

Le BFI (British Film Institute) a sortirle film (et sa suite 13 ans plus tard) en Blu Ray (non locké). Un jeune prof (Ken Robertson) travaillant à Londres est partagé en sa vie professionnelle dans un collège et sa vie nocturne où il part à la recherche du petit ami de ses rêves.
Le film créa un énorme scandale à sa sortie en 1978, dépeignant le mode de vie gay non pas sous le prisme de "l'homosexualité, ce douloureux problème". Mais sous un éclairage réaliste, intégré dans la société ou il évolue - ses collègues sont au courant-, bien éloigné des clichés (travestis, tendances suicidaires, psychotiques, désaxés, etc.) auxquels l'homosexualité était quasi intégralement reléguée par le cinéma à cette époque. Le constat est tout de même assez désenchanté, le personnage de Jim étant toujours les yeux perdus dans le vide, entre son désir de réussir sa vie pro et sa vie perso. La dernière étant là aussi en voie de désillusion, Jim ne sachant pas clairement ce qu'il souhaite. Etre heureux, oui, être en couple oui mais surtout pouvoir s'isoler malgré tout pour travailler. Nighthawks se situe à une période charnière du mouvement gay, sorti de son isolement depuis 10 ans, commençant à créer un certain cinéma indépendant, parlant de sujets de manière frontale. Ici, une certaine solitude propre non pas à l'homosexualité, mais celle d'un homme en quete de son double dans une grande ville impersonnelle.
Le film tient compte aussi d'une certaine vue sociale de la middle class anglaise : fonctionnaires de l'éducation aux salaires moyens, ne pouvant se permettre de vivre dans des appartements à plus de deux pièces. Belles observations sociologique, avec une volonté de présenter le parcours de Jim de manière quasi documentaire. La caméra à l'épaule parcourt les pubs, les night-clubs à la vitesse de la démarche de Jim. Des plans fixes curieux, durant presque 4 à 5 minutes, avec un très lent zoom avant partant d'un plan d'ensemble jusqu'aux yeux de Jim scrutant l'assemblée... Beaucoup de naturel, de "pris sur le vif". Ce film underground tourné en 16mm a été d'une grande influence sur le cinéma anglais de la fin des années 70 debut 80, sorte de prolongement du free cinema initié dans les années 60.
Des influences de Pasolini sont évidentes, on pourrait même y glisser vers des films de Chantal Akerman des années 70 (surtout Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles). Le rythme est inhabituel, tout comme la mise en scène qui perd la caméra dans les nights clubs de l'époque - tous les figurants sont des clubbers de l'époque et pas des acteurs per se-, quitte à perdre le focus sur le héros pour capturer des mouvements, des regards, totalement hors de la narration. Pour capturer surtout l'atmosphère de l'époque.
Un point d'orgue : lorsque ses élèves l'attaquent directement sur sa sexualité, avec les insultes et clichés que cela accompagne : il décide de répondre aux questions de la manière la plus naturelle qui soit. Ce qui lui sera reproché par sa hiérarchie. Le moment des échanges verbaux est troublant de réalisme.
Le Blu Ray contient trois autres courts métrages de Ron Peck, dont le discours cinemtographique s'est quelque peu radicalisé après 1978. Sa suite documentaire Strip jack Naked de 1991 est présent dansle coffret mais en format DVD, tout comme un luxueux livret explicatif, avec un article traduit paru dans les cahiers du cinéma en 1979.
Le visuel est assez bluffant vu le matériau d'origine. Format 1.37:1 respecté et pas de DNR sauvage. Piste sonore et LPCM 2.0 assez claire, quoique dans les moments de dialogues à plusieurs voix, certains dialogues sont inaudibles par moments. Pas de sta.
d'autres bonus sur le dvd (retour sur le film, documentaires, etc.). Un très beau boulot du BFI.