Pressure Point - Hubert Cornfield (1962)

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Superwonderscope
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Pressure Point - Hubert Cornfield (1962)

Message par Superwonderscope »

Un psychiatre (Sydney Poitier) se souvient d'un cas retors qu'il a eu a traiter en 1942 : un américain converti au parti nazi (Bobby Darin), condamné pour sédition. Victime de crises et d'insomnies chroniques, Il va devoir le traiter malgré son discours violent, raciste et antisémite.

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Inédit en France, ce film co écrit et réalisé par Hubert Cornfield (La nuit du lendemain avec Marlon Brando et le rigolo/curieux Les Grands Moyens) garde une force et impact terrible 50 ans après. Non seulement par le sujet, mais également de par son refus d'emprunter une voie facile du pamphlet anti-raciste.

Poitier est calme, posé, aux bonnes questions malgré sa voix off interne qui confine à l'explosion de par la personnalité particulièrement rebutante du prisonnier. Non seulement de par ses prises de positions nazies, mais de par son intelligence et sa qualité de poser des questions gênantes pour le psychiatre. En effet, entre le traitement Psychanalytique proposé, s'engagent des conversations a bâtons rompus sur les relations entre blancs et noirs. Il y a un moment terrible ou le prisonnier exprime sa vision des noirs. Qu'ils souhaitent simplement s'embourgeoiser comme les blancs et que Poitier est une exception, mais qu'il n'y arrivera jamais: la preuve, malgré son diplôme, il ne peut avoir qu'une poste dans une prison de bas étage. Et qu'ils mettront "5 500 ans" avant d'y arriver. Ce qui est terrible dans le discours, c'est qu'il a quelque part raison et Poitier ne peut apporter aucune réponse de facto. Celle-ci arrivera cependant a la fin du film.

Le noir et blanc colle évidemment parfaitement au sujet. C'est assez théâtral dans son approche mais Cornfield opère des scènes surréalistes pour montrer la jeunesse du prisonnier. Contre plongées vertigineuses, tendresse maternelle curieuse qui met un peu mal a l'aise, violence paternelle au milieu de morceaux de viandes suspendus dans une boucherie imaginaire... On se croit presque en pleine 4e dimension/Au dela du reel. Pis encore avec la scène avec son ami imaginaire qu'il va jeter a terre et menacer d'un couteau, sa mère qu'il imagine tuer via un éléphant qui lui écrase la tête :shock: une succession de scènes absurdes mises en images de manière très originale!

Darin excelle dans son personnage de psychopathe dominateur (mais qui a peur du sang). Voir la scene assez terrible du bar ou il finit par humilier publiquement le patron et sa femme, tout en embrigadant ses potes. Scotchant.

On pourra reprocher un final quelque peu tonitruant, avec une envolée lyrique de Sydney Poitier, vibrant de révolte. Idéaliste et pas a la Place du ton du film, à mon sens. Certains dialogues paraitront datés, un peu ampoulés. Mais les thématiques développées, les arguments avancés par Sydney Poitier sont vraiment d'actualité. Le discours du responsable du parti nazi et les méthodes de recrutement, ce qu'il faut dire au peuple afin qu'il adhère aux idées d’extrême droite (le gouvernement corrompu, les elites qui s'en mettent plein les poches, les étrangers qu'il faut repousser, etc...) sont exactement Identiques à ce que le Front National avance. Ca fait froid dans le dos.

Un mélange hardi pour l’époque, avec des interprétations hors pair de Bobby Darin et S. Poitier, tres crédibles tous les deux dans des rôles délicats, ambigus. Le fait de trouver Stanley Kramer a la production n'est pas étrangère non plus au propos. Tout du moins le film échappe a l’écueil du film a thèse et laisse apparaitre une certaine amertume. Il ne faut pas perdre de vue que le film fut réalisé a n moment de l'histoire US où les droits civiques étaient très loin d’être acquis. Provocateur mais qui n'a pas oublié d'etre intelligent.
Belle découverte!

Vu sur le dvd MGM Z1
1.85:1 et 16/9e
1h29
Mono deux canaux
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
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