Guido Falcone, modeste mécanicien romain, hérite de son oncle d'Amérique d’un empire financier de 1 milliard de dollars. Empire qui sera le sien à condition qu'il signe les papiers chez le notaire à San Francisco... dans les vingt jours. C'est alors que commence une formidable aventure depuis Rome jusqu'en Californie du Nord, où il espère récupérer son dû. Sur son chemin, Guido tombe amoureux d'une détective privée, envoyée sur ses traces pour l'empêcher de toucher son héritage...

Formé à l’école du bis chez Roger Corman, Jonathan Kaplan signait avec ce Mr. Billion sa sixième réalisation et offrait dans la foulée à Terence Hill son tout premier rôle d’importance dans une production authentiquement ricaine. Une mauvaise pioche probablement que ce choix de ticket hollywoodien puisque la star italienne ne tournera qu’une autre production anglo-saxonne - l'un peu moins oublié March or die de Dick Richards, malheureusement un gros flop au box-office en son temps - avant de s’en retourner au pays.
Si elle n’est pas passée à la postérité et ne constitue assurément pas un modèle d’aboutissement cinématographique, cette comédie d’action n’en demeure pas moins une estimable curiosité. Déjà, il y a pas mal d’idées séduisantes dans ce script évoluant entre l'aventure humaine à la Capra, avec son héros candide partant à la conquête du rêve américain, et la comédie road-movie course contre la montre à la It’s a mad mad mad world / Silver Streak. Ensuite, le film s'offre une jolie distribution autour de sa vedette, rameutant notamment quelques seconds rôles quasi-iconiques d’Hollywood tels que Slim Pickens, Chill Wills, Dick Miller et RG Armstrong. Enfin, Mr. Billion se distingue nettement du tout-venant par le dynamisme de sa réalisation, ample et même assez virtuose sur certaines séquences. Situé juste après la scène du crash de l’hélicoptère sur le terrain de sport, je retiens en particulier un très ambitieux plan-séquence aérien – exercice de style que semble ne pas craindre Jonathan Kaplan si on se réfère au remarquable générique de début de son subséquent Unlawful entry, long survol d'un quartier délabré de Los Angeles - et une impressionnante et haletante scène de bagarre finale sur les hauteurs de Grand Canyon, appuyée là-encore par une remarquable photographie aérienne.
Avec autant d’atouts dans sa besace – ajoutons à ceux-ci une excellente partition musicale de Dave Grusin, très variée, avec quelques accents schifriens sur les séquences d’action- Mr. Billion partait à priori gagnant. Et pourtant, la mayonnaise ne prend jamais vraiment et le résultat laisse le spectateur sur sa faim. Le problème, c’est que le film semble constamment hésiter entre la voie du divertissement familial et celle d’un spectacle plus adulte, voire plus sombre dans sa description d'un parcours somme tout semé de désillusions pour son héros.
Une indécision quant à la tonalité à adopter qui bride constamment le scénario, fait que, aussi réussie soit-elle, la séquence du Grand Canyon pré-citée dénote forcement entre 2 péripéties comiques gentillettes, limite puériles, et que l’on ne croit pas instant à l’histoire d’amour entre Terence Hill, présenté plus ou moins comme un grand gamin, et la plantureuse et beaucoup plus sophistiquée Valerie Perrine. Bref, tout cela ne colle pas bien et fait de ce Mr. Billion un sympathique essai raté, stimulant dans la forme, peu convaincant dans le fond.
Titre français : On m'appelle dollars.