
Je n'avais aucun souvenir du film, hormis la fin. Et je comprends pourquoi après cette nouvelle vision sur le BD anglais de la Box Hitchcock. C'est mou et on sent passer les 128 minutes. Je n'ai jamais été un grand fan des films d'espionnage qu'Hitch a pu faire (je préfère ses thrillers) mais ici, on sent que quelque chose a changé, et pas pour le meilleur.
Les acteurs : Newman n'a pas du tout la stature d'un Grant ou d'un Stewart et son jeu très renfermé, n'aide pas le film à décoller. Julie Andrews parait aussi singulièrement déplacée (et dotée d'une coiffure/garde robe affreuses, ça n'aide en rien). C'est elle qui s'en sort le mieux malgré tout, voir la scène de l'interrogatoire avec Lindt : naturelle, avec une colère retenue, très classe.
l'histoire : complexe, avec des ramifications nombreuses, mais structurée. Le truc, c'est que ça n'est pas très intéressant
le look : la photo est terne. certes, les décors et les couelurs choisies correspondent à cette volonté de rendre la RDA grise, en ruine, moche. les seuls éléments qui tranchent sont les touches de rouge (la lampe dans le couloir de l'hotel, le peignoir de J. Andrwes, son foulard) ou de vert (le hall du musée au début, magnifique plan). Mais comparés aux oeuvres précédentes de >Hitch, ça manque singulièrement de relief , de vie, tout simplement. Et certains décors font cheap, très série B (le décor suédois final, le théatre). Un assemblage assez bancal;
le montage : curieux ui aussi, qui tranche sur ce 'Hitch a aussi fait avant. Voir la scène de danse de la ballerine avec les plans alternés sur ses yeux rivés sur ceux d'Arlstrong. Ou les scènes avec Gromek menaçant Armstrong en lui montrant le signe "Pi" dessiné à terre.
la musique : euh... je ne sais pas si remplacer Herrmann par John Addison fut une bonne chose. J en'ai pas écouté les morceaux composés par Herrmann -ils sont en suppléments sur le BD-, mais certains morceaux d'Addison sont désuets. la scène du baiser sur la petite colline entre Andrews et newman fait penser à une comp des années 50, totalement vieillotte. le thème principal est déroutant (on s'attend à du herrmann et on a quelque chose qui s'en rapproche, mais nettement moins inspiré). ca n'est pas horrible, mais il y a quelque chose qui cloche.
Certaines scènes sont typiquement Hitchcockienne, avec du suspens très réussi : l'attaque de Gromek dans le ferme, avec un splendide coup de couteau et un ballet meurtrier de près de 3 minutes sans musique, ni dialogue. du grand art. La scène du bus, vers la fin (si l'on passe des rétro-projections hideuses) et celle du bureau de poste avec Lila Kedrova (excellente, elle!). un sens de l'attente nerveuse qui fait mouche. Il a toujours un sens indéniable du placement de la caméra, des petites touches humoristiques qui ne débordent jamais trop du cadre - voir la scène de début sur le bateau, avec les invités frigorifiés en train de déjeuner. le tout sans musique, sans dialogue ou presque. excellent.
Le sentiment général est quand même à la déception. Le script génère beaucoup de blabla qui apparait inutile, les enjeux dépassés une fois énoncés et le pseudo-suspens du passage à l'Est éventé. Ca reste pro mais il y a un aspect terriblement conventionnel qui se dégage de tout cela. Une vraie déception.
le BD ne m'a pas fait plaisir non plus. le grain original est bien présent, ça fourmille partout sur l'écran. mais ça manque de relief, à aussi. les gros plans sur les visages ne révèlent pas un détail qui saute aux yeux. Il n'y a qu'à voir les plans sur les chevelures, qui n'ont pas l'aspect précis de l'Homme qui en savait trop ou les Oiseaux, par exemple. c'est même terne : les tous premiers plans du bateau sillonnant le fjord est même moche. Pourtant, par la suite ça s'arrange et on note une belle clarté dans les scènes en intérieur.
la piste DTS HD MA stéréo est de belle facture. limpide dans les scènes de dialogue, avec des effets sonores qui se détachent bien. par contre, vers le final, une emphase sur les basses faisait trembler mes enceintes


bonus : 32 mn sur "torn curtain rising", sur l'élaboration du film; pas encore vu
les morceaux de B. Herrmann abandonnés (pourquoi au fait, je sais pas?)
le trailer