
1959. Depuis 20 ans, un ancien combattant de la guerre d'Espagne réfugié en France (Gregory Peck) commet des méfaits en Espagne avant de s'échapper. Aujourd'hui fatigué, il s'est retiré à Pau. Il est toutefois poursuivi par un officier de police franquiste (Antony Quinn) depuis 20 ans. La venue du fils d'un de ses amis torturé et tué par le policier va changer la donne.
Curieux film politique qui prend des accents presque philosophiques. D'après un roman d'Emeric Pressburger, Zinemann choisit un affrontement idéologique entre les trois persoannges principaux. Aucun ne semble avoir une identité qui force le respect. Avec le pretre qui vient "aider" G. Peck, ce sont trois codes d'honneur qui s'affichent et se déchirent. Gregory Peck est considéré comme un héros aux yeux des résistants espagnols, il n'est qu'un héros fatigué et traqué aujourd'hui. Anticlérical, antifranquiste mais qui rejette la responsabilité de la mort de ceux torturés en son nom. Quinn est un idéologue franquiste, persuadé du bien-fondé de sa démarche, faisant du bandit un point d"honneur de sa carrière, eut égard aux méfaits commis - tout en étant lui aussi très loin d'etre respectueux : infidèle, corrompu et manipulateur. Omar Sharif est le prêtre qui recueille la dernière volonté de la mère du résistant. Par idéologie, il refuse d'en révéler le contenu au policier, mais transgresse néanmoins le secret de la confession - et questionne le dogme.
Le premier pendant est le côté très orienté dialogue du film; Il y a très peu d'action - ça n'est pas le but-, et c'est clairement le terrain des idées sur lequel les auteurs souhaitent diriger leurs personnages et le spectateur. Le film s'ouvre sur un montage de scènes documentaires de la guerre Civile de 1936 (via Frédéric Rossif) et je me demande s'il ne s'agit pas d'images reprises de Mourir à Madrid (?). Et certaines scènes s'inspirent directement de cet aspect documentaire, donnant au film une épaisseur et une direction inattendue.
Le film, tourné en France, possède dans la distribution une palanquée d'acteurs tricolores. De Laurence badie en soubrette à Elisabeth Wiener en fille de café, on y voit surtout Christian Marquand, Claude Berri en conducteur collabo, Michael Lonsdale en reporter, Perrette Pradier (toute mignonne) en prostituée et le réalisateur Claude Confortès...
Une musique en dépit du bon sens de Maurice Jarre m'a un peu fait sortir du film par moments. le cote très "chant des partisans" ne se pretait pas vraiment au film.
Très belle photographie noir et blanc, avec de spectaculaires plans des scènes pyrénéennes. La marche de Peck à travers le passage montagnard est magnifique, illustrant à merveille le propos très solitaire du film.
Le final est remarquable, ouvrant plus de questions sur le comportement de chacun qu'il n'apporte de réponses. Mais surtout inattendu et amer.
Un film passé dans l'oubli, et c'est bien dommage, même s'il est emprunt de quelques défauts (dont un énorme avec Raymond Pellegrin qui se sépare du groupe aux 2/3 du film de manière inexplicable, sauf pour justifier le final. Un gros trou scénaristique, étonnant...)
Vu sur le DVD Z2 Français de chez Sony.
1.85:1 et 16/9e
1h56
NB
Vo avec stf
films annonces de la collection "guerre"