White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

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manuma
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White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par manuma »

De retour du Vietnam, un jeune camionneur est confronté à un puissant gang de transporteursqui règne par la terreur. Aidé par ses amis, et pour venger l'agression dont a été victime sa femme, il entre en lutte ouverte contre eux.



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Cinquième film de Jonathan Kaplan, White line fever est également son premier long distribué par une major - La Columbia en l’occurrence - après deux bandes de sexploitation signées sous le patronage de la New World Picture de Roger Corman et deux œuvres de blaxploitation tournés pour l’AIP de Samuel Z. Arkoff. Comme à son habitude, Kaplan s’est entouré de quelques fidèles. Citons les acteurs Johnny Ray McGhee et Dick Miller - une amitié qu’il partage avec son confère Joe Dante, à qui il fait d’ailleurs un petit clin d’œil dans le film - le scénariste Ken Friedman ou encore le directeur de la photographie Jamie Anderson (employé comme acteur ici). Quant à la signification du titre, elle est à chercher dans le jargon des routiers américains. La white line fever désigne en effet l’un des principaux dangers guettant le camionneur habitué aux longues distances : l’assoupissement au volant.

Quelque peu tombé dans l’oubli aujourd’hui, White line fever est pourtant un bel échantillon de réussite bis américaine à la sauce seventies. Un film qui délivre au spectateur exactement ce que ce dernier réclame, voire un peu plus encore, et jamais sans jouer les petits bras. On est ainsi plongé au cœur de l’action en 10 minutes chrono et, une fois la machine lancée, le tempo ne faiblit pas d’un pouce jusqu’au bout. Quant aux quelques séquences d’action routière du film, elles impressionnent dans leur ensemble, n’ayant pas besoin de s’appuyer sur des situations extraordinaires pour être spectaculaires, tout simplement parce que l’on ressent constamment la prise de risque partagée par l’équipe, les acteurs et cascadeurs. Bref, à ce niveau, c’est la grande classe …

L’autre atout du White line fever, propre au cinéma de Kaplan, tient au caractère "socialement concerné" de son script. Implantant solidement son histoire au sein de la lower social class américaine – proche même de la White trash, avec ces personnages qui ont toujours une binouze à la main, y compris lorsque ceux-ci, comme c’est le cas de Kay Lenz, attendent un enfant – le film soigne de façon inattendue, pour un film de ce type, son principal personnage féminin, et aborde en filigrane des thèmes sociaux forts, tels que l’avortement ou la lutte des travailleurs indépendants contre les grosses structures (ici les compagnies de transport).

Solide, ultra divertissement et plus ambitieux qu’il n’y parait, White line fever n’est toutefois pas un film parfait. L’ensemble a du mal à canaliser toutes ses bonnes intentions et idées et donne un peu l’impression de partir dans tous les sens, voire de « bâcler le travail » (la fin, expédiée en 2 minutes et pas foncièrement très cohérente). En outre, comme dans son précédent Truck Turner, Kaplan y va parfois un peu fort sur les ruptures de ton. On peut ainsi passer d’une scène de pure comédie à un meurtre particulièrement sauvage filmé de front
Spoiler : :
(Slim Pickens écrasé par un camion)
. Le genre d’association de séquences qui certes vous marquent, mais donne aussi un côté légèrement dépareillé à l’affaire.

A noter que la musique de David Nichtern casse méchamment la baraque. Titre français : La Route de la violence.
Superwonderscope
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par Superwonderscope »

Très intéressant!
ca se trouve en DVD officiel ou ça se choppe sur la TV française?
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manuma
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par manuma »

J'ai l'impression que le film est devenu assez rare. Il était sorti en VHS chez nous dans les glorieuses années 80. De mon côté, je ne l'ai jamais croisé à la télé. Aux US, il est sorti l'an passé en DVD-R on demand dans une édition ne respectant apparemment pas le format d'origine du film. Bref, c'est pas trop ça, quoi ...
fiend41
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par fiend41 »

j'ai failli me faire avoir :D . tu as bien vendu le produit. en fait l'affiche survend (bien que ce court moment soit fort à l'écran !), il ne faut pas espérer (j'ai cru ça..) y voir un bis genre rital, un film de vengeance post syndrome vietnam, mais un bis presque classique.

oui les scènes d'action sont solides, mais elles sont vraiment peu nombreuses, les partitions à ces moments deviennent bien plus soutenues contrairement à la country ambiante lancinante le reste du temps. 10mn, hmm.. il faut bien 30minutes pour que ça commence à s'énerver un peu. la distribution est solide aussi, le cast soudé. d'ailleurs heureusement que jan michael vincent n'agit pas seul , il n'aurait pas tenu longtemps vu son attitude à affronter ouvertement l'organisation. la fin entre petites gens qui voient un espoir, j'ai trouvé ça d'un bon symbole. par contre les boss ça ne semblait pas vraiment les bouleverser..

le contexte social appuyé n'y parait pas aussi émouvant que des classiques apparus une décade après comme "la rivière".
Superwonderscope
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par Superwonderscope »

Epatante série B qui sent bon l'école Corman (l'un des camions appartient à R. "Birdie" Corman :D et le méchant propriétaire de Glass House demande à ce qu'on lui passe "Joe Dante" au téléphone :D ), à la fois par la tonalité ouvertement sociale, le combat contre les grandes corporations... tout en mélangeant une réalité propre à 1975 : le retour des vétérans, leur réinsertion dans la société.
J'ai trouvé qu'il y avait un très bon équilibre entre les scènes d'exposition, la construction des rapports de force, l'ambivalence de certains rôles et les scènes d'action qui ponctuent le film. Il y a des cascades assez :shock: , et je ne parle pas de la toute dernière, assez ahurissante. Vincent fait clairement la plupart de ses cascades, ce qui permet à Kaplan de démontrer son savoir-faire réaliste en la matière.
L'ensemble des acteurs joue le jeu, même si les méchants ont forcément le trait forcé. mention spéciale à Martin Kove qui était déjà désagréable en 1975. Certaines scènes de bagarre voient d’ailleurs clairement le fait qu'il se prend des vrais coups ): .
En fait, le film remplit parfaitement son contrat de série B réalisée à l'énergie, avec un petit message au passage - voir la très belle scène finale, où l'audace paye, semble dire Kaplan en filigrane... mais à quel prix?

D'après ce que j'ai compris , le camionneur du début du film joue son propre rôle (on le revoit dans le film dans une scène dans un restau) et son histoire aurait inspiré le film?

En tous cas, une très bonne découverte et un excellent exemple de ce que les séries B US pouvaient offrir de mieux dans les années 70. merci manuma :idea:

Vu sur une cop)ie de VHS US en format plein cadre, le film ayant été tourné en 1.85:1. Un grand merci à Wonkley au passage :wink:
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par peter wonkley »

ce fut un plaisir ! 8) :wink:
manuma
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par manuma »

Content que tu aies apprécié, Superwondie !
fiend41 a écrit :10mn, hmm.. il faut bien 30minutes pour que ça commence à s'énerver un peu.
En fait, je voulais surtout dire qu’en seulement 10 minutes, Kaplan et son scénariste se débrouillent pour poser le décor, présenter le personnage et le placer au centre du conflit que développe le récit. En ce sens, je trouve que le film ne lambine pas

... Après, je reconnais que je l’ai peut-être un rien survendu dans l’euphorie du moment. Je suis très client du cinéma de Kaplan, d'une façon générale.

Tiens, un plan qui m'a épaté, c'est celui de l'arrivée de Vincent à l'entrepot, au début. Son camion fonce droit sur la caméra. C'est précis et impressionnant.
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Re: White line fever - Jonathan Kaplan (1975)

Message par Superwonderscope »

manuma a écrit :
Tiens, un plan qui m'a épaté, c'est celui de l'arrivée de Vincent à l'entrepot, au début. Son camion fonce droit sur la caméra. C'est précis et impressionnant.
je me suis dit exactement la même chose. Quel culot de cinéaste quand même!

Impressionnant aussi, la poursuite dans l'entrepôt, d'une nervosité sèche et sans bavure. de la série B comme j'aime.
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