Au Portugal, un réalisateur allemand tourne un film de science-fiction en noir et blanc. Mais l'argent manque et le producteur californien ne donne plus signe de vie...
En 1982, nous sommes en plein coeur de la période de la filmo de Wim Wenders où celui-ci fasciné par le cinéma américain. Après le documentaire "Nick's Movie" (dédié aux derniers mois de vie de Nicolas Ray), "Hammet" (film noir produit par Coppola), il tourne donc "L'état des choses" qui montre un jeune réalisateur allemand (clairement alter ego de Wenders) tentant de tourner un film post apocalyptique, en fait un remake de "The Day The World Ended" de Roger Corman ! Corman lui-même apparaît dans un court rôle tandis que Samuel Fuller incarne le chef-opérateur du film.
Cette histoire de tournage qui tourne au désastre, truffée de références cinéphiles, s'inscrit nettement dans la tradition de films comme "Le mépris" de Godard, "La nuit américaine" de Truffaut ou "Méfiez vous de la sainte putain" de Fassbinder.
Wenders aborde le sujet sous l'angle de l'hommage à la cinéphilie américaine de série B : on cite Fuller, Ida Lupino, John Garfield, "La prisonnière du désert" est présent en fil rouge. C'est en fait un hommage aux membres d'une équipe de film qui sont prêts à tout les sacrifices pour juste le plaisir de raconter des histoires : le scénariste se ruine pour financer le métrage, le producteur doit recourir à des financements louches, le réalisateur doit maintenir la foi de son équipe dans son projet... Les décors de Los Angeles ou de cet immense hôtel délabré au Portugal sont évocateurs, la musique très krautrock de Jürgen Knieper est excellente tandis que la photo noir et blanc du maestro Henri Alekan est tout bonnement sublime ! "L'état des choses" souffre de quelques petites touches au symbolisme un peu prétentieux (la toute fin par exemple), mais c'est tout de même un très bon film de la grande période du cinéma d'auteurs allemands, à ranger avec les meilleurs Fassbinder et les meilleurs Herzog !
Vu sur filmotv monde, dans une bonne copie 1.85 16/9, en VO anglaise STF mixé en stéréo (en salles, le film était en mono).
Dispo en dvd en France chez bac films :
