
Les hommes s'imbibent d'alcool au bar/épicerie du village de Kautokeino, ce qui fait grandement l'affaire du propriétaire influent. Tandis que les femmes restent seules à surveiller les troupeaux de rennes. Après avoir écouté un pasteur (Michael Nyqvist), Elen (Anni-Kristiina Juuso) reprend les choses en main. Elle persuade les hommes de revenir travailler et éveille la spiritualité de sa communauté : pour éviter les dettes et massacres de rennes, les Sames se tournent vers la Suède pour commercer. Pire encore Les Sames désertent l'église locale. Mais le propriétaire fait appel à un ami avocat, qui ramène un violent pasteur qui va précipiter le destin de la communauté.
Cette fresque locale est d'une justesse assez tragique sur un destin totalement inconnu dans nos contrées. A savoir que la communauté Same est transfrontalière (elle navigue pour les itinérants entre la Finlande, la Suède et la norvège - voire le sibérie pour certains)mais a été sujette pendant très longtemps au joug des norvégiens. A savoir ici des hommes entrainés dans un cercle vicieux de la fourniture des vivres par les norvégiens qui ont introduits l'alcool dans leurs habitudes de vie. Beuveries générale qui entrainaient des dettes insurmontables, payables à l'époque en massacre de rennes - leur seule véritable richesse.
C'est un aspect de la religion qui va quelque part à la fois les sauver et les plonger dans une période noire. Un pasteur charismatique 'Laestadius, joué par un Michael "Millenium" Nyqvist possédé par le rôle, va révéler un refus du joug de l'alcool et des norvégiens. Cette rebellion au système en place, le refus de la pratique de la religion par des célébrations normées va en effet provoquer les instances locales. En fait, le film axe sur le tandem religion/alcoolisme qui sont été longtemps des piliers des communautés co-existantes en Norvège à cette époque.
Plutot bien vUe, la progression des atteintes à leur liberté - menaces d'emprisonnements, tortures des prisonniers enfermés sans accusation, inertie des forces de la loi locales et méconnaissance des autorités religieuses de ce qui se passe au fin Nord de la Norvège jusqu'aux abus sur les personnes.
De la froideur des paysages à la glaciation des rapports, le film franchit le pas. Le calme apparent de chacun, leur raison vacille via le personnage d'Elen qui personnalise à elle seule la révolte : la place de la femme, son pouvoir lorsque laissée seule... et l'écriture de la page d'histoire.
Une reconstitution assez juste, sans volonté de fresque "grandiose" à message. Une narration assez simple, des plans justes et composés de manière splendide via le cadre. On pourra reprocher une approche didactique et trop eu audacieuse sur la forme. Mais il y a beaucoup d"'humilité face au poids de l'histoire, et cette approche se révèle plutot intelligente.
Pour le final, amorcé via la voix-off d'Elen qui raconte en fait à son fils grandi l'ensemble des événements, on y découvre avec horreur
Spoiler : :
Pour celles et ceux qui ont eu l'excellente curiosité de voir Le Renne Blanc (dvd sorti par Artus), on y retrouve une certaine similitude dans l'organisation de la société Same, le rapport à la religion, les architectures locales...
A noter que le réalisateur/scénariste Nils Gaup est un des descendants des survivants de cette tragédie et que le film a été l'un des trois champions du box office local en 2008.
Vu sur le Blu Ray norvégien de chez Sandrew Metronome
2.40:1 - 96 mn. 5.1 DTS HD HR norvégien avec des st anglais (non précisés sur la jaquette). Un tirage 4K a été effectué pour la sortie du BD. Une image magnifique qui donne la pleine mesure des paysages finlandais.
le blu ray est bourré de bonus relatifs au tournage (making of, interviews, cascades..) et de documentaires relatifs à la véritable histoire de Kautokeino