A dangerous method - David Cronenberg - 2012

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Cosmodog
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A dangerous method - David Cronenberg - 2012

Message par Cosmodog »

Difficile de faire une analyse (sans jeu de mot) de ce film, tellement je me suis senti étranger à ce qui se passait à l'écran. Tout m'échappe, ne serait ce que les enjeux du film, de l'intrigue... J'ai donc plutôt besoin de votre aide si vous l'avez vu !

Non pas que le film soit hyper obscur et torturé comme Cronenberg a pu en réaliser auparavant, c'est juste que je n'ai pas compris la portée historique/médicale de ce qui nous est présenté, ni le coeur du film, ses thèmes. Plus peut-être un léger décrochage sur la fin pasque je m'emmerdait un peu quand même...

Je précise que je suis un fan inconditionnel de Cronenberg, de quasi tous ces films (moins Extistenz et Spider dans une moindre mesure), donc il me parait tout simplement impossible qu'il ait pondu un film insipide, surtout sur un sujet qui semble lui aller comme un gant, la naissance de la psychanalyse.

Alors, vu qu'à titre perso je n'ai jamais eu affaire à un psy et que je maîtrise assez mal les basiques de la discipline, je me dis qu'il faut être un peu initié pour trouver un centre d'intérêt.

Quelqu'un l'a vu ?
savoy1
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Re: A dangerous method - David Cronenberg - 2012

Message par savoy1 »

Cosmodog a écrit :...

Alors, vu qu'à titre perso je n'ai jamais eu affaire à un psy et que je maîtrise assez mal les basiques de la discipline, je me dis qu'il faut être un peu initié pour trouver un centre d'intérêt.

Quelqu'un l'a vu ?
Pourquoi se dévaloriser en tant que spectateur devant une oeuvre qui n'inspire que l'ennui ? Je ne pense pas que le film traite en quoi que ce soit la naissance de la psychanalyse. Si c'était le cas, on n'aurait pas eu affaire à un scénario qui pratique à ce point les ellipses. Hallucinant comme on saute les années en un claquement de doigts, quitte à effectivement laisser le spectateur sur le carreau, insensible à ce qui se passe à l'écran. Une fois passée la première partie du film, celle finalement pour laquelle on s'était déplacé, l'arrivée et le traitement de la patiente hystérique dans la clinique où officie Jung, on passe d'un évènement à l'autre (la patiente a été soignée, des enfants sont nés, ...) dans le détachement le plus total. On a juste compris qu'il y avait eu transfert, le reste du métrage étant consacré aux dilemmes moraux du docteur de façon bien obsolète, et certainement pas de manière perverse.
Ajoutons à cela une mise en scène téléfilm de luxe, une Keira Knightley qui surjoue effrontément et des personnages intéressants complètement effacés (le docteur joué par Vincent cassel ou l'épouse de Jung), ce ne seront pas les joutes oratoires insipides entre Freud et Jung qui sauveront le naufrage constaté. Celles-ci relevant plus de la discussion "torchons et serviettes" entre collègues de travail qu'autre chose.
Et l'image et la sentence finales, qui auraient pu relever du vertigineux en d'autres lieux et éclairer le tout sous un autre jour, ne fait que paraphraser ce qu'on aura déjà compris au préalable, une morale d'un autre temps. Ca m'aura laissé complètement froid, le moins qu'on puisse dire.

A ajouter sans problème à mes flops de 2011.
Manolito
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Re: A dangerous method - David Cronenberg - 2012

Message par Manolito »

Je repêche pour ma part ce sujet, pour défendre quand même cette "Dangerous Method". Un film à l'apparence lisse et plate comme la surface d'un lac autrichien, mais au fond bien plus tumultueux, avec le portrait en sourdine de Jung dépeint souterrainement comme un monstre d'hypocrisie d'abord : avec le refus d'assumer ses penchants sexuels les moins communs, hypocrisie aussi en ce qu'il trouve la place du sexe trop importante dans les théories de Freud, hypocrisie quant à l'antisémitisme de la société autrichienne comme le lui fait remarquer Freud, et enfin hypocrisie bourgeoise avec le déni de ses propres désirs, préférant avant tout conserver la façade bourgeoise et familiale, contrairement au personnage de Gross qui vit à fond et sans masque ses pulsions.

Mais il y a plus, il y a aussi cette fascination pour le paranormal, pour Wagner et une forme de lyrisme aryen, le sadisme comme pulsion. Tandis que le masochisme passionné du personnage de Spielrein la jeune juive leur fait jouer une espèce de "Portier de nuit" avant la lettre. Jung est ici par bien des aspects un proto-nazi ! Mais tout cela doit être refoulé derrière une apparence de bienveillance, de bonnes intentions, de compassion.

Un film qui joue certes la carte de la distance, avec certaines interprétations parfois un peu forcées (Keira Knightley au début, même si elle se rattrape par la suite), parfois pas totalement convaincant (Viggo Mortensen en Freud ?), mais aussi dominé par un Fassbender tout à fait excellent. Bref, pour moi, du bon Cronenberg, qui en dit plus qu'il ne veut bien laisser paraître !
Machet
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Re: A dangerous method - David Cronenberg - 2012

Message par Machet »

Pas tellement convaincu... :?

C'est joli, bien reconstitué, sobre, mais aussi un peu chiant et peu passionnant. Je pige pas trop l’enjeu, à part une galerie de portraits qui glissent les uns vers les autres, dans un monde sous cloche (sans aucune trace ou indice de la guerre 14-18 qui se profile pourtant).

J’aurai aimé que le film côtoie un peu l’horreur et le fantastique d’une certaine manière. Même la musique est tout en retenue. D’où un sentiment un peu soporifique.

Il y a des qualités, un savoir-faire indéniable, une maîtrise formelle, aucune faute de goût. Cronenberg est un maître, cela ne fait pas débat. Mais il manque une vraie dimension, un enjeu palpable pour nous tenir en haleine face à un sujet pourtant intéressant : le parcours croisé (se contaminant l'un et l'autre) d'un médecin et de sa patiente. J'ai un peu le sentiment que Cronenberg, à vouloir trop être sobre - poli - présentable, passe à côté du potentiel de ce récit.
Il y a un p'tit détail qui me chiffonne
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