Hop, réinscrit !
Je vous remets, pour les intéressés, mes avis sur la série (sur le forum de Classik) :
- Le Masseur Aveugle / ZATOICHI MONOGATORI (N°1) - Réalisé par Kenji Misumi (1962)
N&b, petit budjet, on mise sur le charisme de Shintaro Katsu qui commence à se faire un nom dans les films de sabre et sur l'efficacité (artistique et de respect des contraintes) de Kenji Misumi. Le film pose les bases du personnage : yakuza sympathique, joueur imbattable, sabreur à la dextérité époustouflante, mais surtout personnage goguenard, bon vivant et truculent, rongé par le doute et la culpabilité, prompt à ridiculiser les mauvais yakuzas et à prendre la défenses des plus démunis. Katsu soigne sa silhouette de masseur rablé, cheveux ultra-ras, faussement gauche. Il affinera sa composition au fur et à mesure de la série, passant suivant les épisodes du cabotinage le plus jouissif à une sobriété inattendue, pour donner une épaisseur inédite et une véritable identité au personnage. La struture de l'intrigue donne le ton pour le reste de la série : Ichi-san parcourt le Japon, rencontre (ou retrouve) de braves gens avec qui il partage le quotidien et se retrouve malgrè lui mêlé aux machinations de méchants yakuzas ou d'officiels corrompus contre lesquels il se révolte...
Comme à son habitude, Misumi signe une mise en scéne audacieuse et élégante, donnant la part belle à des seconds rôles bien campés.
Très bon film, encore un peu timide par rapport aux sommets de fureur qui nous attendent...
- Mort ou vif / ZATOICHI SENRYO KUBI (N°6) - (1963) de Kazuo Ikehiro
Connu en France sous le titre (idiot) de Zatoichi le samourai aveugle, édité en vhs par Panda Film. Rythme languissant, personnages peu développés, le film vaut surtout pour la composition sobre de Katsu et un final très impressionnant avec un Tomisaburo Wakayama parfait en ronin sadique et froid maniant le fouet. De belles séquences nocturnes auxquelles la qualité de la vhs ne rend absolument pas justice.
- Voyage meurtrier / ZATOICHI KESSHÔ TABI (N°8 ) - Réalisé par Kenji Misumi (1963)
- Voyage en enfer / ZATOICHI JIGOKUTABI (N°12) - Réalisé par Kenji Misumi (1965)
- La route sanglante / ZATOICHI CHIKEMURI KAIDO (N°17) - Réalisé par Kenji Misumi (1967)
- Tambours de la colère / ZATOICHI KENKA DAIKO (N°19) - Réalisé par Kenji Misumi (1968)
Films vu à la rétrospective de la Cinémathèque en mars 2000. Je n'ai pas un souvenir précis de chaque film, mais ils font incontestablement (à mon avis) partie des tout meilleurs de la série. Le 17 notament (batisé plus poétiquement par les traducteurs de la cinémathèque par La Route de Fumée et de Sang) est un grand moment, mêlant description de la vie quotidienne et scènes de violence paroxystique où Misumi rend parfaitement le chaos des situations. Ces épisodes sont sans doute la quintessence de la série par le sens du détail, l'accent mis sur les seconds rôles, le coté road-movie et l'amour évident que Misumi et les scéanristes portent aux arts populaires et à la reconstitution soignée.
- Fêtes sanglantes / ZATOICHI ABARE-HIMATSURI (N°21) - Réalisé par Kenji Misumi (1970)
Très beau film au climat assez solaire, situé pendant le festival du feu, fête populaire très importante pour les paysans. La mise en scène tend vers l'épure, le casting est au top et Katsu multiplie les grimaces. Le personnage tire de plus en plus vers la mélancolie. Là encore, comme dans tous les meilleurs épisodes, les scénaristes savent renouveler les exploits de l'aveugle tout en restant fidèle à l'esprit posé dès les premiers films.
- Zatôichi contre le sabreur manchot / SHIN-ZATOICHI : YABURE TOJINKEN (N° 22) – (1971) de Kimiyoshi Yasuda
Episode honnête et atypique où Jimmy Wang Yu reprend son rôle de sabreur manchot immrtalisé dans le One-armed Swordman de Chang Che, film extrêmement populaire au Japon. Le film met essentiellement l'accent sur le choc culturel Chine/Japon et laisse une place importante aux seconds couteaux face à un Zatoichi un peu effacé. A voir.
- Voyage à Shiobara / ZATOICHI GOYOTABI (N°23) – (1972)
Vu récemment et déjà presque oublié... Très routinier mais pas désagréable pour autant, où émerge un beau portrait de femme et qq moments de violence bien mis en scène.
Parmi les films non-sélectionnés par Wild Side, il faut retenir :
- Zoku Zatoichi Monogatari (1962) de Kazuo Mori : second épisode, 1h12 de n&b brumeux, concentré de fureur et de mélancolie. Avec un Tomisaburo Wakayama impeccable en frère ennemi. On en apprend un peu plus sur Zatoichi, son passé, son rapport avec les femmmes, etc. Un des tout meilleurs à mon sens.
- Zatoichi Kyojo Tabi (1963) de Tokuzo Tanaka (n°4) : après un troisième épisode poussif (pourtant réalisé également par Tanaka) qui mettait en scène l'ancien sensei de Zatoichi, Tanaka mène son récit de main de maître, plonge au coeur du personnage et Katsu livre sans doute une de ses performances les plus mémorables, tant du point de vue humain que martial. La dernière demi-heure est un sommet d'intensité et de maitrise formelle. Mention spéciale à l'excellente Miwa Takada à qui est due une part importante de la réussite du film. Comme vous l'avez deviner un de mes préférés, si ce n'est mon préféré...
- Zatoichi (1989) réalisé par Shintaro Katsu (n°26) : la série ciné s'arrête en 1974 et Katsu rempile pour une série télé. Sa carrière manque de se casser la gueule au début des 80's pour des pbs de cocaïne. Il revient en 89 avec le dernier épisode de Zatoichi qu'il réalise lui-même. Film somme, d'une longueur inhabituelle (2h contre les 1h20 d'un épisode typique), où Katsu montre qu'il a parfaitement assimilé la leçon du maître Misumi. Tout se qui faisait le charme et la force de la série est porté ici à son terme logique. L'acteur met plus que jamais l'accent sur la solitude (jusqu'à laisser pointer l'amertume) du personnage et le metteur en scène trouve l'équilibre quasi-parfait entre nonchalance et violence abstraite. Le final, mi-tragique mi-goguenard, semble vouloir dépasser en virtuosité et en inventivité (mais le bodycount est inférieur) celui de The Betrayal, chanbara mémorable de Tanaka avec Raizo Ichikawa. Superbes passages musicaux et, comme chez Misumi, la mise en scène s'inspire à plusieurs moments de l'épure théatrale du kabuki. Un film à la fois humble, ambitieux et personnel.