Grand classique du réalisme poétique, 3e collaboration Carné / Prévert, décors de Trauner, répliques cultissimes (dont le fameux "T'as de beaux yeux tu sais"), et casting en béton armé, on peut dire que ce "Quai des brumes" a pas mal d'arguments à offrir pour justifier son statut de classique du cinéma français. Et il affiche encore, 75 ans après sa sortie, une belle tenue.
Tout n'est pas parfait, certains évènements paraissent un peu tirés par les cheveux, quelques interprétations sont parfois un peu à côté de la plaque (j'ai trouvé Pierre Brasseur, pourtant immense comédien, particulièrement mauvais), et le tout se voit venir à des kilomètres, mais qu'importe, car ces défauts semblent bien minimes au vu des immenses qualités qui compensent largement dans la balance. La noirceur du ton, la beauté de certaines séquences, le trio Morgan / Gabin / Simon génial, les seconds rôles savoureux, les dialogues aux petits oignons, et l'émotion, palpable, incroyable, qui se dégagent de certaines séquences, font que le film reste un petit bijou qu'on prend toujours autant de plaisir à revoir.
Il vient de sortir en Bluray chez Studio Canal, et repasse actuellement dans une copie restaurée 2K au Reflet Médicis. Un bon moyen de voir ou revoir ce gd classique du cinéma français.
Gros faible perso pour deux séquences, la tirade de Michel Simon, avec le génial passage où il explique que " “La vie est tout de même une chose bien curieuse pour qui sait observer entre minuit et trois heures du matin.” et la rencontre Gabin / Morgan, mythique, portée par le charisme fou des deux interprètes et le texte de Gabin, drague absolument géniale sublimée par les mots de Prévert.

