avec Welcome to hard times et son adaptation de The Killer inside me (dans laquelle il retrouvait Stacy Keach).
Re: All the kind Strangers TV (1974) – Burt Kennedy
Bluesoul, tu l'as vu sur le zone 1 ? Est-il de bonne qualité ? Y a t'il des sous titres français ?
merci
merci
-
- Messages : 5044
- Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
- Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!
Re: All the kind Strangers TV (1974) – Burt Kennedy
@ ctiss; desole pas vu sur copie DVD. En fait, ce n'est qu'en preparant ma notule que j'ai vu qu'il etait dispo sur Mazon.com (chez des editeurs varies
). Aucun des commentaires ne parle de la qualite malheureusement...
Bref, pour bibi aussi, ce sera un tir a l'aveuglette...
@ Manuma; "Les Inconnus du Desert" fait un peu bizarre comme titre pour une histoire se passant essentiellement dans...un marecage. D'un autre cote, ces dernies jours, et vu l'implication de Kennedy, je trouve au telefilm un cote "Western" plutot marque...On imagine en fait bien Keach dans le role du cowboy qui finit par etre amene dans un ranch plutot etrange. Pas faux dans le fond le titre Frenchie.


@ Manuma; "Les Inconnus du Desert" fait un peu bizarre comme titre pour une histoire se passant essentiellement dans...un marecage. D'un autre cote, ces dernies jours, et vu l'implication de Kennedy, je trouve au telefilm un cote "Western" plutot marque...On imagine en fait bien Keach dans le role du cowboy qui finit par etre amene dans un ranch plutot etrange. Pas faux dans le fond le titre Frenchie.
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Re: All the kind Strangers TV (1974) – Burt Kennedy
Tiens, d'en parler comme ça, ça me donne bien envie de le revoir. Par ailleurs, maintenant que j'y repense, il me semble que Welcome to Hard times, dont je parlais plus haut, fonctionnait un peu sur le même climat semi-fantastique.