France, septembre 1939 : alors que le pays rentre en guerre contre l’Allemagne, Madame Eliane, pharmacienne de village, se laisse séduire puis progressivement dévoyée par son jeune employé Armand sous les yeux de son assistance Juliette. Une relation de soumission tacitement acceptée par son mari Henri, professeur d’art, qui détruit progressivement cette femme soucieuse de respectabilité tandis que le pays commence à vaciller devant l’ennemi. ...
Co-écrit par Ottavio Jemma, l’un des scénaristes de Malizia et fréquent collaborateur de Pasquale Festa Campanile, Scandalo se situe dans la carrière de Salvatore Samperi entre Peccato veniale, fausse suite de Malizia, et la comédie militaire Sturmtruppen. Bien que l’intégralité de l’action du film se déroule en France, et plus précisément dans la France de la drôle de guerre de 39-40, le film a été entièrement tourné dans les studios De Paolis à Rome.
Jusqu’alors plutôt réservé sur la porté et les ambitions artistique de l’œuvre provocatrice de Salvatore Samperi, je reconnais avoir été épaté par ce relativement obscur Scandalo, demeuré inédit chez nous pour des raisons que l’on a guère de mal à deviner, étant donné la férocité du regard porté sur la capitulation française de 1940. Car Scandalo est un peu plus qu’un énième mélodrame érotique célébrant la destruction de la cellule familiale bourgeoise. L’accumulation de situations salaces et / ou sulfureuses est ici avant tout prétexte à développer une impitoyable allégorie politique sur la débâcle de 40 et la progressive soumission de notre pays à l’ennemi. Remarquablement interprétée par la vénérable Lisa Gastoni, le personnage central abandonne ainsi toute dignité au contact de son séducteur - bourreau, allant jusqu’à lui livrer sa progéniture, tandis que son intellectuel de mari préfère se réfugier dans la négation du drame en cours, à l’image de cette France inerte face à la menace hitlérienne pesant sur elle, semblant même comme tentée par le diable.
Œuvre à la fois aguicheuse, dérangeante et radicale, Scandalo flirte non seulement avec le sans faute du côté de l’écriture mais jouit en prime d’un emballage esthétique extrêmement attractif. La photo « molletonnée » et les éclairages baroques de Vittorio Storaro relèvent du travail de grand orfèvre, de même que les riches et légèrement factices / anachroniques décors d’Ezio Altieri (Le Bal) suggèrent finement l’intemporalité de la réflexion proposée en filigrane.
Récit d’une certaine forme de capitulation, description d'une inéluctable descente dans la folie et le désordre, Scandalo fascine insidieusement. Le film me semble en tout cas s’inscrire parmi les travaux de Salvatore Samperi à voir en priorité.
