
RP McMurphy, un délinquant, simule la folie pour se faire interner dans un asile et échapper à la ferme pénitentiaire. Il est placé dans un asile où sa forte personnalité se heurte à celle de la chef du service...
"Vol au-dessus d'un nid de coucou" est un énorme succès critique de l'Hollywood des années 70, qui lance la carrière américaine du tchécoslovaque Milos Forman, long métrage couronné des 5 Oscars majeurs (meilleur film, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleur réalisateur, meilleur scénario). Les aspirations libertaires de Forman, son goût de l'anticonformisme, sa manière de tourner en ridicule les figures de respectabilité et de stigmatiser les dangers de l'autorité, héritées d'une carrière ayant fleuri dans le Prague des années 60, trouve parfaitement sa place dans l'Amérique des années 70.
Au premier degré, "Vol au-dessus d'un nid de coucou" est une critique des méthodes de la psychiatrie : pas la psychiatrie version "cul de basse fosse" vu dans un "Shock Corridor", mais une psychiatrie plus pernicieuse, au visage a priori plus plaisant et moins agressif. Mais qui tend quand même à normaliser les fous. La guérison, c serait vivre toujours au même rythme, à l'écart du monde, sans faire de bruit, dans l'apathie, ne pas se confronter au monde et à la souffrance. Et puis en fin de compte, pour les rétifs, les outils finaux restent les mêmes : électrochoc, lobotomie, médicaments. Comme "Equus" avec la psychanalyse, "Vol au-dessus d'un nid de coucou" pose clairement la question du "comment" mais aussi du "pourquoi" de la psychiatrie.
"Vol au-dessus d'un nid de coucou", c'est aussi un film qui fonctionne à un niveau plus abstrait comme une fable sur la liberté, la liberté du corps et la liberté de l'esprit, avec comme héros McMurphy, marginal libertaire, qui apporte la chaos, mais aussi la joie de vivre dans cet asile, prison extérieure aussi bien qu'intérieure pour ses résidents.
Néanmoins, bien que le sujet soit a priori lourd, "Vol au-dessus d'un nid de coucou", garde la plupart du temps un ton léger, goguenard et rieur qui met d'emblée le public dans sa poche. C'est aussi un film à l'interprétation remarquable, un des grands rôles mémorables de Jack Nicholson, cabotin, mais sympathique et jamais crispant ou bizarre comme il a pu l'être ailleurs.
C'est aussi un assez incroyable catalogue de tronches appelés à être vues et revues dans les années suivantes : Michael Berryman, Danny DeVito, Scatman Crothers, Christopher Lloyd, Vincent Schiavelli, Brad Dourif, Will Sampson. Et bien sûr Louise Fletcher dans le rôle d'une des peaux de vache les plus détestées de l'histoire du cinéma, toute en sournoiserie et en manipulation !
Alors oui, la peinture de la psychiatrie semble un peu enfoncer des portes ouvertes en 2012 ; comme souvent chez Forman, la charge laisse parfois planer un petit goût de démagogie et de manque de subtilité. Mais cela reste un film qui a bien tenu la route avec les années, un bon film, toujours mémorable, un plaisir à revoir aujourd'hui encore...
Revu sur le bluray warner français. Une copie 1.78 HD de bonne tenue, en connaissant quand même les limites de ce métrage au méthode de tournage dans une tradition plutôt Nouvelle Vague que "Ben-Hur" ! Le grain est présent, rendu très finement, on ne repère aucune trace de bidouillage particulier, la compression est globalement très discrète. Quelques poussières par-ci par là, un grain et une résolution parfois légèrement pâteuse, mais globalement, c'est de la très bonne HD. Bande son anglaise remixée en Dolby Digital 5.1, mixage franchement sobre, jouant surtout pour la musique. Dommage qu'on n'ait pas de piste non compressée et/ou le mixage mono d'origine ! Avec VF et STF.
