R.I.P : Alain Resnais

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Superwonderscope
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R.I.P : Alain Resnais

Message par Superwonderscope »

Hier, à l'âge de 91 ans... so long.

http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=8658
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
moonfleet
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Re: R.I.P : Alain Resnais

Message par moonfleet »

Image Alain Resnais

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Manolito
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Re: R.I.P : Alain Resnais

Message par Manolito »

L'occasion de faire un top à Alain Resnais, monument du cinéma français qui, parmi les réalisateurs homologués Nouvelle Vague était celui qui accordait le plus de soin à la forme, qui a toujours mis en valeur la technique de l'image et du son pour exprimer son inspiration. Tous ses films avaient des touches d'insolite et de fantastique, même sur des sujets classiques. C'est aussi un grand défenseur de la culture populaire et de sa valorisation, et ce très tôt, grand collectionneur de Comics américains dès les années 50, proche de l'équipe Midi-Minuit et Giff-Wiff. Un pionnier et pourtant un personnage sans prétention.

Pour les courts, je ne cite que les principaux que j'ai vus.

Les statues meurent aussi (1953) court-métrage co-réalisé avec Chris Marker, un usage poétique de la photo pour un plaidoyer en faveur de la défense de l'Art Africain, manifeste pour un regard sur l'Art anti-colonialiste et anti-raciste. Un court-métrage intéressant, aux idées assez pionnières (même si elles n'étaient pas si neuves) 6/10

Nuit et brouillard (1955) documentaire fondamental et pionnier sur la mémoire de la Shoah. La forme austère, l'emploi de la musique, de la narration (commentaire de Jorge Semprun, survivant de Dachau), une expérience toujours glaçante et impressionnante. 7/10

Toute la mémoire du monde (1956) documentaire poétique et envoutant dédié à la Bibliothèque Nationale, quand elle était rue Richelieu. Envoûtant ! 8/10

Hiroshima, mon amour (1959) premier vrai long métrage, racontant l'histoire d'amour d'une actrice française et d'un architecte japonais survivant de la bombe d'Hiroshima. Chef-d'oeuvre ! 9/10

L'année dernière à Marienbad (1961) le film préféré de Greenaway ! Un film-genre à lui tout seul, une expérience formelle stupéfiante, trois acteurs impeccables, un classique du cinéma surréaliste et insolite. 8/10

Muriel ou Le temps d'un retour (1963) film à peine sorti, très mal accueilli, son sujet brûlant n'aidant pas (la torture et la guerre d'Algérie), et pourtant encore un chef-d'oeuvre pour Resnais, encore un rôle stupéfiant pour Delphine Seyrig, qui joue la mère d'un appelé revenant métamorphosé de la guerre. 9/10

La guerre est finie (1966) dix ans après "Nuit et brouillard", Resnais retrouve Semprun pour un métrage sur le franquisme, avec un casting de vedettes internationales : Montand, Ingrid Thulin, Geneviève Bujold. Bien. 7/10

Je t'aime, je t'aime (1968) en pleines années midi-minuiste, Resnais collabore avec Sternberg, écrivain proche d'Eric Losfeld, pour ce film de science-fiction creusant l'exploration de la mémoire et le voyage temporel. Bon, je n'ai pas trop accroché... A revoir 5/10

Stavisky... (1974) après quelques années de calme, Resnais revient avec cet ambitieux Stavisky, biographie du fameux hommes d'affaires, produit et interprété par un Bébel courageux. Un très bon film, à l'ambiance rétro et insolite, qui fut pourtant un gros échec. 8/10

Providence (1977) un impressionnant casting anglophone (Dirk Bogarde, Ellen Burstyn, John Gielgud, David Warner) pour un nouveau chef d'oeuvre narrant les relations compliquées d'un écrivain et de ses proches dans un univers empiétant souvent dans le fantastique. Chef d'oeuvre ! 9/10

Mon oncle d'Amérique (1980) passionnant film basé sur les théories du comportement de Henri Laborit, porté par un triangle amoureux - Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre. Passionnant, réussi ! 8/10

La vie est un roman (1983) deux histoires parallèles, l'une d'entre elles mettant en scène un homme riche tentant de créer une société utopique dans un château mystérieux. Semi réussite, ou semi-échec, comme on veut, l'histoire de la société utopique étant plus intéressante que celle des savants contemporains. Avec des mate paintings de Bilal. 6/10

On rentre après dans la seconde partie de la carrière de Resnais, dont je suis moins fan. Moins militante, moins ambitieuse formellement, avec une troupe d'acteurs assez fixe (en particulier Arditi, Dussolier, Azéma). Mais tout de même intéressante à suivre !

L'amour à mort (1985) mélo tragique et fantastique, mais aussi assez fauché et minimaliste dans mon souvenir. Bof. A revoir. 5/10

Mélo (1986) avec Mélo, Resnais déploie son amour du théâtre de boulevard, qui va maintenant devenir très présent dans son cinéma. Et cette adaptation d'une pièce de ce répertoire est une réussite. 7/10

I want to go home (1989) son hommage aux comic strips américains, film chaleureux et nostalgiques, souvent considéré comme raté, mais moi je l'aime bien 7/10 !

Smoking/No smoking (1993) diptyque assez passionnant où l'on suit un récit en diverses arborescences selon les décisions prises par les personnages. Ambitieux et réussi ! 7/10

On connaît la chanson (1997) nouvelle collaboration avec Bacri/Jaoui qui, sur un concept un peu bof - l'intervention de chansons populaires dans les dialogues - signent une réussite et le plus grand succès public d'Alain Resnais. 7/10

Pas sur la bouche (2003) six ans d'attente pour l'adaptation d'une opérette, au résultat un peu passable. 6/10

Coeurs (2006) histoires d'amour tournant autour d'un appartement en train de changer de main. M'a laissé assez froid, même si la forme est toujours soignée. 5/10

Les herbes folles (2009) film bizarroïde, attaqué à sa sortie, peu apprécié par le public. Certainement pas un film à conseiller pour découvrir Resnais, sans doute son "grand film malade" mais tout de même très intéressant pour le public acquis au réalisateur. 7/10

Vous n'avez encore rien vu (2012) ambiance étrange, l'action se déroulant dans un espèce de château à la Dracula, la direction artistique rappelant la Hammer de Terry Fisher. Un auteur mort convoque ses amis dans un château isolé de tout pour leur passer une vidéo d'une pièce joué par une jeune troupe. Imparfait, mais intéressant. 7/10

Aimer, boire et chanter (2014) l'ultime film, qui louche pas mal vers Smoking/No smoking. Mais bon, le résultat n'est pas trop là. Une conclusion anecdotique, mais néanmoins sympathique. 6/10

Resnais, c'est aussi de nombreux projets non aboutis mais qui laissent rêveur : Flash Gordon, Conan, mais aussi une adaptation des aventures de Harry Dickson d'après Jean Ray ou un métrage américain sur un scénario de Stan Lee...

Bref, une belle carrière à mon sens, où même le mineur est soigné, pour ce grand réalisateur - breton, ce qui ne gâche rien ! :)
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