
Un show avec les traditionnelles questions/réponses et juteuses récompenses à la clé. Un présentateur plein d'enthousiasme avec le dentier et la moumoute de rigueur. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil. Petite originalité, toutefois: pour chaque mauvaise réponse, les participants se font au choix: mutiler, éviscérer ou électrocuter. Après la disparition de son petit ami qui fut l'une des victimes de ce spectacle aux règles peu orthodoxes, une journaliste s'est jurée de mettre un terme à ce jeu de massacre orchestré par un producteur véreux associé à de grands méchants musulmans.
Come-back en grande pompe du « Parrain du Gore » sept ans après une suite inattendue de son incontournable Blood Feast. À quatre-vingts ans, Herschell Gordon Lewis ne s'est pas assagi, loin s'en faut. Il persiste dans la veine ketchup, tripes et boyaux qui a fait sa – modeste – renommée tout en empruntant à l'humour trash de John Waters et Lloyd Kaufman (lequel a ici droit à un amusant caméo en vieux proxénète pince-tétons). Peut-on aussi y déceler une critique des médias et plus particulièrement de l'arrivisme crapuleux de ces producteurs de shows sans scrupules ? À vous de voir.
Malgré la présence d'ingrédients susceptibles de donner lieu à une jouissive farce gore dans la lignée des meilleurs Troma (au hasard Toxic Avenger premier du nom, Toxic Avenger IV: Citizen Toxie et le plus récent Poultrygeist), ce Uh-Oh Show ennuie plus qu'autre chose. Les occasionnelles explosions de gore sont relativisées par le caractère volontairement fake de l'ensemble, Lewis ayant de ses propres aveux souhaité ancrer cette violence graphique dans un contexte purement humoristique afin de toucher une plus large audience – ce qui ne semble pas trop porter ses fruits au vu de la piètre performance commerciale du film à ce jour. Barbaque et hémoglobine sont au rendez-vous, certes, mais sur ce plan-là on reste loin d'un Poultrygeist tourné trois ans plus tôt, et ce qualitativement comme quantitativement.
Les principales faiblesses de Uh-Oh Show sont finalement du même ordre que les bandes tournées par Lewis il y a une quarantaine d'années: absence de mise en scène et de direction d'acteurs (Brooke McCarter et Joel D. Wynkoop surnagent au sein d'une interprétation catastrophique), narration en roue libre, sens du rythme nul et découpage approximatif, tout ceci n'aidant pas à maintenir notre intérêt sur les quelque une heure et vint-cinq minutes de métrage qui du coup paraissent durer bien au-delà. On ne niera pas les bonnes intentions de l'auteur de 2000 Maniacs et le fait que ce vigoureux octogénaire ait toujours son mot à dire demeure une bonne surprise en soi, mais la mayonnaise ne prend tout simplement pas.
Gore sans l'être assez, peu drôle malgré l'étalage d'humour irrévérencieux et pas suffisamment caustique pour relever la sauce, The Uh-Oh Show ennuie davantage qu'autre chose et se laissera uniquement regarder à titre de curiosité par les fans de l'increvable Herschell Gordon Lewis.
Tourné en 2009, le film ne semble pas avoir bénéficié d'une véritable exploitation dans les salles malgré deux premières non finalisées, l'une à l'Abertoir Horror Festival 2009 et l'autre à la Cinema Wasteland Convention de Cleveland, Ohio en 2010. Le DVD récemment édité par Shriek Show, agrémenté d'un petit making of sympa et de commentaires acteurs/réalisateurs, donnera peut-être une seconde vie au film dans les réseaux underground.