Dans un établissement de retraite pour vieux comédiens émergent trois fortes personnalités : Saint-Clair (Louis Jouvet), vieux beau couvert autrefois de succès et de femmes, Marny (Victor Francen) talentueux acteur que le public n'a jamais reconnu et Cabrissade (Michel Simon), boute-en-train n'ayant joué que les doublures dans sa carrière.
Jolie découverte que ce Duvivier un peu oublié et honteusement inédit en DVD. Il en ressort un portrait très attachant, oscillant sans cesse entre grandiose et pathétique de ce curieux profession qu'est le métier de comédien. A travers une riche galerie de persos, on sonde les particularités de cet "art" comme dirait Brecht, ses richesses, ses gloires, mais aussi ses désillusions, ses moments de doute, d'oubli, loin des strass, paillettes et grandes premières parisiennes. On fait ici l'éloge des sans grades, des doublures, des comédiens rompus aux tournées de province, aux pièces secondaires, à ceux qu'on ne reconnait que de loin en loin, voire pas du tout, des oubliés, des laissés pour compte, condamnés à vieillir ensemble, et même ça, cela semble trop aux yeux de certains. Mais après tout peu importe, ils ont tous fait cela par passion, et même si certains se rêvaient une autre carrière, ils ont finalement tous en commun d'avoir aimé ce métier d'un même amour, d'une même passion, et avec la même fidélité. Le tout est admirablement croqué par Duvivier, porté par un trio admirable, où chacun se taille une part du gâteau, mais sans priver les autres de moments clés. Le film est une belle déclaration d'amour à une profession, touchant, juste, parfois drôle, parfois terrible, mais toujours sincère. Un très beau film.
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
Dans "La fin du jour", Duvivier rend hommage au métier de comédien, et plus particulièrement au métier de comédiens de théâtre (le cinéma est même décrit comme "la fin de l'art" dans une réplique au tout début de métrage).
Dans cette maison de retraite pour gens du spectacle, l'action se focalise particulièrement sur trois personnages, chacun incarné par un Monstre Sacré.
Marny (Victor Francen) est un acteur exigent au talent réputé, totalement dédié à son art, mais qui n'a jamais pu atteindre le grand public et en conçoit dans sa vieillesse une forte amertume. Cabrissade (Michel Simon) est un vieux galopin, toujours prêt à faire les 400 coups, mais dont le talent n'a jamais pu s'exprimer sur scène. Saint-Clair (Louis Jouvet) est un vieux séducteur qui, malgré ses succès, s'est ruiné auprès des femmes et des casinos.
Tous les 3 sans famille et sans le sou, chacun voit approcher leur dernière heure et se confronte à la jeunesse. Cabrissade devient la mascotte d'un camps de scouts voisins. Marny rencontre un jeune admirateur (François Périer tout gamin) dont l'admiration le console. Saint-Clair séduit une jeune femme du village proche. Regrets, caprices, maladie, démence...
Nos trois acteurs en fin de route se confrontent à la fin de leur vie dans un métrage jouant fréquemment du changement de ton : rire, tristesse, drame, les sentiments se bousculent dans ce lieu clos. Tout n'est pas égal, j'ai eu du mal avec certains passages concernant Saint-Clair par exemple, il y a des aspects larmoyants. Mais "La fin du jour" est un bon film de Duvivier, superbement joué, photographié, avec des dialogues souvent brillants de Charles Spaak.
Vu sur OCS replay, copie HD 1.33 noir et blanc, VF mono PCM 2.0.
Découvert sur le très beau Blu ray de chez Pathé!, restauré en 4K, dans combo avec un dvd.
Ca fiche quand même un sacré coup au moral. C'est incontestablement un des tous meilleurs films de Duvivier, dont je restais sur des visions de films récents assez médiocres. Ici, tout est en haut volée. Un film crépusculaire, oscillant entre l'hommage 'aux petits", oubliés des yeux et oreilles du public, beaucoup de mélancolie, quelques francs instants de comédie qui tournent très rapidement à quelque chose d'assez noir (la scène de l'article de journal lu par Michel Simon, absolument terrible à vivre).
Tous les comédiens sont absolument sublimes, j'ai une tendresse toute particulière pour Gabrielle Dorziat, second couteau ici également, dans le rôle de l'amoureuse oubliée par Jouvet/St Clair. Et évidemment la grande Sylvie (héroïne de La Vieille femme indigne en 1964, un film extraordinaire!), venimeuse à point de on retour.
Règlements de comptes, des mots très durs les uns envers les autres mais aussi de ilots de tendresse, comme le mariage tardif, la scène du vin amené par les scouts... mais le grand métier de Duvivier, c'est de mettre les comédiens en face de leur propres peurs, leurs propres présent et futur. Simon, pour cela, sort indéniablement du lot.
On ressort du film avec le coeur gros, un peu serré mais avec une beauté intacte. Visuellement, les éclairages sont splendides, décors, naturels ou intérieurs, jouant sur la théâtralité du lieu et du jeu de la représentation (des anciens acteurs qui jouent des vieux acteurs qui eux-même jouent un rôle sur une scène improvisée)... très intelligent. Et comme le pointe Manolito, Charles Spaak produit des dialogues d'une finesse, pointus, vibrants, vipérins... du grand art.
Pour le bonus, tourné par un certain Jérome W., je suis plus circonspect. autant voir Spaak et Simon (un vrai délice de le voir et l'entendre, y compris sur sa pique sur Raimu!) parler du film, c'est génial et enrichissant. Niogret (qui a été mon prof à la Fac!) est un puits de savoir, je suis resté sur ma fin quant à l'intervenant principal dont j'ai oublié le nom. C'est pas très passionnant, très encyclopédique.... bof bof.
Puis la bande annonce.
Par contre, la Blu ray est de toute beauté, avec un noir et blanc resplendissant. Un grand film!
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