Cloak and Dagger / Cape et poignard - 1946 - Fritz Lang

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Manolito
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Cloak and Dagger / Cape et poignard - 1946 - Fritz Lang

Message par Manolito »

Titre US : Cloak and Dagger

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Jasper, un savant atomiste américain, est engagé par les services secrets anglais pour retrouver une scientifique qui travaillait auprès des nazis sur la mise au point d'une bombe atomique. Elle a échappé à leur surveillance et se cache en Suisse...

Avant son exil américain, consécutif à l'arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne, la filmographie de Fritz Lang est déjà riche en complots et en espions (Les espions, Docteur mabuse, La femme sur la Lune...). Lorsqu'il arrive aux USA, l'ambiance de guerre et ses positions antinazies le conduisent à tourner des thrillers et des films d'espionnage du même genre : "Chasse à l'homme", "Espions sur la Tamise", et ce "Cape et poignard" pour la Warner avec en vedette Gary Cooper.

Ces films ne sont toutefois pas ce que Fritz Lang a fait de mieux à cette époque. Les drames (Furie, La rue rouge) ou les films noirs (La femme à la fenêtre, Le secret derrière la porte) lui réussissent bien mieux. "Cape et poignard" est donc un film passable, pétri de bonnes intentions, parcouru d'éclairs de génie (la bagarre au corps à corps en Italie) et aussi de longueurs pénibles. Une romance entre Jasper et une résistante italienne donne lieu à de longues scènes maladroites et laborieuses. Peut-être Lang cherche-t-il à exprimer une compassion sincère pour les populations occupées ? Peut-être a-t-il découvert "Rome ville ouverte" peu avant ? Toujours est-il que "Cape et poignard" est un titre imparfait, une curiosité inégale dans la filmographie de Fritz Lang...

Vu à la filmothèque où il est ressorti cette semaine (avec "Chasse en l'homme" en copie 35mm). "Cape et poignard" est présenté dans une copie numérique 1.37 brute de décoffrage : un scan manifestement dénué de toute correction, avec de nombreux points et rayures, des fins de bobines douloureuses. Le bon point est que le résultat s'avère absolument naturelle, avec tous les traits classiques d'une copie 35mm, seuls des blancs moins naturels trahissant réellement le côté digitale de la copie.

Dispo en bluray US anglophone chez Olive :

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Dispo en dvd français chez Films sans frontières :

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Superwonderscope
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Re: Cape et poignard - 1946 - Fritz Lang

Message par Superwonderscope »

Revu 40 ans après sur le tres beau Blu ray de chez Kino Lober, dans la Box Film Noir XXI.

le rendu est spectaculairement beau, précis, contrasté. cela révèle quelques défauts techniques, notamment sur les retroprojections et les miniatures, mais cela reste d'excellente tenue.

Je n'avais rigoureusement aucun souvenir du film, donc redécouverte totale.
Je n'ai pas trouve Gary Cooper tres a l'aise dans son rôle,de scientifique, car c'est lilli Palñer qui l'emporte haut la main. Son role de resistance italierne qui tient la mitraillette, tire dans le tas, oscille entre passionaria et moments de faiblesse - est plutôt novateur dans ce type de récit ou la femme était tenue pour portion congrue ou role de faire-valoir.

On sent des elements disjoints et des curiosités dan la resolution du film. Double sens, trahisons, femme fatale - une pointe de Mata Hari surgit... - mais aussi es seconds roles touffus, avec de la chair et une raison d'être dans l'écriture. cela parait parfois desequilibré - avec aussi un héros quelque peu translucide et au final, quelconque dans ses aspirations.
Ce qui demeure le plus interessant dans ce film imparfait - pour un Fritz Lang, on est un cran en dessous de ses films plus langiens dans son approche de l'homme aux prises avec les elements, c'est ce qu'il n'est pas (plus).

A la vision du film, la tres droitière Warner n'aima pas le discours anti-bombe tenu par Cooper. car qui fut coupé a sa sortie, puis réinstallé après. Mais aussi la fin qui fut coupée et changée. Lang indiqua en effet que la dernière bobine, aujourd'hui disparue,
Spoiler : :
montrait la mort du scientifique POlda dans l'avion, et le fait que le couple Cooper-Palmer partait a la recherche des nazis fuyards " en Amérique du Sud probablement"


ce qui change considérablement la donne par rapport a la fin proposée alors.

Le ton anti-guerrier et pro scientifique n'était pas de mise en ces lendemains de victoire guerrière des allies. Ironique, aussi, le discours de Cooper sur le faite que l'argent injecte dans la recherche atomique eut pu servir a trouver une cure pour le cancer "en moins d'un an". Le ton general du discours surprend car en le replaçant dans le contexte actuel de la defiance envers la science et le pro-guerre du gouvernement Trump II, c'est d'autant plus glaçant qu'a presque 100 ans de distance, les USA n'ont rien appris. (sans parler du fait que Cooper mourut du Cancer quelques annes après...). Aussi, le scénario fut écrit pat deux des membres des Hollywood 10 qui furent bannis en 1947. (par ailleurs, le `prénom qui héros était celui de l'un des autres membres, Alvah bessie)

106mn assez rondement menées, toutefois, si on passe quelques lignes de dialogues superflues dans les scenes d'exposition. Des sens pechues, comme l'agression du fasciste italien par Cooper et Palmer, donne une belle tension au film. Meme un Lang moyen reste quand meme cent fois plus interessant que le reste. Ce récit d'espionnage, assez prototype de James Bond au final, demeure tres fréquentable.
A noter aussi qu'Hitchcock s'inspira du film pour faire son Rideau Déchiré.

Trois films annonces sans rapport avec le film complètent un commentaire audio passionnant.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
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