Dans un monde ou la guerre froide ne s’est jamais terminee, les missions d’espionnage d’une femme-cyborg…
Si la serie nocturne ( “Shinya Anime” ) diffusee sur TBS est plutot recente et date de 2006, elle n’est pourtant pas une version “modernisee”, car “feminisee” du manga ( culte et ) classique de Shotarou Ishinomori; Cyborg 009.
Le manga 009-1 et ne de la plume-meme d’Ishinomori et date en effet de 1967. De l’aveu de l’auteur-meme, il s’agissait de creer un manga plus “adulte” que celui ( destine aux jeunes adultes ) qu’etait Cyborg 009 et datant de 1964.
Le titre en lui-meme represente une allusion et un clin d’oeil. Clin d’oeil d’abord au personnage cree par Ian Flemming et a son double-zero qui lui octroye le “droit de tuer” et qui trouve ici toute sa signification ( dans C009, le hero du recit est le 9eme cyborg cree, d’ou le matricule ).
Le matricule de l’heroine de la presnte serie est egalement une allusion tres japonaise, car la partie “9-1” du code peut egalement se lire comme “ku-no-ichi”, ce qui phonetiquement designe une femme-ninja ( “Kunoichi” ), allusion aux capacites hors-hormes du personnage central de la serie et a son status d’espionne ou de de “combattante de l’ombre”, cqfd.
L’univers de 009-1 est aussi quelque peu different de celui de C009. Deja le monde dans lequel se deroule l’action de 009-1 est celui de la guerre froide ( qui perdurait encore a l’epoque des deux mangas d’ailleurs ). La difference avec la realite, etant que dans 009-1, la guerre froid perdure depuis 140 ans!

Les cyborg feminins de 009-1 ne se soulevent pas non plus contre l’organisation qui les emploit ( et les a creees initialement ). Elles ont d’ailleurs accepte leur cybernetisation, alors que les personnages de C009 se la sont vu imposee.
Ajoutons aussi que 009-1 et ses "collegues" ne recherchent pas la sauvegarde du monde que plutot celle du “monde libre” ou ici; “bloc de l’Ouest”, par rapport au “bloc de l’Est”.
L’atmosphere est ici celle des films d’espionnage de l’epoque, le tout matine de visuel tres “pop”, car fesant tour-a-tour penser tant a Diabolik (1968), Goldfinger (1964), Space Adventure Cobra TV (1982), Lupin III (1971) qu’a CQ (2001) et a toute une imagerie populaire et nostalgique.
A noter que le manga fut adapte TRES librement en 1969 pour la chaine Fuji TV a travers la serie “Flower Action 009-1”. ( Le generique de debut ici pour les plus courageux: http://www.youtube.com/watch?v=HC4zz6YEHgI


Le chara(cter)-design de la serie, tout comme l’adaptation version 2001 de Cyborg 009 respecte au maximum le trait de l’auteur, jusque dans ses simplifications(!).
L’heroine principale, seule ( avec “00”—son chef—a figurer dans tous les episodes ) est quant a elle, tres reminiscente de Fujiko Mine ( Lupin III ), dans ce qu’elle a de plus sexy…et lethale! A noter que le generique tend plus a la presenter comme une avatar de Cutey Honey(!), ce qui est par contre faux.
Si la serie joue a fond la carte du “sexy” et que l’heroine possede des attributs des plus avantageux, pour pinailler, les proportions de celle-ci ( surtout le fessier! ) semblent avoir tendance a varier selon les plans…

Etonnament, la serie parvient a eviter tout sexisme et “exploitation” de son personnage principal, meme si pourtant l’utilisation qu’elle fait de son corps ( les missions qu’elle mene “a son corps defendant”

Plus qu’une serie de plus qui cibleraient les ados et leurs hormones, l’on vise plus un public de ( jeunes ) adultes qui sauraient apprecier une bonne “bisserie” de qualite, tout comme d’autres savoureraient un bon vin.
La contenu des histoires est on ne peut plus sombre, entre defections de scientifiques, vengeances et autres “eliminations ciblees”, rappelant les classiques du cinoche d’epoque, que ce soit des films d’espionnage ou de science-fiction.
La realisation de Naoyuki Konno ( sa premiere realisation en fait ) prend visiblement plaisir a faire revivre cette epoque et son divertissement populaire, utilisant une palette de couleurs “chaudes” pour mettre en image(s) l’univers moralement tellement gris de la guerre froide, que le cinema avait plutot tendance a concevoir en noir en blanc…
La serie brouille encore un peu les pistes en n’utilisant qu’avec parcimonie les “capacites” ( sur-humaines ) de son heroine qui au final…n’en devient que plus “humaine”, ce qui la distinguera le plus au final des autres humains, est sont “metier” et ses aptitudes…au meurtre…
Ses missions l’entraineront d’ailleurs souvent au-dela de la morale ou de l’ethique, la mettant de par son acceptation des regles qui regissent son univers d’espionne jusqu’au bord d’un sombre precipice, une sorte de vide dans lequel elle tombera un jour, un vide ou l’on la fera tomber, voire un vide dans lequel elle vit déjà!
Au jeu de des espions blancs, noirs ou gris, 009-1 parvient a plus que tirer son epingle du jeu et de proposer un “revival / hommages” des plus sinceres aux annees pop and spy. A ces jours chauds de guerre froide ou les jours de pluie l’on sortait munis de “parapluies bulgares”, que les parties d’echecs se jouaient avec des pions humains et que sans aucun allie—aucun—l’on ne pouvait que compter sur soi-meme.
Peut-etre que les temps ont change, mais pas la profession. Malgre un final peut-etre un peu trop science-fictionnel, la serie reste chaudement recommande aux bisseux classiques ou nostalgiques des univers crepusculaires…ces univers situes quelque part entre chien et loup...
009-1: 4.25 / 5