Teito Monogatari OVA (1988) - Kazuhiko Katayama

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bluesoul
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Teito Monogatari OVA (1988) - Kazuhiko Katayama

Message par bluesoul »

[litt: Tales of the Capital ] a.k.a. Doomed Megalopolis

Du debut du XXeme siècle et etale sur plusieurs decennies, le combat mene par un groupe de personnes qui tour-a-tour essayeront d’enrayer les plans d’un “Onmyoji” (maitre verse dans la magie et l’art divinatoire) malefique dont le but ultime est la destruction de la capitale de l’empire; Tokyo.

Si Kazuhiko Katayama, credite a la realisation ne semble guere avoir plus faire parle de lui depuis, le superviseur de l’animation est nettement plus connu, car n’etant autre que Shigeyuki “Rintaro” Hayashi (Uchu Kaizoku Captain Harlock / Albator ’78 TV (1978), Ginga Tetsudo 999 / Galaxy Express 999 (1979), Kamui no Ken / Dagger of Kamui (1982) ).

Rintaro a commence sa carriere dans l’animation-tele pour la continuer dans d’assez importantes productions d’animation pour le grand ecran et de co-fonder avec (notamment) Osamu Dezaki (Takajrajima / Treasure Island TV (1978), Versailles no Bara / Lady Oscar TV (1980), Black Jack OVA (1996) ) et Yoshiaki Kawajiri (Goku Midnight Eye OVA (1993), Jubei Ninpucho / Ninja Scroll (1993), The Animatrix (2003) ) le studio d’animation Madhouse. A ce titre, TM (une production Mad House) s’inscrit dans sa “decennie” consacree majoritairement aux OVAs (les DTV d’animation japonais).

Si le media change, il profitera de la liberte de ton qui lui est offerte (les videos etant moins nettement sujette a l’auto-censure que les series teles essentiellement accessibles aux enfants ou les productions cinemas qui de part leur couts se doivent d’etre ouvert au plus grand nombre).

Ainsi, le marche de la video d’animation comble a la base une lacune, celle qui existe tant au niveau du grand que du petit ecran, car pouvant s’interesser a des projets plus “confidentiels” (public “limite”, violence ou sexualite plus presente, histoire / traitement moins balisee, etc). Notons neanmoins qu’avec l’age, le media a quelque peu perdu de son “aura” et propose souvent des “produits” tout-a-fait en adequation avec soit le cinema, soit la television (i.e. extension en video de series TV ou side-stories videos de films sortis en salles)...qui eux-meme ont “muri” et ont moins froid aux yeux qu’auparavant, rendant le mur de separation parfois tres poreux selon les cas.

TM se trouve resolument dans la periode ou certaines choses n’etaient decidemment pas concevables ni sur grand (enfin, rarement…), ni sur petit ecran.

Essentiellement une saga “surnaturelle”, TM est a la fois extraordinairement sombre et historiquement / culturellement complexe.

A la base du recit, il y a la serie de romans de Hiroshi Aramata, saga constituee d’initialement dix romans, passee ensuite a douze (plus un spin-off) et qui narre de 1908 a 1999 le combat que livrent de multiples protagonistes pour enrayer la menace que fait peser Yasunori Kato, un necromancien, sur Tokyo.

Plus en amont, les romans d’Aramata utilisent le personnage historique (et esoterique!) de Taira-no-Masakado, un samurai du Xeme siècle qui lanca une campagne contre le gouvernement central de Kyoto et fut tue, puis decapite.

Sa tete finira par etre enterree dans une region qui allait devenir l’un des quartiers les plus chers du Tokyo contemporain. Par la suite, la croyance populaire allait attribuer des pouvoirs (ou du moins, une influence), a Masakado sur le devenir de la cite, et ce, en fonction du soin (ou de la foi) attribue a son esprit / tombeau.

Pour le forumeurs les plus courageux qui seraient en visite au Japon, sa tombe se trouve d’ailleurs pres de la station de metro Otemachi, a 40m de la sortie C5 et est visitable. La rumeur populaire conseille neanmoins fortement de se montrer “respectueux” du lieu…sous peine de “desagrements”…

Le point de plus interessant de la saga, etant qu’Aramata melange des personnages et evenements historiques dans son recit, donnant ainsi une lecture “occulte” de pans entiers (et parfois “pointus”) de l’histoire nipponne.

Pour l’anecdote, l’on notera que le casting des romans incluera jusqu’a l’ecrivain Yukio Mishima et l’editeur Haruki Kadokawa…editeur de la serie d’Aramata…

Le public ne s’y est pas trompe et a fait un triomphe a la saga, la sacrant “best-seller”, tandis que les critiques lui remirent le Nihon SF Taisho Award.

Le Japon etant rode cote operation de media-mix, ne tardera donc pas a adapter la saga en une serie de films pour le grand ecran (Teito Monogatari (1988), Teito Taisen [Great War for the Capital] (1989), Teito Monogatari Gaiden [Side Story of Tales of the Capital ] (1995) ) ou pour la video sous forme de la presente serie d’OVAs (1991). Notons que l’investissement d’un milliard de Yens dans le premier film, investissement qui en fera le film le plus cher de l’annee dans l’archipel (le film finira 8eme au box-office japonais de l’annee 1988), temoigne de la confiance des investisseurs dans le projet.

La serie d’OVAs et meme si elle forme un tout coherent (malgre le reserrement de l’intrigue et la disparation de plusieurs personnages), possede egalement une “fin”, mais au final, ne fait que reprendre…les quatre premiers tomes de la serie…(tout comme le premier film—TM (1988) d’ailleurs!).

Produit par le studio Mad House (Cyber City Oedo 808 OVA (1988), Pet Shop of Horrors OVA (1999), X (2001) ), et meme si le style “varie” un peu selon les scenes ou les episodes, l’on reconnait sans probleme déjà une certaine qualite qui allait devenir le trademark du studio, ainsi…que ses audaces conceptuelles.

Cote realisation, l’on retrouve indubitablement la “patte” de Rintaro, et de sa facon d’impliquer de facon “sensorielle” les spectateurs. Ainsi, la palette des couleurs (souvent “criardes”, pourtant) acheveront de vehiculer les impressions les plus fortes lorsqu’elles seront associees a de reelles visions de cauchemar “occultiste”.

Rintaro se permet ainsi toutes les etrangetes et (parfois) outrages dans sa representation visuelle de la lutte du bien contre le mal, et parvient a literalement “doubler la mise” a chaque attaque / contre-attaque qui marque les affrontements des deux partis en place.

Si la representation de la violence “physique” n’est bien sur pas exempte du combat, le realisateur prefere cependant jouer donc sur l’experience sensorielle (les couleurs, les bruitages), mais aussi l’etrangete (la mise en image de certaines incantations est tout bonnement hallucinante :shock: :shock: :shock: ), ainsi que la BO resolument “rock” orchestree par Kazuhiko “Kazz” Toyama (Cyber City Oedo 808 OVA (1990), Kaze no Na wa Amnesia / Wind of Amnesia (1993), Darkside Blues (1994) ), qui, le tout melange, “assaillent” literalement le spectateur, et le laissant les bras balant quand enfin “ca se calme”…

Les protagonistes principal du recit etant:

Yasunori Kato; revetu d’un uniforme de l’Armee Imperiale, il est la “personification du mal”; un personnage inhumain dont les pouvoirs inouis et sans limites sont au coeur du recit, et autour de qui, tous les autres personnages ne font que graviter et (de vainement?) essayer de dejouer son plan ultime; la destruction de la megalopole tokyoite!

Yukari Tatsumiya; une jeune fille, soeur cadette de Yoichiro, elle possede visiblement certains pouvoirs, pouvoirs que convoite Kato pour son projet.

Yoichiro Tatsumiya; frere aine de Yukari, employe du Ministere des Finances. Froid et taciturne, il n’est que peu sympathique et semble cacher quelque sombre secret.

Yukiko Tatsumiya; fille de Yukari, comme sa mere, elle deviendra l’un des instruments de destruction utilise par Kato.

Junichi Narutaki; amoureux de Yukari et ami de Yoichiro, il n’aura de cesse de proteger son aimee, puis la fille de cette derniere.

Yasumasa Hirai; un Onmyoji (mage) qui essayera d’arreter coute que coute Kato, mais il ne sera vraissemblablement que le premier d’une longue liste a s’y essayer…(c.f. les douze tomes de la serie…)

Keiko Mekata; une Miko (pretresse) qui pourrait bien avoir ete elue par l’esprit de Taira-no-Masakado lui-meme pour affronter Kato Yasunori. Elle fera sienne cette mission et defendra jusqu’au bout la famille Tatsumiya.

Liste des episodes:

Matohen (Demonic Capital)
Tokyo en 1907; alors que le Japon est en pleine restauration Meiji et resolument tournee vers l’Occident et le XXeme siècle, un necromancien (Kato) apparait et menace une jeune fille de bonne famille (Yukari), outil indispensable dans son plan machiavelique qui vise a detruire la capitale.

Premier affrontement avec Kato, et premiere “baffe” pour le spectateur. L’on reste sidere devant les trouvailles visuelles et ne parvient qu’a reprendre son souffle lorsque commence…le generique de fin! Must!

5 / 5

Shinsaihen (Disaster)
Tokyo en 1923 (ere Taisho); ayant perdu la premiere manche contre Kato, les survivants du premier recit doivent faire face a sa resurgence et tacher de proteger la fille de Yukari (Yukiko) convoitee egalement maintenant Kato pour passer a la prochaine etape de son plan; la destruction a proprement dite de Tokyo.

Deuxieme affrontement avec Kato et developpement des sous-intrigues (en fait, les liens qui unissent les protagonistes), ainsi qu’apparition de personnages additionnels qui auront tous leur role a jouer dans le drame a venir. La realisation raffle (a nouveau!) la mise avec des idees encore plus delirantes et une realisation qui sait quels sont les points sur lesquels elle doit insister. Must!

5 / 5

Ryudohen (The Dragon awakes)
Une pretresse de temple se voit en reve contactee par l’esprit protecteur de la capitale; Taira-no-Masakado, qui en fera l’elue pour affronter Kato Yasunori. Epousant la famille Tatsumiya, elle essayera d’en defendre par tous les moyens les membres, Yukari et Yukiko en tete. Pendant ce temps, les chantiers des tunnels du future metro de Tokyo connaissent de multiples et mysterieux “accidents”. Un maitre du Feng-Shui associe au projet pense que quelqu’un essaye de troubler le dragon de la terre…

Un episode un cran plus en retrait, car souffrant d’etre avant tout une “mise en bouche” pour le prochain—et dernier—episode de la saga. Objectivement, le rythme ne faiblira cependant pas vraiment, car donnant l’occasion d’introduire les derniers protagonistes du drame et a Kato de lancer quelques-unes des attaques les plus hallucinantes (conceptuellement parlant) dont il a le secret. Peut-etre un petit probleme de rythme, ou alors cette incursion dans la science-fiction, qui parait un tantinet deplace dans cette re-ecriture “occultiste” de l’histoire (avec un grand “H”), peut-etre…? Excellent quand meme!

4.5 / 5

Bosatsuhen (Bodhisattva)
Si Keiko a reussi a proteger la famille Tatsumiya jusqu’a present, en parallele Kato a par contre reussi a utiliser celle-ci pour parachever les preparatifs de son plan. Un plan qui cette fois-ci ne defiera pas seulement les lois de la science, mais celles de l’univers-meme…

Dernier episode de la saga (animee) et affrontement final entre le bien et le mal, un mal determine a ne plus reculer devant aucune folie. Si l’argument de base empiete cependant fortement sur la science-fiction, le final par contre se recentre sur la religion et l’occulte et propose une fin toute aussi emotionnelle qu’au final “logique” car concluant une serie dont le sujet reste la “dualite”. Superbe!

5 / 5

Si l’on ne peut que speculer sur le contenu du restant de la saga d’Aramata, l’on ne peut qu’etre alleche par cet “amuse-gueule” concocte avec une energie et un savoir-faire des plus impressionnants.

Etonnament, et au-dela des artifices “visuels” avec lesquels les parties “occultistes” sont traites, c’est toute une certaine vision de la dualite des choses telle que l’Asie (ou en tout cas, le Japon, le pratique) qui figure au coeur du recit.

L’on a ainsi la dualite de Taira-no-Masakado, divinite protectrice de Tokyo lorsqu’elle “dort” et menace destructrice lorsqu’elle est “reveillee”, mais aussi la dualite dans le coeur des hommes de par la part de tenebres qui hante Yoichiro Tatsumiya, la haine et l'amour, la rancune et le pardon ou encore la dualite des mages Yasumasa Hirai / Kato Yasunori (tous deux des “Onmyoji”) qui au final ne font que representer les deux faces d’une meme piece, car selon les cas exorcisant ou maudissant autruit.

Au final, et sur le creneau (TRES encombre) des animes traitant d’occultisme, TM parvient grace a ses parti-pris audacieux, sa realisation rodee (meme si “rougeuse” dans ses dessins et son animation) et a ses effets (oses, mais) sobres a prendre la premiere place, face a des animes pourtant plus “leches” visuellement (notamment les Yoshiaki Kawajiri, tels Yoju Toshi / Wicked City (1987), Makai Toshi Shinjuku / Demon City Shinjuku OVA (1988)—paradoxalement des production du meme studio Mad House! ) ou les outrages en tous genres (generalement sexuels) pratiques par les Chojin Densetsu Urotsukidoji / Legend of the Overfiend (1989)-likes qui finiront par faire sombrer le genre dans le n’importe-quoi pour salarymen libidineux.

En fait, ce qui finit par placer TM a part, c’est simplement, que c’est une serie…qui fait vraiment peur…! Et la seule chose que l’on peut reprocher a la serie, est de ne se limiter qu’aux quatre premiers volumes de la saga litteraire tellement le gout d’”encore” est fort.

Bref, un Must!

Teito Monogatari: 5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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