
film annonce : http://www.youtube.com/watch?v=FwnTNiw6yOg
Un film assurément post-Viscontien, avec des petites touches bergmaniennes (ça y est, je viens de perdre 75% des lecteurs qui s'attendaient à un bis rital

Une comédie dramatique aux accents de nostalgie profonde mais qui sait ne pas céder à la facilité mélodramatique. Il est par ailleurs assez étonnant de voir qu'un film italien (une co-prod française, par ailleurs) en 1979 parle d'un sujet aussi peu courant et avec deux couples gays et lesbiens en tete de distribution

En fait, nul problème sociétal - mais une réflexion sur l'attachement au passé, et la nécessité d'en faire parfois table rase afin de pouvoir s'accepter en qualité d'individu. De pouvoir vivre sa vie. le début du film est assez symptomatique : deux effets-Julie où Erland Jepherson (acteur chez bergman, justement) se rattache toujours à ses images de jeune adolescent, référence à une vie sans encombre. idem pour Anna, sa rage envers ses parents qui l'ont abandonnée à ses peurs, entre un père absent coureur de jupons et une mère à moitié folle. Elle ne trouve son équilibre qu'auprès de Marta, cantatrice fantasque mais une amoureuse de la vie.
Cela passe par une célébration du corps - et une exploration de la sensualité de chacun. La caméra de Brusati n'est ainsi pas avare des charmes de Mariangela Melato, Eleonora Giorgi et David Pontremoli. pas dans le sens voyeur que le cinéma d'exploitation transalpin a pu le faire, mais dans une certaine innocence. Claudia indique à un moment que le temps soit suspendu, que chacun reste dans la maison - elle y trouve enfin son équilibre et son bonheur. Tout du moins refuse-t-elle encore de quitter son adolescence malgré son age.
Peur du futur, de sauter le pas, de quitter un cocon protecteur. L'arrivée de Nicola & Sandro va provoquer un bouleversement dans cette maison maisonnée féminine et chacune va devoir assumer sa vie, sa mort, sa folie. Un rite de passage obligé, visiblement, pour que l'ordre apparaisse.
Un film de cinéma, qui passe par beaucoup de paraboles et du langage par l'image. Un fantastique léger, entre le passé qui s'insère directement dans le présent de par l'intervention de personnages qui ont peuplé les vies des protagonistes. jusqu'à ce qu'un enfant ressemble comme deux gouttes d'eau à un souvenir de Nicola. Une manière de filmer élégante, avec une caméra fluide, qui insiste sur le raffinement du relationnel et des décors. Une élégance qui rapproche quelque peu des univers de Thomas Mann ou de Marcel proust, par exemple.
Et un final apaisé - sorte de conclusion logique à un ordre trouvé. Ca n'est pas pour tous les gouts, c'est sûr. mais ces 102 minutes m'ont captivé, s'agissant d'un type de cinéma quo'n ne voit plus aujourd'hui. pensé, écrit, pour l'image, avec un découpage clair. Et cadré pour la réflexion, sans hurlements ni précipitation. Un beau voyage dans l'apprentissage (douloureux) du bonheur.
l'affiche française, qui axe le tout sur la nudité dans le film:
