
Durant la seconde guerre mondiale, dans le Pacifique, Roberts, un officier, travaille sur un bateau de ravitaillement loin des batailles et se morfond de ne pas participer à l'action. Il est apprécié de ses hommes qu'il traite bien alors que le capitaine du bateau est un personnage détestable qui ne se soucie pas des conditions harassantes qu'il impose inutilement à ses soldats : il ne pense en fait qu'à se faire bien voir de sa hiérarchie pour une éventuelle promotion...
"Permission jusqu'à l'aube" fait partie de ses films de guerre se situant à la marge de l'action habituellement montrée. Il adopte en ce sens un ton humoristique annonçant très fortement "Mash", "Cash 22" et autres "Opération jupons"... Mais au-delà de l'humour (avec notamment la présence de Jack Lemmon en sous-officier très tire-au-flanc, prestation qui lui vaudra un Oscar), nous avons aussi un conflit entre un officier idéaliste, aimé de ses hommes, et son supérieur inhumain et médiocre - on pense aux "révoltés du Bounty" ou "Ouragan sur le Caine", en moins dramatique quand même. Le conflit entre Henry Fonda suave et discret d'une part et James Cagney en boule de nerfs pétri d'agressivité fait alors des étincelles ! Partant d'un ton assez léger, "Permission jusqu'à l'aube" touche alors des points sensibles sur ce que signifie conduire des hommes et tourne au tragique.
Pour l'histoire, John Ford a quitté le tournage à cause d'un rapport conflictuel avec Henry Fonda (le réalisateur lui a collé son poing dans la figure !) et a été remplacé par Melvyn Douglas. Le film transpire quand même John Ford par tous les pores, avec sa mise en scène impeccable, sa direction d'acteurs au tempo parfait, son humanité généreuse, ses moments de force (le retour des marins après la permission !). Ce n'est pas le plus parfait des John Ford, mais c'est tout de même un grand film relativement méconnu.
Existe en dvd en France chez Warner. CinémaScope technicolor !