Des militaires se rendent dans la petite ville d'Ingolstadt pour y construire un pont. Ils y font connaissance avec de jeunes femmes de milieu modeste...
Au début des années 70, Fassbinder fait feu de tous bois : théâtre, cinéma, télévision... 5 longs métrages rien qu'en 1971 par exemple, dont "Pionniers à Ingolstadt" tourné pour la télé avec son habituelle troupe de l'Antiteater. Il s'agit d'adapter une pièce de Marieluise Fleisser, dramaturge proche de Brecht. Si la pièce date des années 20, Fassbinder la transpose dans les années 70 (vêtements, musique, autos...) mais indique aussi que l'action se déroule en Allemagne nazie. Le paradoxe est encore poussé avec un des pionniers nazis joué par Günther Kaufmann, métis afroaméricain-allemand !
Nous sommes à une période frontière dans la filmographie de Fassbinder, entre ses premiers métrages radicaux, très influencés par Godard, et le tournant Sirkien du "Marchand des quatre saisons", lui aussi de 1971. "Pionniers à Ingolstadt" se situe clairement à la limite de ces deux tendances.
Bien que la pièce "Pionniers à Ingolstadt" ne soit pas de Fassbinder, il s'approprie complètement le matériel et on est devant du pur Fassbinder, avec ses acteurs habituels (Hanna Schygulla, Harry Baer, Klaus Löwitsch, Günther Kaufmann, Irm Hermann...), ses thèmes (l'amour masochiste, la médiocrité matérialiste de la société allemande d'après guerre, le sentiment troqué contre la sécurité matériel, la trahison...), son ton... Un petit Fassbinder assez discret dans sa filmographie comparé à d'autres monuments de sa filmographie, et pourtant du très bon Fassbinder que les amateurs du metteur en scène bavarois (j'écris en sachant qu'il n'y en a pas par ici, mais bon...
) sauront apprécier...
Vu sur le dvd du coffret fassbinder sorti en 2006 chez Opening (qui contient aussi "Lili Marleen" (sa grosse fresque internationale) et son western trash "Whity"). Très bonne copie 1.33 4/3, VOSTF mono de bonne tenue. Pour un téléfilm allemand des années 70, c'est clairement du bon travail, surtout que ce film est assez rare en France...