De retour du Vietnam, un jeune camionneur est confronté à un puissant gang de transporteursqui règne par la terreur. Aidé par ses amis, et pour venger l'agression dont a été victime sa femme, il entre en lutte ouverte contre eux.
Cinquième film de Jonathan Kaplan, White line fever est également son premier long distribué par une major - La Columbia en l’occurrence - après deux bandes de sexploitation signées sous le patronage de la New World Picture de Roger Corman et deux œuvres de blaxploitation tournés pour l’AIP de Samuel Z. Arkoff. Comme à son habitude, Kaplan s’est entouré de quelques fidèles. Citons les acteurs Johnny Ray McGhee et Dick Miller - une amitié qu’il partage avec son confère Joe Dante, à qui il fait d’ailleurs un petit clin d’œil dans le film - le scénariste Ken Friedman ou encore le directeur de la photographie Jamie Anderson (employé comme acteur ici). Quant à la signification du titre, elle est à chercher dans le jargon des routiers américains. La white line fever désigne en effet l’un des principaux dangers guettant le camionneur habitué aux longues distances : l’assoupissement au volant.
Quelque peu tombé dans l’oubli aujourd’hui, White line fever est pourtant un bel échantillon de réussite bis américaine à la sauce seventies. Un film qui délivre au spectateur exactement ce que ce dernier réclame, voire un peu plus encore, et jamais sans jouer les petits bras. On est ainsi plongé au cœur de l’action en 10 minutes chrono et, une fois la machine lancée, le tempo ne faiblit pas d’un pouce jusqu’au bout. Quant aux quelques séquences d’action routière du film, elles impressionnent dans leur ensemble, n’ayant pas besoin de s’appuyer sur des situations extraordinaires pour être spectaculaires, tout simplement parce que l’on ressent constamment la prise de risque partagée par l’équipe, les acteurs et cascadeurs. Bref, à ce niveau, c’est la grande classe …
L’autre atout du White line fever, propre au cinéma de Kaplan, tient au caractère "socialement concerné" de son script. Implantant solidement son histoire au sein de la lower social class américaine – proche même de la White trash, avec ces personnages qui ont toujours une binouze à la main, y compris lorsque ceux-ci, comme c’est le cas de Kay Lenz, attendent un enfant – le film soigne de façon inattendue, pour un film de ce type, son principal personnage féminin, et aborde en filigrane des thèmes sociaux forts, tels que l’avortement ou la lutte des travailleurs indépendants contre les grosses structures (ici les compagnies de transport).
Solide, ultra divertissement et plus ambitieux qu’il n’y parait, White line fever n’est toutefois pas un film parfait. L’ensemble a du mal à canaliser toutes ses bonnes intentions et idées et donne un peu l’impression de partir dans tous les sens, voire de « bâcler le travail » (la fin, expédiée en 2 minutes et pas foncièrement très cohérente). En outre, comme dans son précédent Truck Turner, Kaplan y va parfois un peu fort sur les ruptures de ton. On peut ainsi passer d’une scène de pure comédie à un meurtre particulièrement sauvage filmé de front
A noter que la musique de David Nichtern casse méchamment la baraque. Titre français : La Route de la violence.