Black Magic M-66 fait partie de ces OVAs (DTV d’animation nipponne) comme on en produisait des floppees pendant les annees 80s. Une idee, un nom, une (parfois mince) chance de faire de l’argent, et quelque producteur lancait la machine, confiant le projet a l’un des innombrables studios d’animation du pays.
A la base du projet, il y a le “Dojinshi” (magazine pour afficionados / “fanzine”), une sorte de publication publiee a compte d’auteur, ecrit, dessinee (et donc, egalement publiee) par Masamune Shirow en 1983, ensuite re-publiee—par un editeur, cette fois(!)—Seishinsha en 1985. Par la suite, Seishinsha finira par donner a Shirow sa chance et de passer "professionnel”.
Ainsi, l’ancien professeur d’art au college finira par accoucher d’Appleseed, Dominion, ou encore Kokaku Kidotai / Ghost in the Shell, tous adaptes soit pour la video, soit pour la television, soit pour le grand ecran.
Shirow de son cote, reste plus ou moins un enigme, et ce, tant pour le public japonais que “gaijin” (non-japonais), tant il prefere—et sait—rester discret. (Vivant loin de Tokyo, a Kobe, il n’aime pas etre photographie et travaille lentement (c-a-d, que sa production reste limitee

L’anime BMM66 est adapte de l’une des quatre partie du Dojinshi de Shirow; “Booby Trap”. Si le pitch depart est fortement reminiscent de Terminator (1984), le dojinshi date de 1983, et seul sa re-edition (1985) (et son adaptation (1987) sont posterieures au film de Jim Cameron.
Partant d’un postulat plutot mince, Hiroyuki Kitakubo ( Rojin Z (1991), Jojo no kimyona Boken / [ Jojo’s bizarre Adventures ] OVA (1993), Blood: The last Vampire (2000) ) joue le contre-la-montre et serre son intrigue en-dessous des 50 minutes pour livrer un OVA rapide, nerveux et tendu comme un arc. Sa realisation est dans les standard de l’epoque et du medium (les DTV, donc).
Si les backgrounds sont limite bacles, l’animation due au studio AIC (Kyuuketsuki Miyu / [ Vampire Princess Miyu ] OVA (1988), Aah! Megami-sama / [ Oh, my Goddess ] (2005) ), reste plus que satisfaisante, l’action est rapide, efficace et musclee, et les scenes “fortes” satisferont n’importe quel fans d’”actioners” estampilles annees ‘80s.
Au programme donc, personnage feminin “fort” (scene de douche incluse!

A la realisation, Kitakubo se montre donc parfaitement a l’aise dans cet “actioner” tendu et le spectateur ne s’ennuie pas une seule seconde des 48 minutes du metrage.
Pour l’anecdote, Shirow a co-realise le metrage, son sens du perfectionisme ayant fait prendre du retard a la production et lui faire depasser son budget…Il en restera a cette tentative—voire les producteurs decideront desormais de l’exclure des adaptations de ses propres oeuvres

Si l’anime se refere assez clairement au film de Cameron (l’anime est posterieur a Terminator (1984) ), il se situe déjà dans la lignee “revisioniste” du film d’action, celui ou les femmes sont plus fortes, le “Girls and Guns” de l’animation japonaise finissant par faire tache d’huile sur le monde des actioners americains.
L’un dans l’autre, un bon petit OVA, qui sans ambitions demesurees parvient a remplir son contrat, laissant un petit gout d’encore.
Black Magic M-66: 4.0 / 5