Un condamné à mort s'est échappé - Robert Bresson - 1956

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Manolito
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Un condamné à mort s'est échappé - Robert Bresson - 1956

Message par Manolito »

A Lyon, sous l'occupation, le résistant Fontaine est fait prisonnier à Lyon par les allemands. Il prépare minutieusement son évasion...

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"Un condamné à mort s'est échappé", ou l'anti "Grande évasion" ! Sur un sujet par certains aspects semblables (évasion de prisonniers durant la seconde guerre mondiale), Bresson emploie et radicalise encore ses méthodes et sa mise en scène austère utilisée dans "Le journal d'un curé de campagne" cinq ans avant. Acteurs non professionnels, décors dépouillés... Tout accessoire ou détail apparaissant à l'écran doit avoir une fonction de mise en scène et de narration ; sans quoi il n'a pas lieu d'être. Ainsi, lorsque Bresson place un carton en début de film indiquant qu'il va raconter son histoire sans "ornement", c'est à comprendre de façon très strict !

Basé sur les mémoires authentiques d'un résistant qui avait été torturé par Klaus Barbie et s'était évadé peu avant son exécution planifiée, "Un condamné à mort s'est échappé" se place dans le cadre de l'occupation, nous montrant des allemands pas très vigilants, mais néanmoins très brutaux dès qu'il est question de répression et de tortures.

Fontaine est déterminé, ne baisse jamais les bras, dans sa cellule vide, toute son énergie et ses ressources sont tournées vers son évasion, avec des moyens dérisoire. Sa grandeur, son humanité, elle se trouve dans son élan vers la liberté, son espérance qui sera même contagieuse vers son voisin de cellule, initialement désabusé.

Au-delà de l'esprit de résistance, de la précision radicale de la mise en scène, de la crédibilité de son récit et de son atmosphère, "Un condamné à mort s'est échappée" devient aussi dans son final, un suspens d'évasion fort. Pas aussi fort que "Le trou", qu'il précède de quelques années, mais fort quand même. Certainement un bon Bresson, même si je garde une préférence pour "Le journal d'un curé de campagne".

Vu sur le bluray Gaumont, qui a été beaucoup discuté. Et là, je vais être direct, c'est pour moi un ratage. Alors que la plupart du film est constitué d'un très bon transfert HD noir et blanc 1.33 avec un grain présent et bien rendu, n'ayant pas à rougir face, par exemple, au bluray du "Faucon maltais", il y a aussi des plans relativement fréquents où les dégradés de noir sont affligés de très gros problèmes de solarisation, donnant l'impression d'avoir affaire non pas à un transfert HD, non pas à un DVD, mais à une mauvaise diffusion sur le câble !!

Enfin, d'autres plans sont entre les deux, avec par exemple un visage bien restitué et sur lequel passe un voile de grain naturel, et un arrière plan lissé et inerte, sans aucun détail. Bref, un disque paradoxal, où l'on constate un très grand soin porté au nettoyage, à la proposition d'une copie très bien restauré... Mais le tout est saboté par une gestion de noirs et de la compression vraiment problématique. Un disque franchement à éviter, en attendant une autre édition, peut-être dans un autre pays... Bande son mono dts master française de très bonne tenue : entendons nous bien, ça chuinte, ça souffle, ça fait du rumble dans l'infragrave... Mais cela est tout à fait fidèle à ce que vous entendrez en salle pour un tel film de cette période.

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